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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.

15 janvier 2024

UKRAINE, LA SITUATION AUJOURD’HUI

 Au jour d’aujourd’hui, la situation en Ukraine est incertaine. On ne peut pas être sûr que la Russie puisse occuper toute l’Ukraine, pas plus que l’Ukraine puisse envahir la Russie.

  Aidée par la Chine, les sanctions frappant l’économie et la vie russes, ne sont pas d’une efficacité décisive.

 Certes, elles peuvent paralyser certaines activités et en stimuler d’autres. Il faut noter qu’elles ont un envers en privant les sanctionneurs de gaz ou de pétrole et partant, les obliger à des restrictions économiques. De fait, les sanctions se retournent pour une grande part, parfois durement, contre les sanctionneurs, et dommage collatérale, totalement sur   l’Afrique et les pays pauvres. Ceux-là dépendent à la fois de l’Est et de l’Ouest. En ce début de l’année, on ne peut pas savoir si de grandes opérations militaires se dérouleront avant l’hiver, voire pendant ; pas plus qu’on ne peut pas prévoir dans quelle mesure l’entrée dans la guerre du contingent russe mobilisé va renforcer l’armée russe, ni dans quelle mesure l’arrivée d’armes occidentales de plus en plus sophistiquées raffermira l’armée ukrainienne. On peut en douter, d’autant que les relations entre le président ukrainiens et Washington, en particulier avec le Pentagone, sont aujourd’hui mauvaises. Pour la première fois, Washington envisage d’arrêter son aide à Kiev. L’inquiétude est croissante devant la poursuite de l’escalade, entre autres les fuites du gazoduc Nord   Stream difficilement imputables aux Russes, l’attaque par drones de la flotte russe à Sébastopol, les représailles russes par la destruction des infrastructures énergétiques, l’étrange explosion dans une ville polonaise frontalière, la violence verbale accrue, la criminalisation de l’ennemi qui se développe, l’hystérie de guerre qui se répand. L’intensification de la guerre internationale à l’intérieur de l’Ukraine va-t-elle faire irruption hors des frontières du pays, déborder sur l’Europe, et même déborder l’Europe ?

Le danger nucléaire ne peut être écarté même si on le juge minime ; en fait nous sommes entrés dans une conjoncture mondiale aggravée. Une crise mondiale nouvelle s’est ouverte, comportant le blocage des matières premières et des produits céréaliers, la raréfaction croissante de produits de toutes sortes, y compris alimentaires, l’inflation, favorisant partout la   crise chez les pays démocrates et la généralisation de   régimes néo-autoritaires et de sociétés de soumission. L’aire de l’hégémonie américaine et plus largement occidentale semble en passe d’être du passé. La politique américaine, restrictive et dédaigneuse à l’égard de la Russie a abouti à faire de la Russie et la Chine un bloc hostile à l’égard des États-Unis et plus largement de l’Occident. Quant à l’Asie, l’Afrique et   l’Amérique latine, ils restent, pour le moment, dans une neutralité prudente et attentive.

 Les événements graves qui se passent au Moyen-Orient relativisent-ils ceux d’Europe, en l’espèce, la guerre d’Ukraine ?

 Cette guerre va se terminer comme celle de Corée, sans vainqueur ni vaincu., sans arrêt officiel des combats, chacun campant sur les positions acquises ou perdues par les armes. L’Ukraine sera-t-elle dépecée ? pas tout à fait. Le retour éventuel de Donald Trump à la Maison Blanche sera un mauvais signal pour Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine.

 

 

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1 décembre 2023

LA BONNE CAUSE

  Voilà que l’Iran, habille les massacres du Hamas par la lutte en faveur de la cause palestinienne. Personne n’est dupe et régulièrement feu Yasser Arafat se plaignait que la cause palestinienne serve le plus souvent à des besoins de politique intérieur pour certains.

 Après avoir mis sous le tapis le différent israélo-palestinien pendant des décennies, l’Iran veut se draper aujourd’hui du drapeau palestinien. Sait-on que Yasser Arafat, paix à son âme, était interdit de séjour en Iran pour cause de laïcité. C’est vrai que le leader palestinien voulait instaurer un état laïc car le peuple palestinien est pour une part non négligeable chrétien et dans son ensemble il ne me semble pas qu’il soit chiite.

 L’action du Hamas, bras armé de Téhéran, avait pour but, essentiellement de mettre un frein à la normalisation des rapports d’Israël avec le monde musulman et particulièrement avec l’Arabie Saoudite. L’action du 7 octobre a plutôt desservit la cause palestinienne qu’elle ne l’a sublimée.

 Oui, la « rue arabe » est inconditionnelle de la cause palestinienne, oui, la rue arabe se mobilise instantanément dès qu’elle est appelée à défendre la cause palestinienne mais pas au prix de massacre d’innocents. La « rue arabe » se bat à la loyale, sans hypocrisie ni agenda caché. Elle milite pour deux États, côte à côte, vivant dans la paix et la sécurité. Voila des décennies que je répète que c’est la seule solution à un état de belligérance qui dure voilà près de 75 ans.

Le conflit israélo-palestinien, qui n’a que trop duré, est un de ces conflits où tout se confond : guerre et paix, terrorisme et démocratie, raison et passion, droit des peuples, légalité et légitimité, histoire religieuse et histoire politique, opinions publiques nationales et opinion mondiale, médias et réseaux sociaux, religion et politique, tradition et technologie, politique nationale et géopolitique. Tant de paramètres qui rendent plus que complexes le problème et la solution politique définitive. Un problème passionné sur lequel la raison n’a plus prise depuis belle lurette. Situation qui a fait dire au philosophe Raymond Aron, lui-même rationnel et raisonnable, que « le conflit israélo-palestinien est un de ces conflits où les prises de positions ne peuvent être qu’affectives ». On peut le constater dans les médias occidentaux aujourd’hui, et aussi dans les médias arabes depuis longtemps. D’où la place prééminente prise par l’opinion, la rue, les passions et les humeurs, dans ce conflit où toute quête de vérité est condamnée à l’avance, et où donc la recherche de solution acceptable se heurte encore aux préjugés tant des Israéliens que des Palestiniens. On est loin du raisonnable lorsque l’irrationnel prend le pas sur le politique. Il n’y a plus place qu’au renoncement et la haine.

