Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.

08 septembre 2023

La France peut-elle vraiment se désendetter ?

 Malgré les déclarations du ministre des Finances Bruno Le Maire, la France continue d’accumuler des déficits budgétaires depuis plus de 40 ans, ce qui pose la question de la faisabilité d’un désendettement. Car cette dette, c’est ce que nous laissons en héritage à nos enfants.

« Le rythme de désendettement » ? Vraiment ? A ce jour, on n’a pas vu la France devenue un pays dont l’État se désendette ?

Par définition, à chaque période de temps, la dette s’accroît du montant du déficit budgétaire. En d’autres termes, le déficit budgétaire est la dérivée première de la dette. Le déficit est un flux et la dette est son stock.

On ne peut que constater que l’État accumule les déficits budgétaires, chaque année et sans interruption, depuis 1975, à l’insu de Bruno Le Maire ? Difficile à croire. Sur 68 millions de Français, un peu plus de 40 millions d’entre eux n’ont jamais connu un seul jour de « désendettement de la France » depuis leur naissance. En fait, moins de 14 millions de Français ont été en âge de voter à un moment où l’État se désendettait vraiment.

Objectivement, le ministre a, au contraire, passablement « accéléré le rythme » d’endettement du pays. 

Le ministre interpelle quand il se plaint du fait « qu’avant les élections présidentielles, le Trésor Public français empruntait pour financer sa dette à 0 %. Au moment de l’élection, on était aux alentours de 1 %. Aujourd’hui, on est à 3 %. »

La France a passé la barre symbolique des 3000 milliards de dettes.

Comme le pays est constamment en déficit, chaque hausse des taux d’intérêt implique d’emprunter à taux élevé pour remplacer une dette à taux bas.

Selon Bruno Le Maire, « un point de taux d’intérêt en plus c’est, à horizon 2027, 15 milliards d’euros de charges supplémentaires sur la dette publique française ».

Mais ce chiffre est parfaitement sujet à caution. En effet, la vaste majorité de la dette française est souscrite à des échéances courtes. En l’occurrence, la maturité moyenne de la dette française est d’environ neuf ans. Quand on refinance 3000 milliards d’euros à 2 % de taux d’intérêt en plus, on se retrouve avec 60 milliards de charges d’intérêt supplémentaires.

Seuls 563 milliards d’euros de la dette publique française ont une échéance au-delà de l’année 2034. Tout le reste devra être refinancé dans les dix prochaines années.

  Uniquement pour 2023 et 2024, Bercy doit trouver 141 milliards d’euros pour remplacer la dette à court terme, plus 139 milliards d’euros pour la dette arrivant à échéance cette année, plus 172 milliards d’euros pour l’an prochain ; sommes astronomiques auxquelles s’ajoutent environ 250 milliards pour couvrir les copieux déficits des deux années en question.

En 2023, les nouveaux emprunts seront supérieurs à l’ensemble des recettes.

Non seulement il suffirait d’un simple soubresaut politique ou social pour que les traders de Wall Street rechignent à avancer cet argent mais, en plus, toutes les sommes en question vont coûter au moins 2 % de plus par an.

Les agences de notations sont toujours très en retard sur les marchés mais elles réviseront inévitablement la note de la dette française. Celle-ci est probablement très surévaluée si on tient compte de la future récession et de la plus complète incapacité à tenir le budget.

Ceci renchérira le coût d’emprunter.

Là encore, on fera comme si ce n’était pas prévisible tout en commentant sur la dictature des marchés : les « spécialistes » feront le tour des plateaux de télévision en prenant l’air penché de la tour de Pise pour faire la promotion de la création d’une agence de notation gouvernementale contrôlée par l’Union européenne.

Tôt ou tard, la charge de la dette, soit environ 45 milliards d’euros, dépassera l’intégralité des recettes de l’impôt sur le revenu, environ 85 milliards.

Le financement de la dette française par des emprunts à court terme a été et sera une énorme erreur financière que l’on pouvait parfaitement anticiper. 

La trajectoire continuera. On ne voit pas pourquoi cela changerai, il ne faut se faire aucune illusion.

Il n’y aura pas « d’accélération du rythme de désendettement de la France » pour la bonne et simple raison qu’il n’y aura pas de désendettement de l’État.

En fait, les déficits se creuseront, et avec eux l’endettement total des administrations publiques parce qu’aucun politicien n’aura le courage de baisser les dépenses, parce qu’il est impossible d’augmenter des impôts déjà complètement anti-compétitifs par rapport aux autres pays développés, et parce que la charge de la dette ira croissante.

La seule recette connue et éprouvée pour réduire une dette de plus de 100 % du PIB est un gel de la dépense nominale accompagné d’une forte croissance. Cette dernière ne peut provenir que d’une massive réforme fiscale concomitante à une drastique réduction de la réglementation, en particulier du travail.

Tout ceci n’a aucune chance de se produire dans un pays où la très vaste majorité du peuple nage dans la bouillie marxiste et élit, au mieux, des énarques keynésiens.

Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à deux documents. Le premier est le programme chiffré du candidat François Hollande en 2012. L’autre est la présentation de la Loi de finance initiale (LFI) de 2018 aux économistes de marché par l’Agence France Trésor. Dans les deux cas, nous pouvons facilement comparer la réalité de la dette aux prévisions farfelues des politiciens…

La France, mal en point en Afrique, image dégradée dans la majeure partie du reste du monde, va-t-elle ajouter celle d’un pays à la dérive comme l’a été il n’y a pas longtemps la Grèce.

 

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26 août 2023

J’AI RENCONTRE LES SURVIVALISTES

  En France, il y a des extrémistes de tout bord et les suvivalistes. Citoyens calmes et pondérés, ils vivent dans la crainte d’une catastrophe imminente et sont persuadés que notre société va s’effondré.

  Les plus radicaux pensent que la cause sera sanitaire, terroriste, écologique ou migratoire.

Le Salon Survival Expo annonce un minimum de quinze mille visiteurs, chaque année. Le stand de Décathlon vendeur de mini-bunkers à installer dans son jardin, ne désemplit pas. Incroyable, mais les demandes ont explosé depuis la guerre en Ukraine. Cette anxiété est nourrie par la certitude que l’effondrement est proche et que seuls survivront ceux qui s’y sont préparés.

 On est loin des doux dingues, zélotes millénaristes ou fanatiques du calendrier maya, qui se préparent à survivre à l’Apocalypse. Leur angoisse de fin du monde les pousse à préparer leur abri.

