Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.

29 mars 2023

L’INDUSTRIE AUTOMOBILE FACE A L’INCOMPETENCE DU PARLEMENT EUROPEEN.

   Et si on supprimait le parlement européen ? Il serait temps peut-être de renoncer à cette utopie appelée Union Européenne. Le temps est peut-être venu de redevenir réaliste et cohérent et renvoyer à leurs foyers les parlementaires européens qui se sont octroyé des pouvoirs qu’ils n’ont jamais eu.

Diplomatie, économie, les votes qui se succèdent dans cette enceinte soulignent la légèreté avec laquelle ces parlementaires approchent les problèmes.

 Le 14 février 2023, par 340 voix pour, 279 contre et 21 abstentions, le parlement européen a voté l’interdiction de la vente des véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035, autant dire demain. 

Mais cette interdiction votée à une courte majorité, vient d’être rejetée le 7 mars dernier par le Conseil de l’Union sur demande de l’Italie, de la Pologne, de la Bulgarie et surtout de… l’Allemagne.

 Sans Berlin et ses 83 millions d’habitants, impossible d’atteindre les 65 % de la population de l’Union européenne nécessaires à l’adoption ! 

 Fallait-il s’étonner de ce volte-face de l’Allemagne qui a refusé in extremis cette folle proposition. 

 Les constructeurs de voitures allemandes n’ont pas dû apprécier la plaisanterie… L’industrie automobile nationale de l’Allemagne est basée sur le moteur thermique, et fait vivre environ 14 % de la population.  Une électrification trop rapide du parc automobile européen ouvrirait un boulevard à la Chine en avance dans ce domaine.

L’Allemagne depuis longtemps est soumise à ses écologistes (grünen) et a commis beaucoup d’erreurs en matière d’énergie. Elle a cependant réussi à affaiblir la France en supprimant l’avantage comparatif que lui donnait son énergie électrique nucléaire propre et bon marché. En application des règles de l’Union européenne, l'Allemagne a forcé la France à vendre à vil prix à ses concurrents une partie de sa production nucléaire. 

Les quatre États membres (Pologne, Italie, Bulgarie, Allemagne) qui ont fait capoter l’accord au dernier moment proposent toutefois de continuer à faire fonctionner les véhicules thermiques avec des e-carburants, le mot essence ou diesel disparaît. Mais ces derniers n’existent que dans les laboratoires et seront produits, pour le moment, à des coûts exorbitants.

 Le gouvernement italien a déclaré que : « le choix de l’électrique ne doit pas être la seule voie vers la zéro émission de CO2 dans la phase de transition. Le succès des voitures électriques dépendra en grande partie de leur accessibilité à des prix compétitifs ».

Pour continuer à vouloir être fidèle au slogan : « sauver la planète », ces opposants proposent de ne plus interdire purement et simplement les véhicules thermiques, mais de les autoriser, si le carburant est dit vert.

 Avant de jeter à la rue une partie des 13 millions d’Européens qui travaillent dans le secteur automobile. Il faudra répondre aux questions qui se posent : 

  • Comment gérer la situation sociale qui en découle ?
  • Comment produire et à quel coût cette électricité supplémentaire ?
  • Comment charger tous les véhicules électriques et produire cet e-carburant ?
  • Qui va fabriquer les batteries qui viennent essentiellement d’Asie aujourd’hui ?
  • De qui dépend l’avenir du véhicule électrique ?

 

  Fournir de l’électricité aux véhicules « à zéro émission » impose un réseau électrique ad hoc. La refonte du réseau aura un coût gigantesque qui sera supporté par tous les consommateurs d’électricité, y compris ceux qui ne possèdent pas de véhicule électrique. On propose de continuer à faire fonctionner les moteurs thermiques avec des e-carburants. Cette solution est aussi utopique que la généralisation, à marche forcée de l’usage du véhicule électrique. Le parlement européen met encore une fois, la charrue avant les bœufs, comme ce fut le cas pour les biocarburants et l'hydrogène dans les transports. Ces vecteurs ou sources d’énergie n’existent que dans la tête des politiciens et des promoteurs.

On commet une grave erreur avec la promotion du transport « tout électrique ». Les e-carburants sont une vieille et mauvaise bonne idée. Depuis 1973 et jusqu’en 1990, l’Europe avait déjà essayé de produire économiquement de tels carburants alternatifs. Ils se sont révélés inefficaces et trop chers. Bien que techniquement réalisable, ce programme n’avait aucun sens économique et a été abandonné.

 Venir, aujourd’hui déclarer que soudainement de tels carburants puissent être produits rapidement est irréaliste. Autant charger directement l’électricité dans des batteries dont le rendement est cinq fois meilleur !

Ainsi, une voiture électrique avec batterie présente un rendement d’environ 75 % de la production d’électricité à la roue, par contre, une voiture à hydrogène produite avec de l’électricité verte, a un rendement de 25 % environ ; ce rendement descend à moins de 15% pour une voiture thermique alimentée par un e-carburant liquide.