Mais la culture de la haine n’a jamais ouvert les portes à la Paix.

30 novembre 2023

ADIEU MON AMI

 

Mon ami Henry Kissinger qui fut un exemple pour moi pour ma passion de géopolitique, est mort dans la nuit de mercredi à ce jeudi à l'âge de 100 ans. Il était tout autant le magicien de la diplomatie, mais aussi un symbole du particularisme unique des États-Unis. Il était l'incarnation du Rêve américain : fils d'émigré allemand fuyant les persécutions de l'Europe des années trente il va connaître la gloire et une renommée internationale.

Il est sans contexte le « dernier grand diplomate », en laissant son empreinte au Vietnam, de la Chine au Moyen-Orient, mais aussi en Amérique latine où il renforça l'influence des États-Unis. Il fut à la fois le conseiller et l’homme qui murmurait aux oreilles des puissants. Secrétaire d’État de Richard Nixon et Gerald Ford, il fut également l'un des grands penseurs de la politique et des relations internationales de l'après Seconde Guerre mondiale, veillant à la place et au rôle des États-Unis dans le monde.

 Kissinger était un passionné de foot, un homme d'action et de réflexion sur l'état du monde et les relations internationales. Il laisse derrière lui une œuvre impressionnante et riche sur la politique et sur le monde contemporain. 

 Henry Kissinger est né à Fürth, petite cité industrielle en Bavière près de Nuremberg un 27 mai 1923, dans une famille juive pratiquante. Quelques mois avant la « nuit de cristal » en 1938, il a quitté l'Allemagne à l'âge de 15 ans avec ses parents pour l'Amérique et change son prénom Heinz en Henry. 

En 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale où l'engagement des États-Unis sera décisif contre l'Allemagne nazie, il est l'un des 2.800 étudiants engagés dans un programme spécial de la 84e division d'infanterie. Par sa connaissance de l'allemand, il est envoyé en Allemagne dans les services de renseignement américains pour participer à la dénazification du pays après la guerre. Son mentor, un universitaire, Fritz Kraemer, lui conseille après sa démobilisation de s'inscrire à Harvard.

En 1950, il y décroche sa licence en sciences politiques avec les honneurs, grâce à une dissertation sur la diplomatie de Metternich, le chancelier impérial d'Autriche. 

Plus tard, Henry Kissinger trouvera une autre source d'inspiration chez Raymond Aron. « Mon maître à penser », confie-t-il un jour à Dominique Moïsi qui lui présentait une lettre d'introduction du philosophe historien français.

Tout en enseignant à Harvard, le jeune docteur en sciences politiques, publie son premier ouvrage :  « Nuclear weapons and foreign policy » en 1957. Sa conclusion met en perspective ce qui allait devenir sa conduite dans les affaires internationales. Pour lui, le défi pour les États-Unis est de faire la preuve que « la démocratie est capable de déterminer une certitude morale pour agir sans recourir au fanatisme et aussi de prendre des risques sans la garantie de réussir ».

En 1969, c'est la consécration avec sa nomination en 1969 comme conseiller à la Sécurité nationale du président Richard Nixon, puis en 1973 comme secrétaire d'État. Une fonction qu'il gardera jusqu'en janvier 1977, après la démission de Nixon en 1974 et sous la présidence de Gerald Ford.

Henry Kissinger fut l'architecte des deux plus grandes réussites du président Richard Nixon : l'ouverture à la Chine et la fin de la guerre du Vietnam. Après les accords de Paris de janvier 1973, il reçoit le prix Nobel de la Paix 

Henry Kissinger a inspiré la politique de détente avec l'Union soviétique et la conclusion du premier accord de limitation des armes nucléaires (SALT 1) des deux puissances. 

 Infatigable négociateur entre Le Caire et Jérusalem après la quatrième guerre israélo-arabe de 1973, dite du Kippour, il parvient à arracher le premier accord entre Israël et l'Égypte. 

La disparition de Henry Kissinger laisse un vide immense sur la scène internationale, d'une instabilité croissante, entre guerre en Ukraine , guerre entre le Hamas et Israël, réchauffement climatique et nombre de situations alarmantes. Il fut sans conteste un grand maître de la « realpolitik » et de la diplomatie. Il n'a aujourd'hui aucun successeur à ce titre. La question qu'il posait dans son dernier ouvrage « L'ordre du monde » reste d'une actualité brûlante : « Les dirigeants actuels réussiront-ils à prendre un peu de hauteur par rapport à l'urgence des événements au jour le jour pour parvenir à cet équilibre entre moral et efficacité ».

 

29 octobre 2023

LA GUERRE, POURQUOI FAIRE ?

           Le monde ne cesse de guerroyer. En Europe la guerre d’Ukraine entre dans sa deuxième année et voilà que maintenant le Moyen-Orient s’enflamme.

Beaucoup d’écrivains et de penseurs se sont penchée sur la question : qu’elles sont les causes qui amènent l’affrontement armé ? Peut-on aisément distinguer les « causes profondes de la guerre ». Une telle tentative relève de la biologie, de l’anthropologie, de la psychologie, de la sociologie et de la démographie. Il y a aussi l’analyse politique traditionnelle de la guerre, qui met en avant les « circonstances favorisant la guerre.
 Depuis la nuit des temps, l’immense majorité des sociétés humaines à travers l’histoire a connu la guerre, au point que l’idée d’un phénomène ancré dans la « nature humaine » s’est imposée.

 L’agression collective semble avoir été avantageuse du point de vue de l’évolution, car l’homme est le seul primate capable d’exterminer froidement ses semblables. Tel est le thème développé par l’éthologue Konrad Lorenz (1903-1989) et le préhistorien André Leroi-Gourhan (1911-1986) et, plus récemment, par les tenants de l’approche sociobiologiste comme Edward Wilson, pour ne citer que lui. Elle prend le contre-pied direct de l’approche « rousseauiste », selon laquelle l’Homme est fondamentalement bon et pacifique.
 On observe une forte corrélation entre l’existence de certaines structures démographiques et la propension au conflit armé.