Aux États-Unis, la société Vivos a vendu 575 abris souterrains dans le Dakota du Sud, pouvant abriter 5000 personnes au prix de 25000 dollars l’un. Des petites annonces sur le Net, proposent à l’achat une « BAD », Base Autonome Durable. Il s’agit de petit mobil-home isolés susceptibles d’être utilisés comme base de repli. Dans les forums des survivalistes, on s’échange des listes de plantes sauvages comestibles et on disserte sur la nécessité de posséder un ou plusieurs masques à gaz. La catastrophe imminente, c’est leur certitude.

 Sans qu’on sache quelle est la part de peur ou de désir dans cette peur, leur analyse se nourrit des soubresauts du monde. La crise économique de 2008, les attentats depuis 2015, la crise des Gilets jaunes avec ses scènes de guérilla, ont convaincu certains en France que le milieu urbain était devenu dangereux et qu’il vaut mieux se munir de matériel d’autodéfense. La pandémie de Covid-19 a développé chez eux la peur d’une guerre biologique. La guerre en Ukraine fait craindre un emballement nucléaire. L’effondrement est inéluctable dans l’esprit de nombreux survivalistes. Chez les survivalistes politisés et radicaux, la menace vient d’une crise migratoire et des tensions interethniques qu’elles provoqueraient. 

Aux États-Unis, le mouvement des miliciens en est le représentant le plus radical. Complotistes par nature, ces survivalistes prétendent se défendre contre un « gouvernement mondial » et militent pour le port d’armes.

 En France, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, ancien coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, reconnait : « Certaines catégories d’individus de l’ultradroite issus de mouvances suprémacistes blanches ou néonazies peuvent prôner le survivalisme comme théorie pour faire sécession, pour s’organiser, quand arrivera le grand chaos qu’ils prophétisent ».

 Ceci n’empêche pas de penser, d’analyser, et de dire la vérité même quand elle est désagréable. Oublier le « politiquement correct » est une approche propre aux survivalistes. Ils désespèrent de trouver des voix fortes et légitimes pour ouvrir les yeux des citoyens sur la réelle situation de la France. Ils en appellent à la responsabilité du chef de l’État pour organiser la mobilisation et le rassemblement du peuple de France.  Ils craignent que la fatigue morale ne s’empare des élites et organisent une société à irresponsabilité illimitée.

 Pour eux le salut ne peut arriver que si on fait sauter le mur du mensonge, du cynisme et du mépris qui sont au cœur du pouvoir d’Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’ils voient la possibilité de mobiliser l’énergie, la créativité et le patriotisme des Français.

 Ces chers gaulois ont peur que le ciel ne leur tombe sur la tête, vieille rengaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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21 juillet 2023

QUI EST DISPOSE A MOURRIR POUR TAIWAN OU L'UKRAINE ?

  Les boomers sont des gens, aujourd’hui sexa ou septuagénaires, qui ont une mémoire personnelle de la guerre d’Algérie, et une mémoire collective de celle du Vietnam et de la deuxième guerre mondiale. Ils ont vu, leur père rentrer de près de deux ans de crapahutage dans le bled, amaigri et taciturne, le regard lointain, plongé dans quelques horreurs indicibles qu’ils ont peine à oublier. Les boomers, ma génération, ont vu de jeunes Américains brûler leur passeport, ou revenir dans des sacs plastiques au cimetière d’Arlington. J’ai encore en mémoire des images de petites filles nues, à moitié brûlées au napalm, courir sur des routes bordées de rizières de l’ancienne Indochine. Les boomers, eux, sont les derniers à avoir une certaine vision directe de la guerre. Je me souviens également de Khrouchtchev tapant sur son pupitre, à l’ONU, à grands coups de soulier, mais oui, à grands coups de soulier, le 12 octobre 1960.

Beaucoup de ces boomers ont eu des grands-pères qui avaient participé directement à la Deuxième guerre, et parfois, à la Première. Des chanceux qui ont été les heureux gagnants de deux guerres mondiales. 

Alors, quand Macron affirme dans une interview aus Echos qu’aujourd’hui, « le temps est militaire » et que nous, Européens, « devons, nous réveiller, notre priorité n’est pas de nous adapter à l’agenda des autres dans toutes les régions du monde », je suis en droit de me demander s’il sait de quoi il parle, lui qui n’a même pas connu la colonisation, ni même la guerre de Suez

Aujourd’hui, avec le retour des blocs, si vous n’adhérez pas à 110% à l’OTAN, vous êtes pro-russes. Si vous ne portez pas dans votre cœur l’Ukraine, alors vous êtes anti-européen.

 De Gaulle a toujours refuser de s’aligner aveuglément sur la logique de la guerre froide. Il a, l’un des premiers, reconnu la Chine de Mao — et la France, du coup, n’a jamais reconnu Taïwan comme un État. Les Taiwanais eux-mêmes reconnaissent qu’ils sont une parcelle de la Chine mais veulent bénéficier d’un régime spécial de la part de Pékin. C’est une parcelle de Chine en sécession, une vraie aubaine pour les Américains qui disposent ainsi d’un gigantesque porte-avions terrestre juste en face de l’ennemi d’aujourd’hui. Cuba hier, Taïwan aujourd’hui. Cette grande puissance n’innove en rien dans son désir hégémonique.

Qui est disposé à mourir pour Taïwan — ou à envoyer ses enfants y mourir ? C’est ainsi que se pose la question. La majorité des partisans d’une aide militaire à l’Ukraine ont tous dépassé l’âge où ils pourraient aller s’opposer directement à Wagner. Biden, à ma grande surprise, résiste aux maximalistes de l’aile dure de son parti et refuse que ses petits-enfants aillent se faire casser la gueule sur des champs de bataille lointains. L’Irak ou l’Afghanistan sont des souvenirs honteux, encore présents dans la mémoire collective. 

  L’idée de sanctions économiques contre la Chine, est encore plus grotesque que les sanctions contre la Russie. Ces dernières nous ont plus appauvris qu’elles n’ont contrarié le Kremlin. Sanctionner la Chine, c’est s’exposer, ni plus ni moins, à ne plus rien avoir à se mettre sur le dos, ni dans les carcasses de nos voitures en construction. Sans parler du reste. La mondialisation nous a mis à la merci des deux Grands, la Chine et la Russie. 

