Chronique politique du vendredi matin

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Chaque jour, un cran est franchit dans le cycle infernal de la violence au Moyen Orient. Ce n’est plus l’Autorité palestinien et le Hamas d’un côté et Israël de l’autre qui s’affrontent, force est de constater qu’aujourd’hui, c’est deux peuples qui étalent leur haine au grand jour. Les ultras et les jusqu’auboutismes des deux bords manipulent une opinion qui ne sait plus à quel saint se vouer. Une frange d’ultras est passée à l’action en Israël. Des irresponsables prêts à tout contre les palestiniens se lancent dans un véritable terrorisme qui se drape dans l’horreur de la vengeance. Ils lancent un véritable défi à l’Etat de droit. Netanyahou, prisonnier de ses extrêmes, se lance dans une surenchère meurtrière qui ne peut résoudre aucun problème, sauf à aller au génocide à Gaza. Le naufrage des négociations israélo-palestiniennes a ôté aux deux peuples tout espoir de Paix, en les rejetant dans un développement de la haine. Ceci ne présage rien de bon, spécialement pour l’Etat d’Israël lui-même.

 Que dit à ce sujet Elie Barnavi, historien et diplomate israélien : « Ainsi, le résultat de notre

interminable processus de paix ne dépend pas tant de la négociation entre Israéliens et Palestiniens, mais entre Israéliens eux-mêmes et Palestiniens eux-mêmes, entre deux sociétés qui se regardent en chiens de faïence. » Aujourd’hui, ces chiens ont la rage.

 La tentation d’exporter le conflit israélo-palestinien vers d’autres cieux est grande. Mais on doit garder en mémoire ce qu’inlassablement Yasser Arafat répétait : « il ne s’agit pas d’un conflit ente juifs et arabes, mais d’un problème entre Israéliens et Palestiniens.»

 La culture de la haine n’est dans aucune des religions monothéistes. Dans un sermon récent de Rabbi François, largement diffusé, ce guide de la religion juive déclare entre autre : « la famille de Naftali Frankel a déclaré qu’il serait horrible et méprisable que Mohammad Abou Khdeir ait été tué pour venger la mort des trois adolescents. Et ils ont ajouté : il n’y a pas de différence entre les sangs versés. Un meurtre est un meurtre, quels que soient la nationalité et l’âge. Comment alors comprendre les appels à la vengeance qui fleurissent en Israël et que l’on peut voir sur la toile ? Peut-on les attribuer à l’émotion ? Si tel est le cas, il faudrait que la pensée reprenne le dessus et revenir au verset du Lévitique. Rappelons-nous : Avant, et tu aimeras l’autre comme toi, il est dit : tu ne te vengeras pas et ne garderas pas rancune (Lév 19 :18). Cette première partie du verset est-elle une condition pour que la deuxième partie du verset devienne réalité ? Cela veut dire que le sentiment d’amour ne peut exister chez qui exprime un sentiment de vengeance ou de rancune ? Tel semble bien être le cas. »

 Les illuminés du Grand Israël devraient méditer ces sages paroles, et Netanyahou devrait s’affranchir des va-t-en-guerre. Le véritable danger qui

menace Israël ce n’est ni le Hamas, ni le bombe atomique éventuelle de l’Iran. Ce qui menace la pérennité de l’Etat d’Israël est la bombe sur laquelle le pays est assis : la démographie. Elle menace beaucoup plus surement le devenir de l’Etat juif.  Netanyahou, agrippé à son fauteuil de premier ministre au détriment de l’intérêt de l’Etat d’Israël, ne semble pas avoir une vision à long terme. En 2002, à l’initiative des Saoudiens, la ligue arabe avait proposé la reconnaissance pleine et entière par l’ensemble des Etats arabes sous réserve d’un retour aux frontières de 1967. Au lieu d’un silence en réponse, la sagesse aurait voulu, au moins, que l’on parle. Mais peut-on parler de sagesse, lorsque la haine règne en maître ? Peut-on parler de sagesse quand l’irrationnel a pris le pouvoir ?