 La paix peut-elle ou doit-elle passer par la guerre ? 

C’est une évidence : la paix est plus souhaitable que la guerre, tout le monde est absolument d’accord là-dessus, mais chacun a sa forme de paix. Du coup, si la paix est une situation préférable à la guerre pour tous, on peut se demander pourquoi l’histoire des humains est remplie de tant de guerres.

Un historien du 19e siècle avait calculé que, dans l’Histoire, les temps de véritable paix ne représentaient pas plus de 9%.

Pourquoi autant de guerres ?

C’est une première bizarrerie, observe Matthieu Peltier. Dans la majorité des cas, la paix est le but affiché par ceux qui déclenchent les guerres. Ainsi, Hitler promettait à l’Europe une paix de mille ans après sa victoire. Dans son discours devant le Reichstag en 1939, il prononce plus de 12 fois le mot 'paix'.

Dans leur ensemble, les guerres se proposent toujours d’être une manière de rétablir un équilibre permettant une paix plus juste que celle qui précède la guerre. Aristote disait ainsi que c’est pour vivre en paix que nous faisons la guerre.

Ceci ressemble évidemment beaucoup à une contradiction – faire la guerre pour avoir la paix -, mais il convient de se demander si cette apparente contradiction ne vient pas du double sens du mot 'paix'.

 De quelle paix parle-t-on ?

On peut distinguer deux visions très différentes de la paix :

  • La première consiste à considérer la paix simplement comme l’absence de guerre. C’est la définition négative de la paix : nous sommes en paix quand nous ne sommes pas en guerre. Dans ce cas, être en paix nécessite de ne pas prendre les armes. Et dans cette perspective, la reddition immédiate d’un des deux camps amène directement la paix, puisqu’elle met fin à la guerre.
     
  • On peut aussi penser la paix positivement, comme un contenu en soi. Ainsi pour Johan Galtung, politologue norvégien fondateur de l’irénologie, science de la paix, "la paix positive est un état où figure la coopération, une vie à l’abri de la peur, du besoin, de l’exploitation, la croissance et le développement économique, l’égalité et la justice, le pluralisme et le dynamisme, et où la violence est moindre, mais pas absente."
    Spinoza dira tout simplement que la paix est un ordre, mais un ordre juste

C’est ici qu’intervient l’idée de guerre juste, celle qui va permettre d’instaurer ce qui sera un véritable état de paix.

Ainsi, dans cette conception positive de la paix, une dictature comme celle de la Corée du Nord, où les gens ne disposent d’aucune liberté, n’est pas vraiment une situation de paix, explique Matthieu Peltier. C’est ce que l’on pourrait appeler une période de calme.  En

 1918 Richard Grelling, Juif Allemand opposé à la guerre que menait son pays contre le reste de l’Europe disait : "Lorsque tous les autres moyens ont échoué, la libération du monde de la dominance militaire ne peut se faire, dans des cas extrêmes, qu’en combattant."

A la place de si vis pacem, para bellum (si tu veux la paix, prépare la guerre), un autre principe semblable peut devenir nécessaire : si vis pacem, face bellum (si tu veux la paix, fais la guerre).

Dans ce cas, il juge que laisser gagner l’assaillant pour mettre un terme à la guerre ne procurera pas la paix, dès lors que la liberté, la démocratie ou l’égalité auront tout simplement disparu.
 

En conclusion, on peut probablement dire que la guerre n’est pas souhaitable mais qu’elle fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité. Sans la force, il est fort probable que n’importe quel peuple se fera un jour écraser.

Le philosophe Pascal disait que dans l’idéal, il faut mettre ensemble la justice et la force. Et pour cela, faire en sorte que ce qui est juste soit fort, et que ce qui est fort soit juste. Souhaitons-le pour ce Moyen-Orient aujourd’hui à feu et à sang.

 

 

 

16 octobre 2023

FRANCE : CATASTROPHE EN VUE

Travailler moins, gagner plus, s’endetter plus : un triptyque intenable

Depuis une quarantaine d’années, la France vit trois utopies profondément ancrées et aucune logique ne semble avoir d’emprise sur elles : travailler moins, gagner plus, s’endetter davantage.

C’est en effet un triste tableau que la France offre à l’Europe avec une population qui, depuis une quarantaine d’années, vit trois utopies profondément ancrées et aucune logique ne semble avoir d’emprise sur elles : travailler moins, gagner plus, s’endetter davantage.

En effet, en Europe les Français font partie de ceux qui travaillent le moins tout au long de leur vie.

Le temps moyen passé au travail est de 35,4 ans pour un Français contre 38,7 ans pour un Allemand.

Dans une année, le nombre d'heures effectives est passé de 1955 heures en 1999 à 1680 en 2019 contre 1830 heures actuellement en Allemagne.

Un Français travaille donc en moyenne 20 % de moins qu’un Allemand. Si l’on ajoute les arrêts maladie, les jours de grève, les RTT on est bien au-delà de ces chiffres. L’inquiétant reste toujours surtout le nombre de chômeur.

En effet le taux d'emploi actuel est de 68 % en France contre 77,40 % chez nos voisins !

Travailler 30 % de moins devrait logiquement se retrouver dans le pouvoir d’achat de nos concitoyens, l’écart de productivité, s’il est avéré, étant loin de compenser.

 Les Français voudraient se dédouaner des efforts que les voisins européens ont fait : travailler moins mais néanmoins gagner autant et pourquoi pas davantage ?

En effet Les Echos du 29 novembre 2022 nous apprend que la France avait été la meilleure élève du pouvoir d’achat en Europe sur la période 2019/2022 avec une augmentation du pouvoir d’achat de 1,5% alors que tous les autres items sont restés négatifs.

La réalité est là,  car à ce jour le pouvoir d’achat moyen par habitant est de 23 367 euros pour l’Allemagne (huitième place européenne) contre 20 662 euros pour la France (quinzième place) soit un écart de 13 %.

Il convient de préciser que les prix des marchandises et loyers sont en moyenne 15 à 20 % moins chers en Allemagne et amplifient donc l’écart de pouvoir d’achat.