Le monde occidental a d’autres soucis que de suivre les Américains dans leur désir de réactiver la guerre froide. L’opinion publique américaine est-elle prête à récupérer des boys dans des caisses ? Si nous devions nous donner une priorité, ce serait de dénoncer l’extra-territorialité du dollar et de la justice américaine, qui se croit tout permis.

La France a bien d’autres soucis. Il faut réindustrialiser le pays : pensez que le redémarrage du parc nucléaire va engloutir tout ce que le pays a d’ingénieurs fraîchement formés, et que pour le reste, l’habile politique éducative, qui consiste à former des élites qui filent à l’étranger dès qu’elles ont bouclé leur cursus, amène une carence de techniciens et de concepteurs de haut rang. Il faut donner à manger à un peuple qui en est aujourd’hui réduit à voler dans les supermarchés la viande qu’il ne peut plus s’offrir — et Macron veut dépenser « un pognon de dingue » à construire des chars pour les offrir aux uns ou aux autres !

Bien sûr que Macron fait du pied à la droite française, dont il a besoin pour les quatre ans à venir ! Bien sûr qu’il est, fondamentalement, un mondialiste heureux, au service de grandes sociétés ! Bien sûr que le déficit de la balance des comptes française fait le bonheur des banques, puisque nous ne pouvons plus frapper monnaie : et nous savons les liens affectifs de Macron avec le système bancaire. Tout cela est vrai — mais l’idée que nous serions forcés, par « solidarité » avec des gens qui nous méprisent, de mettre un pied dans la mer de Chine m’inquiète, moi qui ai vu, quand j’étais enfant, ce qu’est un revenant de guerre.

 

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14 juillet 2023

L’UKRAINE VAUT-ELLE UNE 3e GUERRE MONDIALE ?

Alors qu’un sommet européen vient de s’achever à Kiev pour notamment réaffirmer le soutien de l’Europe à l’Ukraine, des voix s’élèvent et s’inquiètent du risque d’embrasement du conflit. 

 Une course à l’armement qui inquiète plus d’un. Pour Emmanuel Maurel, l’eurodéputé de gauche, cette course à l’armement comporte de grands risques : « On s’arrête où ? Jusqu’à maintenant la position européenne était je trouve très équilibrée, consistant à dire il y a un agresseur, un agressé, c’est-à-dire l‘Ukraine. On l’aide financièrement, aujourd’hui il y a près de 50 milliards d’euros qui ont été donnés directement aux Ukrainiens, il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire, c’est-à-dire qu’on aide les Ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça, c’était la position européenne jusqu’à maintenant. Et moi je souhaite qu’on en reste là. »

« On va frapper la Russie ? » L’élu français s’interroge sur la suite du conflit, car il va arriver un moment où l’on ne sera plus dans l’aide mesurée, mais dans le soutien tous azimuts, risque que l’Union européenne puisse être considérée comme cobelligérant par le président russe Vladimir Poutine.  « On nous parle d’avions ou de missiles à longue portée, mais ça veut dire quoi ? On va frapper la Russie ? Dans ce cadre-là, on change complètement la nature de la guerre. C’est-à-dire que l’Europe rentre en guerre contre la Russie. »

 C’est un conflit qui va laisser des traces y compris entre les Européens.

Emmanuel Macron, quant à lui, appelle l’Union européenne à poursuivre sur la voie diplomatique. « Il faut qu’il y ait des dirigeants européens, alors déjà que nous sommes aux côtés des Ukrainiens, qui puissent entrevoir des portes de sortie. Sinon c’est un conflit qui va durer, qui va être encore plus meurtrier, c’est un conflit qui va laisser des traces y compris entre nous. » 

A force de frôler les lignes jaunes, à force de franchir les lignes rouges, va arriver le moment de vérité :  pour éviter l’embrasement, les alliés de l’Ukraine risquent de n’avoir d’autre choix que de la trahir.

  La perspective d’une victoire ukrainienne ne semble pas pour autant se rapprocher. La contre-attaque annoncée par les autorités ukrainiennes semble avoir été un fiasco. Avec les livraisons d'armes lourdes entérinées fin janvier par Londres, Berlin et Washington, notamment, les pays de l’Otan “viennent flirter avec leurs propres lignes jaunes”. Celles fixées au début de la guerre par le général Mark Milley, du moins. Pour le chef de l’état-major des armées américain, cité par The Spectator, quatre priorités permettraient d’éviter le déclenchement d’une troisième guerre mondiale tout en “faisant respecter” le droit international :

“1. Éviter un conflit cinétique entre les États-Unis ou l’Otan et la Russie. 2 Éviter que la guerre ne déborde des limites géographiques de l’Ukraine. 3. Renforcer et garantir l’unité de l’Otan. 4. Donner à l’Ukraine les moyens pour se battre de manière autonome.”

Un an plus tard, constate le journaliste Owen Matthews, spécialiste de la Russie, ces objectifs stratégiques “sont au bord de la rupture”. Le conflit reste circonscrit au territoire ukrainien, mais les Russes “sont à deux doigts de considérer l’Otan comme cobelligérant”. Au sein de l’alliance transatlantique, l’unité affichée sur la cession de chars cache mal des “fractures réelles sur la question de savoir à quoi doit ressembler la fin de la guerre”.

Problème : pour l’heure, le conflit stagne dans une “phase intermédiaire”, au cours de laquelle chaque camp cherche soit à l’emporter, soit à prendre l’ascendant en vue de futures négociations. La reprise des régions annexées par la Russie, estime Owen Matthews, passera pourtant inévitablement par un changement de braquet.“Au lieu d’une libération, ce sera une guerre de conquête.” Seulement, vidés de leurs habitants pro-ukrainiens, le Donbass comme la Crimée “veulent majoritairement et clairement ne plus faire partie de l’Ukraine”. Une fois ce constat posé, demande le magazine londonien, “l’Occident tient-il à se retrouver impliqué dans une tentative visant à obliger des gens à rejoindre une nation dont ils ne veulent plus faire partie ?” D’autant qu’en face Poutine  conserve une réserve “immense” d’hommes et d’armes “peu sophistiquées”.

Le sommet UE-Ukraine, aura été une “douche froide” pour Kiev. Joe Biden prudent, ne pouvait pas être plus clair : L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN sera envisagée quand toutes les conditions seront réunies. 

 Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky se retrouve coincé entre d’un côté sa promesse de libérer l’intégralité du pays, et de l’autre les décisions de ses alliés occidentaux. “Même avec le scénario optimiste qui envisage que les Russes soient refoulés jusqu’aux frontières d’avant l’invasion, l’Ukraine serait encore démembrée, et Poutine probablement toujours au pouvoir, conclut The Spectator. C’est tragique, mais si l’on envisage cette guerre avec réalisme, quel qu’en soit le résultat, les Ukrainiens ne pourront que crier à la trahison. Mais si toutes les autres options nous mènent à la troisième guerre mondiale, trahir les Ukrainiens serait peut-être la moins terrible des solutions.”

L’irresponsabilité du Président ukrainien n’a d’égal que son impudence à croire que l’Ukraine est le centre de l’Occident. C’est faire preuve de peu de mémoire et de réalisme. Le passé peu glorieux de l’Ukraine, la corruption endémique à Kiev ne justifient pas que l’Occident prenne le risque d’une troisième guerre mondiale. A vouloir entrer dans l’OTAN immédiatement, Zelenssky réalise-t-il que c’est le premier pas vers cette troisième guerre mondiale dont l’Occident ne veut pas. Conformément aux règles de l’OTAN, l’Ukraine en guerre membre, l’OTAN est ipso facto en guerre contre la Russie, l’horrible engrenage.

 Certains commentateurs russes vont plus loin : « En utilisant ses armes nucléaires, la Russie pourrait sauver l’humanité d’une catastrophe globale », écrit l’influent politologue Sergey Karaganov, proche du Kremlin et du président Poutine dans un article publié le mardi 13 juin sur le site de son think tank, le Conseil pour la politique étrangère et de défense. Dans ce texte pour le moins terrifiant, M. Karaganov explique que pour éviter un enlisement de la guerre et « briser la volonté de l’Occident de soutenir la junte de Kiev », Moscou devrait se résoudre à des frappes nucléaires ciblées sur des villes européennes. « Parmi les aspects structurants du conflit armé en Ukraine, l’arrière-fond atomique est de fait le plus saisissant, observait Olivier Zajec en avril 2022. Tout se passe comme si le vocabulaire et les fondamentaux de la stratégie nucléaire, renvoyés pendant longtemps à la boîte à outils dépassée de la guerre froide, faisaient soudain l’objet d’un réapprentissage accéléré. »

En annonçant qu’il plaçait sa force de dissuasion en état d’alerte, le président russe Vladimir Poutine a contraint l’ensemble des états-majors à mettre à jour leurs doctrines, le plus souvent héritées de la guerre froide. La certitude de l’annihilation mutuelle – dont l’acronyme en anglais MAD signifie « fou » – ne suffit plus à exclure l’hypothèse de frappes nucléaires tactiques, prétendument limitées. Au risque d’un emballement incontrôlé.

 Le 11 mars 2022, en réfutant vigoureusement les suggestions d’élus et d’experts réclamant une implication plus directe des États-Unis dans le conflit, M. Joseph Biden a fermé la porte à une confrontation directe entre Washington et Moscou. Dans le même temps, le président américain a affirmé qu’il assumerait une montée éventuelle aux extrêmes si l’offensive russe en venait à s’étendre au territoire d’un des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

 On peut expliquer cette prudence américaine en faisant référence aux propos de M. Vladimir Poutine du 24 février 2022 : « Peu importe qui essaie de se mettre en travers de notre chemin ou (…) de créer des menaces pour notre pays et notre peuple, ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vu dans toute votre histoire. » Accompagnés d’une hausse du niveau d’alerte des forces nucléaires russes (« un régime spécial de service de combat »), ces mots renvoient à la catégorie du chantage. Et pourraient donc conduire à juger que la réaction du président des États- Unis relève, elle, de la reculade. 

 L’agresseur, la Russie, possède des arguments stratégiques d’une autre nature que ceux de Saddam Hussein.

Pour comprendre les enjeux des relations actuelles entre la Maison Blanche et le Kremlin, ainsi que l’agacement de M. Biden face au maximalisme de certains de ses compatriotes ou alliés, peut-être faut-il mieux se référer à une autre déclaration, plus ancienne. En l’occurrence celle du ministre des affaires étrangères russe, M. Sergueï Lavrov, affirmant, en 2018, que la doctrine nucléaire russe « limite clairement la possibilité d’utiliser les armes nucléaires à deux scénarios défensifs : en réponse à une agression contre la Russie ou ses alliés par le biais d’armes nucléaires ou de toute arme de destruction massive, ou en réponse à une agression non nucléaire, mais uniquement si la survie de la Russie est menacée ». Les doctrines nucléaires sont faites pour être interprétées. Depuis longtemps, le débat fait rage parmi les experts en stratégie spécialistes de la Russie à propos de la lecture correcte de ce type de rappels doctrinaux Le 11 mars, dans le bimestriel Foreign Affairs, Olga Oliker, directrice du programme pour l’Europe et l’Asie centrale de l’organisation non gouvernementale International Crisis Group, juge ainsi que « l’expression de Poutine “un régime spécial de service de combat”, bien qu’elle n’ait pas été utilisée auparavant, ne semble pas signaler un changement sérieux dans la posture nucléaire de la Russie ».

En optant pour une « nucléarisation » sans fard de sa diplomatie de crise, Moscou entend écarter tout autre belligérant étatique de l’affrontement en cours.

 Il semble que pour le moment, Washington a reçu clairement le message.

 

 

 

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30 juin 2023

WAGNER ET LES MERCENAIRES

        La presse, particulièrement française n’a pas trouver de mots suffisamment durs pour parler de l’ensemble paramilitaire Wagner.

Le groupe Wagner, également connu comme PMC Wagner, ChVK Wagner, ou CHVK Vagner, est une organisation paramilitaire qui œuvre dans le but d'assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie.

Il émarge au budget de l’État. "Entre mai 2022 et mai 2023, l'État a versé 86,262 milliards de roubles [environ 922 millions d'euros au taux actuel, ndlr] pour les paiements du groupe Wagner", a affirmé le président russe lors d'une réunion avec des responsables militaires, diffusée par la télévision d'État.

Fondé en 2014 par Evguéni Prigojine, à la base homme d'affaires et proche de Vladimir Poutine, le groupe Wagner est une milice russe privée, mais qui agit suivant les directives de Moscou.

Est-il vraiment composé de mercenaires ?

Que dit le Petit Robert à ce propos : le mercenaire est un combattant qui ne travaille que pour un salaire, c’est un soldat professionnel à la solde d’un gouvernement étranger.