 On doit réaliser qu’une batterie est donc cinq fois plus efficace qu’un e-carburant car il faut cinq fois moins d’électricité pour parcourir la même distance !

 

Les véhicules électriques à batterie offrent une meilleure voie vers la décarbonation, bien qu’ayant aussi de nombreuses tares, dont une autonomie relativement faible et un coût élevé. Les ventes actuelles des véhicules électriques ne se développent que grâce à des subventions, notamment pour les entreprises.

 

L’industrie automobile européenne tétanisée a été trop longtemps passive et/ou écartée comme un lobby face à l’écologisme radical. 

Étrangement, la France soutient fermement cette date butoir de 2035, totem idéologique vert, par la voix de Manon Aubry, députée européenne, co-présidente du groupe de gauche au Parlement européen. Cette dernière a déclaré : « même si on n’est pas prêt à passer à du tout-électrique parce qu’on n’est pas outillé en matière de production d’énergie, l’ambition écologiste doit primer sur les lobbies de l’industrie automobile ».

En effet, ces derniers alertent à grands cris sur l’absence de solution de remplacement et sur le coût d’un tel cataclysme industriel et social.

La députée européenne Manon Aubry avoue aussi ingénument que ce choix est irréaliste et coûtera cher aux Européens, mais tant pis ! « C’est bon pour la planète ! ». Le Français qui n’a pas les moyens de s’acheter une voiture électrique prendra « les transports en commun » et devra chercher des « alternatives de transport ». Sur un mode incantatoire, elle préconise de développer une voiture électrique moins chère. Comment ? demande le journaliste… Réponse : « Ça fait partie des sujets qui ne sont pas complètement (et même pas du tout) réglés par la directive européenne », mais allons-y gaiement !

L’objectif déclaré de cette députée écologiste étant de réduire, voire de supprimer la circulation des voitures et des camions, c’est effectivement un excellent moyen… 

Pourquoi cette folle course en avant ?

Des idées saugrenues, voire délirantes, sont régulièrement mises en avant pour réduire les émissions européennes de CO2 qui représentent pourtant seulement 1 % des émissions mondiales. Mais il faut donner l’exemple au reste du monde… qui s’en moque.

 Quoi que fassent ou déclarent les politiciens, les lois de la physique ne changeront pas.

La volonté de décarbonation du secteur des transports avec un carburant fabriqué avec de l’électricité et du CO2 est non seulement illusoirs  (surtout s’il s’agit de l'extraire de l'air ambiant, mais nuisible pour l’intérêt général car ruineux, et en plus il n’est pas propre (monoxyde de carbone, ammoniac, particules…). Ces « politiciens » envisagent simplement de détruire inutilement le secteur automobile européen qui est pourtant en pointe.

Pendant ce temps, la Chine construi deux centrales à charbon par semainet !

Quelques activistes européens bien placés au Parlement et à la Commission rêvent de faire basculer à marche forcée toute l’activité économique vers l’électricité décarbonée alors que cette dernière ne représente que 3 % de la consommation globale d’énergie en Europe !

Or, pour alimenter la flotte de transport routier de l’Europe avec des e-carburants, l’Union européenne devrait produire environ deux fois plus d’électricité décarbonée que sa production totale actuelle d’électricité, encore essentiellement issue du gaz et du charbon. C’est irréaliste.

Les e-carburants pourraient être envisagés marginalement et ponctuellement dans un futur lointain pour les secteurs où n’existent pas encore d’alternatives aux hydrocarbures, par exemple pour l’aviation. Mais même en diminuant le trafic aérien européen par deux, les e-carburants dédiés à ce secteur absorberait environ un quart de la production d’électricité européenne actuelle.

Les e-carburants beaucoup plus chers et rares que les carburants fossiles ne seront donc utilisés que sous la contrainte, qu’elle soit physique ou politique.

 

Encore une erreur de l’Allemagne suivie par l’Europe

La mainmise de l’Allemagne sur la politique énergétique de l’Union européenne ne semblait pas inquiéter la France jusqu’à récemment. La passivité des États membres a laissé librement s’exprimer la volonté hégémonique du voisin d’outre-Rhin qui pour se libérer du nucléaire et de la dépendance pétrolière du Moyen-Orient, a augmenté sa dépendance au gaz russe et aux batteries asiatiques.

Le marché des véhicules thermiques (dits aussi à combustion interne) continuera de croître dans les pays en développement qui sont loin de disposer de la suffisance électrique et du réseau compatible avec l’alimentation des véhicules électriques. Les constructeurs automobiles européens en déclin sur les moteurs thermiques ne seront donc pas présents sur ces marchés émergents ou délocaliseront pour construire sur place.