 Cette situation trouve son explication grâce au subterfuge de l’endettement excessif qui a compensé ce déficit de travail des Français : l’endettement équivalent en 1995 à 55 % du PIB, talonne aujourd'hui les 115 % alors que l’Allemagne est à 68,60 %.

C’est ainsi que les gouvernements français successifs ont fait croire aux Français que le pays est encore une grande nation. Si l’endettement continue à ce rythme, c’est-à-dire passer de 1000 milliards d’euros en 2000 à 3000 milliards d’euros à ce jour, il atteindrait 10 000 milliards dans 25 ans. Heureusement, le FMI et les agences de notation ne le permettront pas et interviendront avant.

 Si les Français travaillaient autant que leurs voisins allemands, c’est-à-dire 30 % de plus, quelles seraient les conséquences pour l’économie ?

Ce sont 30 % de rentrées fiscales supplémentaires, ou mieux, une baisse de 30 % des charges sociales pour les entreprises françaises qui retrouveraient une compétitivité perdue depuis une quarantaine d’année et le retour des industries françaises.

C’est une augmentation du PIB qui permettrait de repasser devant les Allemands en PIB par habitant, donc un pouvoir d’achat en forte hausse.

Ce sont 30 % de fonctionnaires en moins sans modifier le volume de travail, soit un effectif diminué de 1 680 000. La suppression d’un grand nombre d’administratifs ramènerait leur pourcentage au niveau de la moyenne européenne.

Deux millions de fonctionnaires en moins à un coût unitaire chiffré à 3,5 millions d’euros par la Cour des comptes, représente à terme 7000 milliards d’euros d’économie. Sans les deux mandatures Mitterrand l’économie française n’aurait pas à ce jour un déficit de 3000 milliards d’euros mais une trésorerie de 4000 milliards.

 La France n’a pas besoin d’un président intelligent, ni d’un président charismatique mais seulement d’un président courageux !

On a demandé à l’époque au député Damien Meslot « pourquoi ne passez-vous pas directement à 65 ans ? » ; il avait répondu « si on le fait, on aura tout le monde dans la rue » ; ce à quoi j’aurais répondu « à 62 ans aussi ». J’avais raison.

Un homme politique responsable doit faire ce qui est nécessaire et non pas ce qui fait plaisir à son auditoire.

Monsieur Macron, vous devez donc prendre votre courage à deux mains, avoir enfin un discours de vérité envers les Français, leur dire que c’est leur lâcheté qui a conduit le pays à la situation catastrophique actuelle et leur faire comprendre qu’il n’y a pas d’argent magique, qu’il n’existe aucune autre solution que de faire les réformes comme tous les pays modernes.

Il n’y a rien à réinventer, il faut s’inspirer des réformes Hartz et tant pis si des Français iront dans la rue ; avec ou sans réformes, ils le feront tout de même.

Ainsi, dans cinq ans le pays commencerait à se redresser. Dans le cas contraire le FMI et la BCE l’imposeront dans la douleur !

Seul le président qui en aura le courage restera dans l’histoire. Ce n’est pas du sang et des larmes mais du bon sens et du courage.

 

 

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8 septembre 2023

La France peut-elle vraiment se désendetter ?

 Malgré les déclarations du ministre des Finances Bruno Le Maire, la France continue d’accumuler des déficits budgétaires depuis plus de 40 ans, ce qui pose la question de la faisabilité d’un désendettement. Car cette dette, c’est ce que nous laissons en héritage à nos enfants.

« Le rythme de désendettement » ? Vraiment ? A ce jour, on n’a pas vu la France devenue un pays dont l’État se désendette ?

Par définition, à chaque période de temps, la dette s’accroît du montant du déficit budgétaire. En d’autres termes, le déficit budgétaire est la dérivée première de la dette. Le déficit est un flux et la dette est son stock.

On ne peut que constater que l’État accumule les déficits budgétaires, chaque année et sans interruption, depuis 1975, à l’insu de Bruno Le Maire ? Difficile à croire. Sur 68 millions de Français, un peu plus de 40 millions d’entre eux n’ont jamais connu un seul jour de « désendettement de la France » depuis leur naissance. En fait, moins de 14 millions de Français ont été en âge de voter à un moment où l’État se désendettait vraiment.

Objectivement, le ministre a, au contraire, passablement « accéléré le rythme » d’endettement du pays. 

Le ministre interpelle quand il se plaint du fait « qu’avant les élections présidentielles, le Trésor Public français empruntait pour financer sa dette à 0 %. Au moment de l’élection, on était aux alentours de 1 %. Aujourd’hui, on est à 3 %. »

La France a passé la barre symbolique des 3000 milliards de dettes.

Comme le pays est constamment en déficit, chaque hausse des taux d’intérêt implique d’emprunter à taux élevé pour remplacer une dette à taux bas.

Selon Bruno Le Maire, « un point de taux d’intérêt en plus c’est, à horizon 2027, 15 milliards d’euros de charges supplémentaires sur la dette publique française ».

Mais ce chiffre est parfaitement sujet à caution. En effet, la vaste majorité de la dette française est souscrite à des échéances courtes. En l’occurrence, la maturité moyenne de la dette française est d’environ neuf ans. Quand on refinance 3000 milliards d’euros à 2 % de taux d’intérêt en plus, on se retrouve avec 60 milliards de charges d’intérêt supplémentaires.

Seuls 563 milliards d’euros de la dette publique française ont une échéance au-delà de l’année 2034. Tout le reste devra être refinancé dans les dix prochaines années.

  Uniquement pour 2023 et 2024, Bercy doit trouver 141 milliards d’euros pour remplacer la dette à court terme, plus 139 milliards d’euros pour la dette arrivant à échéance cette année, plus 172 milliards d’euros pour l’an prochain ; sommes astronomiques auxquelles s’ajoutent environ 250 milliards pour couvrir les copieux déficits des deux années en question.

En 2023, les nouveaux emprunts seront supérieurs à l’ensemble des recettes.

Non seulement il suffirait d’un simple soubresaut politique ou social pour que les traders de Wall Street rechignent à avancer cet argent mais, en plus, toutes les sommes en question vont coûter au moins 2 % de plus par an.