 La presse française ne va-t-elle pas un peu vite en besogne en considérant le groupe Wagner comme un ramassis de mercenaires sans foi ni loi. Que dire alors de la Légion étrangère française, dont le recrutement est le plus large possible. Toutes les nationalités sont admises sous réserve d’avoir un passeport ou une carte d’identité valable. Aucun diplôme scolaire n’est exigé, par contre il faut savoir écrire et lire dans sa langue maternelle. Être âgé de plus de 17 ans et demi et de moins de 39 ans et demi le jour de la présentation au poste d'information. Se munir de toute pièce administrative utile (titre de séjour, photocopie de livret de famille, certificat de mariage, certificat de divorce, extrait d'acte de naissance, etc…). On notera qu’aucun extrait du casier judiciaire n’est demandé.

 Cette légion étrangère a été le fer de lance,  en particulier, des conquêtes française : l’Indochine, la conquête de l’Algérie (1830-1849), la guerre du Tonkin (1883-1885), la Crimée (1854-1856) la campagne d’Italie en 1859, expédition du Mexique (1863-1867) la guerre franco-prussienne de 1870, le Dahomey, le Soudan et le Niger (1892-1896).

Les traditions à la Légion étrangère constituent un ciment pour ce corps qui se traduisent par les détails vestimentaires, les emblèmes et symboles spécifiques, les chants et musiques, et enfin par ses fêtes particulières. 

Les légionnaires, surnommés également les Képis blancs, de la couleur de leur coiffe, blanchie sous le soleil, ont acquis leur notoriété lors des combats menés sur les champs de bataille du monde entier, notamment dans le cadre des conquêtes coloniales, des deux guerres mondiales, et des guerres d'Indochine et d'Algérie

La légion étrangère française a été sur la brèche bien plus que les timides incursions en Afrique du groupe Wagner.

 Peut-être qu’une relecture de l’histoire de France s’impose à nous français qui devrions renoncer une fois pour toute à donner des leçons aux autres.

 

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23 juin 2023

SI ON PARLAIT DE MARCHANDS D’ARMES ?

   Dans un secteur où la mainmise des États est pratiquement totale, la situation est loin d’être simple et certains intervenants sur le terrain sont souvent inattendus. On rencontre encore dans le secteur des « courtiers » ou marchands d’armes « agréés » qui opèrent en marge du commerce régulé de matériel militaire, particulièrement en Afrique où le business est aussi juteux qu’opaque. Les services des puissances surtout occidentales, en particulier la CIA (USA) sont de grands utilisateurs des services de ces barons, non pas de la drogue, mais des armes de toutes sortes et de toutes origine. Il est par exemple étrange que l’on retrouve dans l’Afrique subsaharienne des armes offertes aux Ukrainiens pour les aider dans leur guerre contre la Russie.

Si le trafiquant est celui qui vend une denrée illégalement dans un pays, le trafiquant d'arme est donc celui qui vend des armes illégalement dans un pays donné. Il existe des trafiquants d’armes qui travaillent dans la légalité, ils sont appelés alors des marchands d’armes agréés, en général par leur gouvernement.

Ils travaillent dans le calme et vendent les armes, autorisées par leur gouvernement aux pays acceptés par ce même gouvernement. Les gouvernements ne vendent pas d’armes directement, c’est leurs usines d’armements et leurs sociétés de commercialisation qui opèrent au travers de marchand agréés que les gouvernements, dans le calme plutôt que le danger, définissent les programmes de vente, la catégorie des armes et surtout l’utilisateur final, pour protéger leurs entreprises. D’ailleurs ces marchands se sentent blessés quand on les appelle des trafiquants. Ce sont des professionnels et souvent des ingénieurs, parce que la compréhension des avantages relatifs à un système d’armes, demande avant tout une maîtrise des nombreuses technologies qui interviennent. Ensuite ils sont des négociants fiables, capable de trouver le fournisseur de la bonne arme et de mettre en place le programme de travail qui assurera que la marchandise sera livrée à l’heure, et aussi capables d’assurer que tous les intervenants dans une livraison seront payés rubis sur l’ongle… Tout le monde y a intérêt, car dans ce milieu, le tribunal du commerce s’appelle « Colt et Browning »

L’ONU a diffusé un projet de loi à l’intention des états pour la production et la commercialisation des armes.

Les États peuvent décider d’inclure, en fonction de leur système juridique interne et de leur pratique rédactionnelle des textes législatifs, un préambule ainsi que des dispositions énonçant la portée générale et le processus d’adoption de la loi. Les projets d’articles proposés ont pour but d’aider les États à rédiger des dispositions liminaires et introductives et ne sont pas impératifs en vertu du Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée1 , ni en vertu du Traité sur le commerce des armes, que l’Assemblée générale a adopté par sa résolution  67/234  B, et auquel la présente Loi type renvoie également.

Depuis sa finalisation, en novembre 2010, la Loi type de l’ONUDC contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions a été publiée et largement diffusée parmi les États Membres et les praticiens. Globalement, les commentaires émis sur la Loi type ont été extrêmement positifs. En 2013, l’ONUDC a décidé de procéder à un examen interne approfondi de la Loi type afin d’en rationaliser le style juridique et d’introduire, au besoin, différentes options linguistiques pour les systèmes de common law et de droit romain, notamment en ce qui concerne ses dispositions relatives à l’incrimination. Cette dernière mesure fait également suite aux commentaires et observations spécifiques reçus des praticiens, qui ont estimé que la Loi type serait d’une plus grande aide aux praticiens et aux législateurs des juridictions de droit romain si elle contenait différentes options de rédaction pour les systèmes de droit romain. 

 Mais toutes ces mesures ne changeront en rien la nature de cette activité. Les Nations, au gré de leurs intérêts, y interviennent, souvent « masquées », souvent filous. De temps en temps quelques scandales éclatent déci delà, comme par exemple l’affaire Iran-Contra ou Irangate qui est un scandale politico-militaire survenu aux États-Unis dans les années 1980 pendant le second mandat de l’administration Reagan. Plusieurs hauts-responsables du gouvernement fédéral américain ont soutenu un trafic d’armes vers l’Iran malgré l’embargo touchant ce pays. L’administration espérait pouvoir utiliser les produits de la vente d’armes pour financer les contras au Nicaragua, malgré l’interdiction explicite du Congrès des États-Unis de financer ce groupe armé en lutte contre le gouvernement nicaraguayen. L’affaire est depuis couverte par le « secret-défense ». Par contre ce que l’on n’a jamais avoué est que les négociations avec le pouvoir des Ayatollahs iraniens, auxquelles un gouvernement du Moyen-Orient à participé à Alger, concernaient en priorité la libération des otages de l’ambassade américaine à Téhéran. Il s’agissait de 66 personnes retenues depuis 444 jours. Cette libération a été effective et officielle, juste un jour après la deuxième élection de Reagan. Les otages libérés de leur longue captivité ont attendu à Alger la fin des élections présidentielles américaines, pour enfin retrouver leurs familles.