Les agences de notations sont toujours très en retard sur les marchés mais elles réviseront inévitablement la note de la dette française. Celle-ci est probablement très surévaluée si on tient compte de la future récession et de la plus complète incapacité à tenir le budget.

Ceci renchérira le coût d’emprunter.

Là encore, on fera comme si ce n’était pas prévisible tout en commentant sur la dictature des marchés : les « spécialistes » feront le tour des plateaux de télévision en prenant l’air penché de la tour de Pise pour faire la promotion de la création d’une agence de notation gouvernementale contrôlée par l’Union européenne.

Tôt ou tard, la charge de la dette, soit environ 45 milliards d’euros, dépassera l’intégralité des recettes de l’impôt sur le revenu, environ 85 milliards.

Le financement de la dette française par des emprunts à court terme a été et sera une énorme erreur financière que l’on pouvait parfaitement anticiper. 

La trajectoire continuera. On ne voit pas pourquoi cela changerai, il ne faut se faire aucune illusion.

Il n’y aura pas « d’accélération du rythme de désendettement de la France » pour la bonne et simple raison qu’il n’y aura pas de désendettement de l’État.

En fait, les déficits se creuseront, et avec eux l’endettement total des administrations publiques parce qu’aucun politicien n’aura le courage de baisser les dépenses, parce qu’il est impossible d’augmenter des impôts déjà complètement anti-compétitifs par rapport aux autres pays développés, et parce que la charge de la dette ira croissante.

La seule recette connue et éprouvée pour réduire une dette de plus de 100 % du PIB est un gel de la dépense nominale accompagné d’une forte croissance. Cette dernière ne peut provenir que d’une massive réforme fiscale concomitante à une drastique réduction de la réglementation, en particulier du travail.

Tout ceci n’a aucune chance de se produire dans un pays où la très vaste majorité du peuple nage dans la bouillie marxiste et élit, au mieux, des énarques keynésiens.

Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à deux documents. Le premier est le programme chiffré du candidat François Hollande en 2012. L’autre est la présentation de la Loi de finance initiale (LFI) de 2018 aux économistes de marché par l’Agence France Trésor. Dans les deux cas, nous pouvons facilement comparer la réalité de la dette aux prévisions farfelues des politiciens…

La France, mal en point en Afrique, image dégradée dans la majeure partie du reste du monde, va-t-elle ajouter celle d’un pays à la dérive comme l’a été il n’y a pas longtemps la Grèce.

 

26 août 2023

J’AI RENCONTRE LES SURVIVALISTES

  En France, il y a des extrémistes de tout bord et les suvivalistes. Citoyens calmes et pondérés, ils vivent dans la crainte d’une catastrophe imminente et sont persuadés que notre société va s’effondré.

  Les plus radicaux pensent que la cause sera sanitaire, terroriste, écologique ou migratoire.

Le Salon Survival Expo annonce un minimum de quinze mille visiteurs, chaque année. Le stand de Décathlon vendeur de mini-bunkers à installer dans son jardin, ne désemplit pas. Incroyable, mais les demandes ont explosé depuis la guerre en Ukraine. Cette anxiété est nourrie par la certitude que l’effondrement est proche et que seuls survivront ceux qui s’y sont préparés.

 On est loin des doux dingues, zélotes millénaristes ou fanatiques du calendrier maya, qui se préparent à survivre à l’Apocalypse. Leur angoisse de fin du monde les pousse à préparer leur abri.

Aux États-Unis, la société Vivos a vendu 575 abris souterrains dans le Dakota du Sud, pouvant abriter 5000 personnes au prix de 25000 dollars l’un. Des petites annonces sur le Net, proposent à l’achat une « BAD », Base Autonome Durable. Il s’agit de petit mobil-home isolés susceptibles d’être utilisés comme base de repli. Dans les forums des survivalistes, on s’échange des listes de plantes sauvages comestibles et on disserte sur la nécessité de posséder un ou plusieurs masques à gaz. La catastrophe imminente, c’est leur certitude.

 Sans qu’on sache quelle est la part de peur ou de désir dans cette peur, leur analyse se nourrit des soubresauts du monde. La crise économique de 2008, les attentats depuis 2015, la crise des Gilets jaunes avec ses scènes de guérilla, ont convaincu certains en France que le milieu urbain était devenu dangereux et qu’il vaut mieux se munir de matériel d’autodéfense. La pandémie de Covid-19 a développé chez eux la peur d’une guerre biologique. La guerre en Ukraine fait craindre un emballement nucléaire. L’effondrement est inéluctable dans l’esprit de nombreux survivalistes. Chez les survivalistes politisés et radicaux, la menace vient d’une crise migratoire et des tensions interethniques qu’elles provoqueraient. 

Aux États-Unis, le mouvement des miliciens en est le représentant le plus radical. Complotistes par nature, ces survivalistes prétendent se défendre contre un « gouvernement mondial » et militent pour le port d’armes.

 En France, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, ancien coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, reconnait : « Certaines catégories d’individus de l’ultradroite issus de mouvances suprémacistes blanches ou néonazies peuvent prôner le survivalisme comme théorie pour faire sécession, pour s’organiser, quand arrivera le grand chaos qu’ils prophétisent ».

 Ceci n’empêche pas de penser, d’analyser, et de dire la vérité même quand elle est désagréable. Oublier le « politiquement correct » est une approche propre aux survivalistes. Ils désespèrent de trouver des voix fortes et légitimes pour ouvrir les yeux des citoyens sur la réelle situation de la France. Ils en appellent à la responsabilité du chef de l’État pour organiser la mobilisation et le rassemblement du peuple de France.  Ils craignent que la fatigue morale ne s’empare des élites et organisent une société à irresponsabilité illimitée.

 Pour eux le salut ne peut arriver que si on fait sauter le mur du mensonge, du cynisme et du mépris qui sont au cœur du pouvoir d’Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’ils voient la possibilité de mobiliser l’énergie, la créativité et le patriotisme des Français.

 Ces chers gaulois ont peur que le ciel ne leur tombe sur la tête, vieille rengaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21 juillet 2023

QUI EST DISPOSE A MOURRIR POUR TAIWAN OU L'UKRAINE ?