 

 

 

 

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16 juin 2023

QUE PENSE POUTINE ?

                            Nous devons être admiratifs devant tous ces « experts » et « informés » qui nous inondent d’analyses et surtout nous éclairent sur les desseins inavoués du Président russe.

 Les chaines françaises de télévisions, en particulier France 0, fidèles à la voix de leur Maître, nous abreuvent d’informations qui curieusement ne mettent jamais en cause la propagande ouverte des Ukrainiens. Heureusement qu’ils annoncent leurs victoires, on apprend ainsi que l’armée russe avaient conquis ces territoires.

 Emanuel Macron nous apprend que la contre-attaque ukrainienne annoncée depuis des semaines, a en réalité commencé voilà des mois ! (Sans commentaires) C’est vrai également qu’il n’y a que des victimes civiles chez les Ukrainiens et beaucoup chez les militaires russes !

 Vérification faite, ces « informés » qui nous exposent ce que pense Poutine, ne l’ont jamais rencontré. 

 Sans avoir mis les pieds à Moscou, encore moins au Kremlin, ils nous décrivent un Président malade, isolé, abandonné des siens avec un coup d’état et une révolution à sa porte. On ne peut qu’applaudir au pouvoir de divination de ces animateurs (je ne crois pas qu’ils méritent le vocable de journalistes). 

 Le Président français, lui aussi fait des annonces dont il a l’habitude, avec une attention particulière à coller aux visées américaines.

 Il est loin le temps où le Président De Gaulle imposait le respect de la souveraineté française. Il n’a jamais voulu de l’OTAN et avait prié les Américains de fermer leurs bases en France. Il ne voulait pas voir un soldat étranger installé dans aucune des provinces françaises.

 Oui, il y a malheureusement aujourd’hui une guerre en Europe. Il suffisait d’entendre la déclaration fracassante du ministre français de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, pour connaître le but recherché par Washington. « Nous allons écraser, ruiner l’économie de la Fédération russe ! »

 Nous avons appris depuis ce qu’était véritablement la puissance économique de la Russie. Par contre, aujourd’hui, l’économie française est en crise, le pays subit des coupures d’électricité et l’industrie allemande est l’ombre d’elle-même.

 Aujourd’hui, adossé à son allié, la Chine, première puissance économique du monde, Moscou se moque des sanctions si minutieusement préparées par les États-Unis, bien avant le début des hostilités.

 Rappelez-vous ce que titrait, il n’y a pas bien longtemps la presse française :

- Comment Poutine pense ! (Suit le texte explicatif)

- Vladimir Poutine est politiquement mort

- Guerre en Ukraine : Poutine et le régime peuvent-ils tenir ?

On peut constater par contre que le président français ne peut prendre des bains de foules qu’accompagné de concerts de casseroles ! Les sondages confirment une majorité pour le rejet d’Emanuel Macron dont l’impopularité n’est plus à démontrer.

 La conclusion est qu’il faut être prudent face aux manœuvres de manipulation de la presse française qui est dans sa majorité aux ordres de l’Élysée. 

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02 juin 2023

LA FRANCE EST-ELLE TOUJOURS UNE DEMOCRATIE ?

L’entêtement mêlé d’orgueil dont l’actuel président de la République fait preuve ces jours derniers face à l’ampleur des manifestations populaires à l’encontre de la réforme des retraites, illustre le proverbe français : « il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ».

La réforme des retraites, une des promesses électorales du candidat-président Emmanuel Macron, a fait l’objet d’un passage en force à l’Assemblée Nationale, le temple de la démocratie en France. Cette fameuse réforme, n’a guère été votée, au risque de se voir mise en minorité lors du suffrage parlementaire, mais par le désormais tristement célèbre « 49.3 ». Ce suprême subterfuge de la Constitution de la Ve République, a été édicté en grande partie, dans un contexte particulier, celui de l’après Seconde Guerre mondiale. Le « 49.3 » avait été prévu pour faire face à l’instabilité chronique et paralysante de la IVe République, par le général de Gaulle. 

  Malgré sa légalité constitutionnelle, est-ce un déni de démocratie, au sens étymologique du terme, puisque ce même mot de « démocratie » (dérivé du grec ancien, chez des philosophes tels que Platon ou Aristote, « démokratia ») signifie littéralement, à partir d’un binôme conceptuel et tout à la fois d’une combinaison sémantique, « dêmos » pour « peuple » et « kratos » pour « pouvoir), « pouvoir du peuple » ? 

 C’est donc une mesure légale sur le plan institutionnel, mais illégitime sur le plan démocratique.

 C’est cela, très précisément, qui manque le plus, aujourd’hui, à l’actuelle constitution française, laquelle, par ce recours quasi permanent à ce même
« 49.3 » lorsque la composition partisane du parlement ne permet pas le vote d’une loi, qui sort ainsi du cadre proprement démocratique ! 

 Le peuple n’a pas voulu donner une majorité au pouvoir en place. Au lieu de contourner cette volonté du peuple par l’usage abusif du 49.3, il faut avoir le courage de la « Dissolution ».

La Ve République vit-elle une crise de régime, plus encore que politique ou sociale ? 