  Les boomers sont des gens, aujourd’hui sexa ou septuagénaires, qui ont une mémoire personnelle de la guerre d’Algérie, et une mémoire collective de celle du Vietnam et de la deuxième guerre mondiale. Ils ont vu, leur père rentrer de près de deux ans de crapahutage dans le bled, amaigri et taciturne, le regard lointain, plongé dans quelques horreurs indicibles qu’ils ont peine à oublier. Les boomers, ma génération, ont vu de jeunes Américains brûler leur passeport, ou revenir dans des sacs plastiques au cimetière d’Arlington. J’ai encore en mémoire des images de petites filles nues, à moitié brûlées au napalm, courir sur des routes bordées de rizières de l’ancienne Indochine. Les boomers, eux, sont les derniers à avoir une certaine vision directe de la guerre. Je me souviens également de Khrouchtchev tapant sur son pupitre, à l’ONU, à grands coups de soulier, mais oui, à grands coups de soulier, le 12 octobre 1960.

Beaucoup de ces boomers ont eu des grands-pères qui avaient participé directement à la Deuxième guerre, et parfois, à la Première. Des chanceux qui ont été les heureux gagnants de deux guerres mondiales. 

Alors, quand Macron affirme dans une interview aus Echos qu’aujourd’hui, « le temps est militaire » et que nous, Européens, « devons, nous réveiller, notre priorité n’est pas de nous adapter à l’agenda des autres dans toutes les régions du monde », je suis en droit de me demander s’il sait de quoi il parle, lui qui n’a même pas connu la colonisation, ni même la guerre de Suez

Aujourd’hui, avec le retour des blocs, si vous n’adhérez pas à 110% à l’OTAN, vous êtes pro-russes. Si vous ne portez pas dans votre cœur l’Ukraine, alors vous êtes anti-européen.

 De Gaulle a toujours refuser de s’aligner aveuglément sur la logique de la guerre froide. Il a, l’un des premiers, reconnu la Chine de Mao — et la France, du coup, n’a jamais reconnu Taïwan comme un État. Les Taiwanais eux-mêmes reconnaissent qu’ils sont une parcelle de la Chine mais veulent bénéficier d’un régime spécial de la part de Pékin. C’est une parcelle de Chine en sécession, une vraie aubaine pour les Américains qui disposent ainsi d’un gigantesque porte-avions terrestre juste en face de l’ennemi d’aujourd’hui. Cuba hier, Taïwan aujourd’hui. Cette grande puissance n’innove en rien dans son désir hégémonique.

Qui est disposé à mourir pour Taïwan — ou à envoyer ses enfants y mourir ? C’est ainsi que se pose la question. La majorité des partisans d’une aide militaire à l’Ukraine ont tous dépassé l’âge où ils pourraient aller s’opposer directement à Wagner. Biden, à ma grande surprise, résiste aux maximalistes de l’aile dure de son parti et refuse que ses petits-enfants aillent se faire casser la gueule sur des champs de bataille lointains. L’Irak ou l’Afghanistan sont des souvenirs honteux, encore présents dans la mémoire collective. 

  L’idée de sanctions économiques contre la Chine, est encore plus grotesque que les sanctions contre la Russie. Ces dernières nous ont plus appauvris qu’elles n’ont contrarié le Kremlin. Sanctionner la Chine, c’est s’exposer, ni plus ni moins, à ne plus rien avoir à se mettre sur le dos, ni dans les carcasses de nos voitures en construction. Sans parler du reste. La mondialisation nous a mis à la merci des deux Grands, la Chine et la Russie. 

Le monde occidental a d’autres soucis que de suivre les Américains dans leur désir de réactiver la guerre froide. L’opinion publique américaine est-elle prête à récupérer des boys dans des caisses ? Si nous devions nous donner une priorité, ce serait de dénoncer l’extra-territorialité du dollar et de la justice américaine, qui se croit tout permis.

La France a bien d’autres soucis. Il faut réindustrialiser le pays : pensez que le redémarrage du parc nucléaire va engloutir tout ce que le pays a d’ingénieurs fraîchement formés, et que pour le reste, l’habile politique éducative, qui consiste à former des élites qui filent à l’étranger dès qu’elles ont bouclé leur cursus, amène une carence de techniciens et de concepteurs de haut rang. Il faut donner à manger à un peuple qui en est aujourd’hui réduit à voler dans les supermarchés la viande qu’il ne peut plus s’offrir — et Macron veut dépenser « un pognon de dingue » à construire des chars pour les offrir aux uns ou aux autres !

Bien sûr que Macron fait du pied à la droite française, dont il a besoin pour les quatre ans à venir ! Bien sûr qu’il est, fondamentalement, un mondialiste heureux, au service de grandes sociétés ! Bien sûr que le déficit de la balance des comptes française fait le bonheur des banques, puisque nous ne pouvons plus frapper monnaie : et nous savons les liens affectifs de Macron avec le système bancaire. Tout cela est vrai — mais l’idée que nous serions forcés, par « solidarité » avec des gens qui nous méprisent, de mettre un pied dans la mer de Chine m’inquiète, moi qui ai vu, quand j’étais enfant, ce qu’est un revenant de guerre.

 

14 juillet 2023

L’UKRAINE VAUT-ELLE UNE 3e GUERRE MONDIALE ?

Alors qu’un sommet européen vient de s’achever à Kiev pour notamment réaffirmer le soutien de l’Europe à l’Ukraine, des voix s’élèvent et s’inquiètent du risque d’embrasement du conflit. 

 Une course à l’armement qui inquiète plus d’un. Pour Emmanuel Maurel, l’eurodéputé de gauche, cette course à l’armement comporte de grands risques : « On s’arrête où ? Jusqu’à maintenant la position européenne était je trouve très équilibrée, consistant à dire il y a un agresseur, un agressé, c’est-à-dire l‘Ukraine. On l’aide financièrement, aujourd’hui il y a près de 50 milliards d’euros qui ont été donnés directement aux Ukrainiens, il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire, c’est-à-dire qu’on aide les Ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça, c’était la position européenne jusqu’à maintenant. Et moi je souhaite qu’on en reste là. »

« On va frapper la Russie ? » L’élu français s’interroge sur la suite du conflit, car il va arriver un moment où l’on ne sera plus dans l’aide mesurée, mais dans le soutien tous azimuts, risque que l’Union européenne puisse être considérée comme cobelligérant par le président russe Vladimir Poutine.  « On nous parle d’avions ou de missiles à longue portée, mais ça veut dire quoi ? On va frapper la Russie ? Dans ce cadre-là, on change complètement la nature de la guerre. C’est-à-dire que l’Europe rentre en guerre contre la Russie. »

 C’est un conflit qui va laisser des traces y compris entre les Européens.

Emmanuel Macron, quant à lui, appelle l’Union européenne à poursuivre sur la voie diplomatique. « Il faut qu’il y ait des dirigeants européens, alors déjà que nous sommes aux côtés des Ukrainiens, qui puissent entrevoir des portes de sortie. Sinon c’est un conflit qui va durer, qui va être encore plus meurtrier, c’est un conflit qui va laisser des traces y compris entre nous. » 

A force de frôler les lignes jaunes, à force de franchir les lignes rouges, va arriver le moment de vérité :  pour éviter l’embrasement, les alliés de l’Ukraine risquent de n’avoir d’autre choix que de la trahir.

  La perspective d’une victoire ukrainienne ne semble pas pour autant se rapprocher. La contre-attaque annoncée par les autorités ukrainiennes semble avoir été un fiasco. Avec les livraisons d'armes lourdes entérinées fin janvier par Londres, Berlin et Washington, notamment, les pays de l’Otan “viennent flirter avec leurs propres lignes jaunes”. Celles fixées au début de la guerre par le général Mark Milley, du moins. Pour le chef de l’état-major des armées américain, cité par The Spectator, quatre priorités permettraient d’éviter le déclenchement d’une troisième guerre mondiale tout en “faisant respecter” le droit international :

“1. Éviter un conflit cinétique entre les États-Unis ou l’Otan et la Russie. 2 Éviter que la guerre ne déborde des limites géographiques de l’Ukraine. 3. Renforcer et garantir l’unité de l’Otan. 4. Donner à l’Ukraine les moyens pour se battre de manière autonome.”

Un an plus tard, constate le journaliste Owen Matthews, spécialiste de la Russie, ces objectifs stratégiques “sont au bord de la rupture”. Le conflit reste circonscrit au territoire ukrainien, mais les Russes “sont à deux doigts de considérer l’Otan comme cobelligérant”. Au sein de l’alliance transatlantique, l’unité affichée sur la cession de chars cache mal des “fractures réelles sur la question de savoir à quoi doit ressembler la fin de la guerre”.

Problème : pour l’heure, le conflit stagne dans une “phase intermédiaire”, au cours de laquelle chaque camp cherche soit à l’emporter, soit à prendre l’ascendant en vue de futures négociations. La reprise des régions annexées par la Russie, estime Owen Matthews, passera pourtant inévitablement par un changement de braquet.“Au lieu d’une libération, ce sera une guerre de conquête.” Seulement, vidés de leurs habitants pro-ukrainiens, le Donbass comme la Crimée “veulent majoritairement et clairement ne plus faire partie de l’Ukraine”. Une fois ce constat posé, demande le magazine londonien, “l’Occident tient-il à se retrouver impliqué dans une tentative visant à obliger des gens à rejoindre une nation dont ils ne veulent plus faire partie ?” D’autant qu’en face Poutine  conserve une réserve “immense” d’hommes et d’armes “peu sophistiquées”.

Le sommet UE-Ukraine, aura été une “douche froide” pour Kiev. Joe Biden prudent, ne pouvait pas être plus clair : L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN sera envisagée quand toutes les conditions seront réunies. 

 Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky se retrouve coincé entre d’un côté sa promesse de libérer l’intégralité du pays, et de l’autre les décisions de ses alliés occidentaux. “Même avec le scénario optimiste qui envisage que les Russes soient refoulés jusqu’aux frontières d’avant l’invasion, l’Ukraine serait encore démembrée, et Poutine probablement toujours au pouvoir, conclut The Spectator. C’est tragique, mais si l’on envisage cette guerre avec réalisme, quel qu’en soit le résultat, les Ukrainiens ne pourront que crier à la trahison. Mais si toutes les autres options nous mènent à la troisième guerre mondiale, trahir les Ukrainiens serait peut-être la moins terrible des solutions.”

L’irresponsabilité du Président ukrainien n’a d’égal que son impudence à croire que l’Ukraine est le centre de l’Occident. C’est faire preuve de peu de mémoire et de réalisme. Le passé peu glorieux de l’Ukraine, la corruption endémique à Kiev ne justifient pas que l’Occident prenne le risque d’une troisième guerre mondiale. A vouloir entrer dans l’OTAN immédiatement, Zelenssky réalise-t-il que c’est le premier pas vers cette troisième guerre mondiale dont l’Occident ne veut pas. Conformément aux règles de l’OTAN, l’Ukraine en guerre membre, l’OTAN est ipso facto en guerre contre la Russie, l’horrible engrenage.

 Certains commentateurs russes vont plus loin : « En utilisant ses armes nucléaires, la Russie pourrait sauver l’humanité d’une catastrophe globale », écrit l’influent politologue Sergey Karaganov, proche du Kremlin et du président Poutine dans un article publié le mardi 13 juin sur le site de son think tank, le Conseil pour la politique étrangère et de défense. Dans ce texte pour le moins terrifiant, M. Karaganov explique que pour éviter un enlisement de la guerre et « briser la volonté de l’Occident de soutenir la junte de Kiev », Moscou devrait se résoudre à des frappes nucléaires ciblées sur des villes européennes. « Parmi les aspects structurants du conflit armé en Ukraine, l’arrière-fond atomique est de fait le plus saisissant, observait Olivier Zajec en avril 2022. Tout se passe comme si le vocabulaire et les fondamentaux de la stratégie nucléaire, renvoyés pendant longtemps à la boîte à outils dépassée de la guerre froide, faisaient soudain l’objet d’un réapprentissage accéléré. »

En annonçant qu’il plaçait sa force de dissuasion en état d’alerte, le président russe Vladimir Poutine a contraint l’ensemble des états-majors à mettre à jour leurs doctrines, le plus souvent héritées de la guerre froide. La certitude de l’annihilation mutuelle – dont l’acronyme en anglais MAD signifie « fou » – ne suffit plus à exclure l’hypothèse de frappes nucléaires tactiques, prétendument limitées. Au risque d’un emballement incontrôlé.