Au vu de cette confusion linguistique entre les concepts de « légalité institutionnelle », certes garantie par la Constitution elle-même, et de « légitimité populaire » », est-ce la notion même de « démocratie » qui, en l’occurrence, se voit poluée par ce recours aussi répétitif qu’excessif au « 49.3 », en France, donnant par là souvent l’impression, non sans raison, d’être une démocratie politique, voire oligarchique, bien plus qu’une démocratie sociale 

 Ce qui aggrave la situation, est le comportement trop souvent méprisant, sinon autoritaire, de l’actuel président de la République.  Un autre très sérieux problème, inhérent, celui-là, à l’essence même de la Ve République  est le fait que celle-ci, née sur les glorieuses mais douloureuses cendres d’une Révolution française (1789) salie de surcroît par les  sanguinaires années de Terreur (1793-1794) puis deux Empires successifs (Napoléon Ier et Napoléon III) ainsi que quatre républiques balbutiantes, et, comme telle, inachevées tant sur les plans politique que social, s’apparente en réalité, de manière un peu bâtarde et donc forcément claudicante, à une monarchie républicaine, et même pas parlementaire, bien plus qu’à une vraie république, correctement entendue. Le peuple français ne me semble pas républicain, mais royaliste. Malheur au Président de la République qui n’endosse pas les atours d’un Roi. Hollande qui se voulait un Président « normal » en a fait l’amère expérience.

 Pour le peuple français en son ensemble, avoir affaire avec ce pouvoir tout puissant, quasi absolu, des présidents français en général, et d’Emmanuel Macron en particulier, véritables « monarques républicains » : est une sorte de compromis, quelquefois branlant comme aujourd’hui, entre l’ancien Régime et une République moderne ! 

Macron, ce monarque républicain, confondrait-il donc république et Monarchie ? 

C’est cela, que vit ces jours-ci la France d’aujourd’hui, avec cette méthode autoritaire de gouverner d’Emmanuel Macron : une crise de régime, bien plus encore qu’une crise politique ou sociale, et dont l’actuel, vaste et profond mouvement de protestation populaire n’est donc, par-delà même sa compréhensible contestation de cette réforme des retraites, qui n’en est, au fond, que l’explosif révélateur, que le symptôme le plus ponctuel, tangible et visible. 

 Le monarque Macron, pour son second mandat, a finalement été élu, au second tour des présidentielles de 2022, par défaut, bien plus que par adhésion à son programme ou sa personne. Après la présidence de Georges Pompidou, les français n’ont plus élu un Président, mais voter contre le représentant de l’extrême-droite dont ils ne veulent pas à ce jour. 

 En définitive : Macron, président de la République, bancal, sinon illégitime, au regard duquel ce ressentiment populaire, renforcé par une invraisemblable série de maladresses politiques, s’exprime à présent, avec parfois une violence aux allures de revancharde frustration, aux quatre coins de l’Hexagone ! 

Victor Hugo, prestigieux pair de France, au temps de la Commune disait : « Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On lui marche dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête. » 

 

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19 mai 2023

LE DECLIN TECHNOLOGIQUE DE L’EUROPE

     L’Europe, France en tête, est en train de disparaître de la compétition technologique qui fait rage entre les États-Unis et la Chine. 

Cette France qui fut jadis la patrie des inventeurs, n’est plus qu’un vague souvenir. Selon l’étude du think tank australien :  «Australien Strategic Policy Institute », désormais, le centre de gravité technologique se situe dans le Pacifique entre les Etats-Unis et la Chine.

Un certain nombre de pays Anglo-saxons, arrivent à maintenir une recherche scientifique de bonne qualité, mais la France tout comme l’Europe décrochent complètement.

 Les 44 secteurs technologiques de pointe sont dominés par la Chine et les États-Unis, la Chine se plaçant en tête dans la majorité des technologies. Le risque est un contrôle quasi monopolistique pour certaines d’entre elles (comme les batteries électriques et l’hydrogène).

L’immigration des « matières grises » vers ces deux pays, leur assure un vivier intellectuel pour la recherche et le développement technologique. Si les États-Unis continuent d’être la destination numéro un, l’étude mentionne qu’en Chine, un cinquième des papiers scientifiques à fort impact est écrit par des chercheurs issus des pays anglo-saxons.

  Le Royaume-Uni et l’Inde se classent tous deux parmi les cinq premiers pays dans 29 des 44 technologies. La Corée du Sud avec 20 et l’Allemagne 17, sont parmi les cinq premiers pays. L’Australie figure pour neuf technologies, l’Italie (sept technologies), l’Iran (six), le Japon (quatre) et le Canada (quatre).

  Les pays du Commonwealth (Royaume-Uni, l’Australie et le Canada) arrivent à se maintenir, de même les pays asiatiques comme l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. 

Et la France ? Elle n’est dans le top 5 que dans deux domaines : l’énergie nucléaire (5e après les Chinois, les Américains, les Japonais et les Indiens) et la gestion des déchets nucléaires (3e après la Chine et les États-Unis). 

 Après avoir vu une Europe sortie politiquement de l’Histoire, allons-nous vers une Europe sortie technologiquement de l’Histoire ? À l’exception de l’Allemagne, voire de l’Italie, l’Europe est quasiment absente. La France qui était jadis un cœur de la recherche, marque un déclin technologique.

L’Europe qui a mis au cœur de sa politique la transition énergétique, hormis le secteur des technologies énergétiques, est entièrement dominée par la Chine. L’hydrogène, les batteries électriques et les super condensateurs sont des technologies dont les Chinois ont le quasi-monopole.

Si la situation ne se redresse pas rapidement, la France et plus généralement l’Europe vont très vite se retrouver sous contrôle énergétique de la Chine.

 

 

 

 

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12 mai 2023

QUE FAIT L’AMERIQUE AVEC L’ARGENT DE L’IRAK ?

           Malgré l’opposition de la France et l’absence d’un accord de l’ONU, les États-Unis ont envahi illégalement l’Irak en mars 2003. Laissant s’installer le chaos, après leur retrait il y a vingt ans,  ils continuent de contrôler l’argent issu des richesses pétrolières du pays et l’utilisent comme moyen de chantage. Comme pour beaucoup de situations étranges alimentées par Washington, personne n’en parle. Est-ce que les grands donneurs de leçon ne seraient que des vulgaires profiteurs de guerre doublés d’escrocs hypocrites ?

En fait, l’argent de l’Irak est toujours sous contrôle américain.