 Le 11 mars 2022, en réfutant vigoureusement les suggestions d’élus et d’experts réclamant une implication plus directe des États-Unis dans le conflit, M. Joseph Biden a fermé la porte à une confrontation directe entre Washington et Moscou. Dans le même temps, le président américain a affirmé qu’il assumerait une montée éventuelle aux extrêmes si l’offensive russe en venait à s’étendre au territoire d’un des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

 On peut expliquer cette prudence américaine en faisant référence aux propos de M. Vladimir Poutine du 24 février 2022 : « Peu importe qui essaie de se mettre en travers de notre chemin ou (…) de créer des menaces pour notre pays et notre peuple, ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vu dans toute votre histoire. » Accompagnés d’une hausse du niveau d’alerte des forces nucléaires russes (« un régime spécial de service de combat »), ces mots renvoient à la catégorie du chantage. Et pourraient donc conduire à juger que la réaction du président des États- Unis relève, elle, de la reculade. 

 L’agresseur, la Russie, possède des arguments stratégiques d’une autre nature que ceux de Saddam Hussein.

Pour comprendre les enjeux des relations actuelles entre la Maison Blanche et le Kremlin, ainsi que l’agacement de M. Biden face au maximalisme de certains de ses compatriotes ou alliés, peut-être faut-il mieux se référer à une autre déclaration, plus ancienne. En l’occurrence celle du ministre des affaires étrangères russe, M. Sergueï Lavrov, affirmant, en 2018, que la doctrine nucléaire russe « limite clairement la possibilité d’utiliser les armes nucléaires à deux scénarios défensifs : en réponse à une agression contre la Russie ou ses alliés par le biais d’armes nucléaires ou de toute arme de destruction massive, ou en réponse à une agression non nucléaire, mais uniquement si la survie de la Russie est menacée ». Les doctrines nucléaires sont faites pour être interprétées. Depuis longtemps, le débat fait rage parmi les experts en stratégie spécialistes de la Russie à propos de la lecture correcte de ce type de rappels doctrinaux Le 11 mars, dans le bimestriel Foreign Affairs, Olga Oliker, directrice du programme pour l’Europe et l’Asie centrale de l’organisation non gouvernementale International Crisis Group, juge ainsi que « l’expression de Poutine “un régime spécial de service de combat”, bien qu’elle n’ait pas été utilisée auparavant, ne semble pas signaler un changement sérieux dans la posture nucléaire de la Russie ».

En optant pour une « nucléarisation » sans fard de sa diplomatie de crise, Moscou entend écarter tout autre belligérant étatique de l’affrontement en cours.

 Il semble que pour le moment, Washington a reçu clairement le message.

 

 

 

30 juin 2023

WAGNER ET LES MERCENAIRES

        La presse, particulièrement française n’a pas trouver de mots suffisamment durs pour parler de l’ensemble paramilitaire Wagner.

Le groupe Wagner, également connu comme PMC Wagner, ChVK Wagner, ou CHVK Vagner, est une organisation paramilitaire qui œuvre dans le but d'assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie.

Il émarge au budget de l’État. "Entre mai 2022 et mai 2023, l'État a versé 86,262 milliards de roubles [environ 922 millions d'euros au taux actuel, ndlr] pour les paiements du groupe Wagner", a affirmé le président russe lors d'une réunion avec des responsables militaires, diffusée par la télévision d'État.

Fondé en 2014 par Evguéni Prigojine, à la base homme d'affaires et proche de Vladimir Poutine, le groupe Wagner est une milice russe privée, mais qui agit suivant les directives de Moscou.

Est-il vraiment composé de mercenaires ?

Que dit le Petit Robert à ce propos : le mercenaire est un combattant qui ne travaille que pour un salaire, c’est un soldat professionnel à la solde d’un gouvernement étranger.

 La presse française ne va-t-elle pas un peu vite en besogne en considérant le groupe Wagner comme un ramassis de mercenaires sans foi ni loi. Que dire alors de la Légion étrangère française, dont le recrutement est le plus large possible. Toutes les nationalités sont admises sous réserve d’avoir un passeport ou une carte d’identité valable. Aucun diplôme scolaire n’est exigé, par contre il faut savoir écrire et lire dans sa langue maternelle. Être âgé de plus de 17 ans et demi et de moins de 39 ans et demi le jour de la présentation au poste d'information. Se munir de toute pièce administrative utile (titre de séjour, photocopie de livret de famille, certificat de mariage, certificat de divorce, extrait d'acte de naissance, etc…). On notera qu’aucun extrait du casier judiciaire n’est demandé.

 Cette légion étrangère a été le fer de lance,  en particulier, des conquêtes française : l’Indochine, la conquête de l’Algérie (1830-1849), la guerre du Tonkin (1883-1885), la Crimée (1854-1856) la campagne d’Italie en 1859, expédition du Mexique (1863-1867) la guerre franco-prussienne de 1870, le Dahomey, le Soudan et le Niger (1892-1896).

Les traditions à la Légion étrangère constituent un ciment pour ce corps qui se traduisent par les détails vestimentaires, les emblèmes et symboles spécifiques, les chants et musiques, et enfin par ses fêtes particulières. 

Les légionnaires, surnommés également les Képis blancs, de la couleur de leur coiffe, blanchie sous le soleil, ont acquis leur notoriété lors des combats menés sur les champs de bataille du monde entier, notamment dans le cadre des conquêtes coloniales, des deux guerres mondiales, et des guerres d'Indochine et d'Algérie

La légion étrangère française a été sur la brèche bien plus que les timides incursions en Afrique du groupe Wagner.

 Peut-être qu’une relecture de l’histoire de France s’impose à nous français qui devrions renoncer une fois pour toute à donner des leçons aux autres.

 

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