Depuis début décembre 2022, les commerçants de Bagdad s’inquiètent de la brusque envolée du billet vert. Il faut de plus en plus de dinars irakiens (DI) à l’achat d’un dollar : de 1 470 jusqu’à 1 750 DI au marché noir à la mi-décembre. Une hausse de 45 % du taux de change n’a rien d’anodin dans un pays qui, après des années de sanctions occidentales et de guerre civile, ne produit guère que du pétrole et importe à peu près toute sa consommation intérieure.  L’opinion, habituée à une stabilité notable du change dollar/DI toutes ces dernières années, ne comprend pas. Le baril de pétrole se vend à des cours très élevés, entre 80 et 90 dollars (entre 75,58 et 85 euros), la production a repris, elle voisine aujourd’hui les 4,5 millions de barils par jour et, à en croire le précédent premier ministre, les réserves publiques de devises frôlent les 100 milliards de dollars (95 milliards d’euros). Alors, comment expliquer cette pénurie du billet vert ?  Attention, la rue se mobilise, les premiers manifestants apparaissent et brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire : « Hausse du dollar = mort des pauvres et des enfants » ou « Où sont les parlementaires amis du peuple ? »

 Devant cette Brancas, le nouveau premier ministre, en place depuis fin octobre 2022, Mohamed Shia Al-Sudani, qui appartient au parti chiite Daawa au pouvoir depuis 2005, botte en touche et annonce un changement de gouverneur de la Central Bank of Iraq (CBI), aussitôt remplacé par un de ses amis politiques, s’y ajoutent des subventions pour les produits de base, et la répression contre les changeurs du marché parallèle. La situation ne s’améliore pas. Alors la colère populaire se tourne contre les autorités locales, accusées de tous les maux.

Personne, ou presque, ne rappelle que depuis le 22 mai 2003, les recettes en devises des compagnies pétrolières ne vont plus au Trésor public irakien, mais sur un compte ouvert au nom de la CBI à la filiale new-yorkaise du Federal Reserve System, la banque centrale américaine. Le dispositif a été mis en place au lendemain de l’occupation du pays, sous le « gouverneur » de l’époque, Paul Bremer, par un executive order, un décret présidentiel signé par le président Georges W. Bush. Il rappelle la zone franc, le franc CFA, et les devises d’une dizaine de pays africains gérés depuis Paris, une vieille histoire qui ne justifie en rien le holdup américain

Motif invoqué alors devant les médias : la question non résolue à l’époque des réparations dues au Koweït envahi le 2 août 1990 par les divisions blindées de Saddam Hussein. La famille régnante Al-Sabah réclamait plus de 350 milliards de dollars (330,68 milliards d’euros), l’accord s’est fait finalement en 2010 sur 52 milliards (49 milliards d’euros) dont le versement s’est achevé en février 2022. Pour autant, à New York le compte CBI/Oil Proceeds Receipts n’est pas supprimé et l’Irak ne retrouve pas, à ce jour, sa souveraineté monétaire et financière.

Ce compte fonctionne comme tout compte bancaire depuis vingt ans, on n’en entend guère parler aujourd’hui. Chaque mois, un camion de 10 tonnes embarque des milliards de dollars depuis une enceinte de la Fed dans le New Jersey, puis dans un avion de l’US Air Force, destination Bagdad. Chacune des deux parties y trouve son compte ; l’Irak se procure facilement des dollars, Washington garde, de fait, un certain contrôle sur le second plus gros producteur de brut de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) après l’Arabie saoudite. Ensuite, à Bagdad, la CBI organise « une dollar auction », un marché des changes où se vendent au plus offrant les dollars venus d’Amérique. Les acheteurs sont nombreux ; il y a plus d’un millier d’établissements financiers et de banques en Irak et les arnaques sont nombreuses.

Beaucoup ce ces établissements n’ont guère d’activités et servent essentiellement de prête-noms à des intérêts étrangers sanctionnés par Washington. En 2020, le président Donald Trump menace de couper les livraisons de dollars. La Maison Blanche ne supporte plus qu’une partie des dollars irakiens finisse dans les poches de l’Iran et ses alliés, la Syrie de Bachar Al-Assad et le Hezbollah libanais — qui font l’objet de sanctions américaines —, sans parler des deux grandes familles du Kurdistan qui servent d’intermédiaires à des intérêts turcs. Quelle est l’importance de ces « fuites » ? On n’en sait rien, mais le développement récent du marché des changes parallèle et l’écart entre le taux de change officiel et le taux au noir (45 %) témoignent de son importance.

Mohamed Shia Al-Sudani, depuis son arrivée au pouvoir, allié plus ou moins complaisant de Téhéran, provoque la fureur d’un bureau du ministère du Trésor à Washington, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) exaspéré par la kleptocratie sans frontières qui règne en Irak depuis les années 2010-2012. Trois banques sont interdites d’accès au système de communication interbancaire SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication). La banque centrale est tenue d’exiger des acheteurs de dollars de nombreuses précisions sur l’emploi final des devises achetées ; les procédures sont informatisées. Mais les banquiers irakiens, et une bonne partie de leurs clients boycottent les nouvelles procédures.

Le secrétariat au Trésor rationne les livraisons de billets. On tombe de 250 millions de dollars par jour (236 millions d’euros), à 150 (141,72 millions d’euros), voire à 20 ou 30 millions (19 à 28,34 millions d’euros) en janvier, selon les sources. Les conséquences sont immédiates pour les consommateurs irakiens. Les heurts avec la police se multiplient aux abords du square Al-Khilani à Bagdad. Finalement le jeudi 2 février, le premier ministre a un entretien téléphonique avec le président des États-Unis, Joe Biden. Il n’en sort rien publiquement. Peu après, le secrétaire adjoint au Trésor, Brian Nielson, le « M. sanctions » américain, accompagné de l’un des patrons de l’OFAC, rencontre à Istanbul le gouverneur de la CBI, Ali Al-Alag. Un communiqué américain recommande de « continuer la coordination et la coopération de toujours » pour restreindre l’accès au système financier international des « acteurs illégaux et corrompus ». Il félicite la CBI pour « l’amélioration du respect des normes » et se dit prêt à « collaborer à la modernisation du secteur bancaire irakien ».

Le gouverneur irakien ne dit rien. Ses collaborateurs cherchent à économiser les dollars et à les remplacer par les yuans chinois dans les échanges avec la République populaire. Depuis le 8 février, une délégation irakienne est à Washington et multiplie les rencontres. La punition est-elle finie ? Il est trop tôt pour savoir si le camion du New Jersey va reprendre son service. Visiblement, Bagdad s’est incliné sous peine de plonger son économie dans une crise économique funeste. Les Irakiens ont gardé un souvenir amer de l’embargo auquel était soumis le régime de Saddam Hussein avant 2003. Une double pression s’exerce sur le gouvernement irakien : Téhéran le pousse à s’éloigner des États-Unis, Washington rêve de l’embaucher dans sa croisade contre l’Iran. Quitte à l’y presser rudement si le premier ministre hésite trop longtemps.

 

 

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