 

Inefficace mais politiquement correct

Comme pour le « tout-renouvelable », le même aveuglement s’est installé dans le secteur automobile. Les compagnies d’électricité et les géants allemands de l’automobile savaient pourtant que l’EnergieWende était irréalisable mais elle était « politiquement correcte ». Ils se sont donc tus en attendant des jours meilleurs…

Le groupe franco-italien Stellantis a tout de même réagi. Il a quitté l’association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) en juin 2022 parce qu’elle avait accepté la mainmise allemande.

Imposer en 2035 les véhicules électriques, à hydrogène ou avec du e-carburant constitue une erreur stratégique dont les Européens devront payer les graves conséquences.

L’hypocrisie grotesque des e-carburants finira peut-être par s’imposer. Qui se souvient aujourd’hui des politiciens qui ont imposé de coûteuses stupidités aujourd’hui abandonnées comme l'énergie de la houle, les hydroliennes, les biocarburants, ou la route solaire ?

Les décideurs d’aujourd’hui ne seront plus là en 2035…

Ainsi va l’Union européenne, d’erreur en erreur, en gaspillant l’argent des citoyens priés de payer des taxes qui ne sont pas perdues pour tout le monde, notamment pour les promoteurs de ces inepties…

Après l’ivresse des envolées lyriques pour aller vers un monde d’air pur et d’eau fraîche, et les votes d’un parlement européen irresponsable, il est temps de revenir sur terre, sinon le retour à la réalité sera douloureux.

 

 

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24 mars 2023

L’OCCIDENT COMPREND-T-IL L’ORIENT

L’Union européenne et son « maître-allié » américain font face à des puissances dont la pensée politique est fort éloignée des codes politiques et diplomatiques utilisés habituellement par les gouvernements occidentaux. 

 Les raisons qui ont poussé la Russie à engager la guerre d’Ukraine échappent à la grille de lecture habituelle des Occidentaux. Nul doute qu’ils ont quelques difficultés à comprendre l’âme orientale et particulièrement slave. Après ce qui s’est passé depuis février 2022 en Russie, on n’imagine toujours pas ce qu’un gouvernement oriental est susceptible d’engager en réaction aux menées, souvent discrètes pour ne pas dire secrètes, des États-Unis suivis, sans coup férir, par les états de l’Europe occidentale. Ceci est vrai pour la Fédération de Russie comme pour la Chine et jusqu’à un certain point pour la Turquie.

Aucun raisonnement à l’occidentale ne peut inspirer une politique comme celle de Poutine. Il veut effacer l’humiliation subit par son peuple, eu égard à l’attitude des Occidentaux, États-Unis en tête, lors de l’implosion de l’URSS. La guerre d’Ukraine s’inscrit dans une volonté de revanche qui risque d’aller loin si les Occidentaux ne tiennent pas compte des raisons profondes de la situation. La Russie refuse d’être considérée comme une Nation battue, n’en déplaise au Pentagone. Elle n’a pas perdu la Guerre froide, mais a décidé le changement fondamental de son modèle économique et sociale. C’est ainsi que le locataire du Kremlin l’analyse, avec l’emphase propre au peuple slave.

 Pour les Occidentaux cette campagne militaire ne répond à aucun raisonnement rationnel : ils assistent, sidérés, impuissants, au retour d’un monde dont l’Histoire, la vraie, atteste pourtant la permanence millénaire.

  Rappelez-vous la terreur semée par les cosaques du Don avec des villes brulées et mises à sac, ceci tout autour de la mer Noire entre le XVIe et le XVIIIsiècle.  N’oublions pas les campagnes et contre-campagnes polonaises pour soustraire l’Ukraine et ses grandes plaines à la domination des Russes, sans oublier les invasions tatares et ottomanes vers ces mêmes grandes terres fertiles. Elles ont laissé autant et plus de morts, de récoltes brûlées et de femmes violées que les bombardements de Kharkov ou de Marioupol, depuis plus d’un an.

 Le « dernier des grands monarques hellénistiques », Mithridate VI, roi du Pont-Euxin fut immortalisé par le grand Racine. Il avait à faire face aux peuples scythes de l’Ukraine du Dniepr et Sarmates qui reviendront, plus tard, aux cosaques du Don. Ils demandairent protection à Mithridate, ces vieilles cités grecques du nord de la mer Noire et de Crimée, partagées aujourd’hui entre l’Ukraine et la Russie méridionale. 

Exploitées par des Grecs, les terres noires et les mines d’argent de la plaine d’Ukraine firent alors de Mithridate « le suprême recours de l’hellénisme contre les dangers venant de l’intérieur du continent » !

 

Il faut donc reconnaître qu’à l’est de l’Europe la raison ne conduit pas le monde comme l’Occident l’avait pensé. Plus près de nous, il y a trente ans, dans l’ex-Yougoslavie, l’Europe balkanique s’enflamma sans que le président français Chirac, par exemple, ne réalise vraiment la complexité de cet Orient. 

Aujourd’hui l’Occident redécouvre ce que sont, et que furent toujours, les conquérants d’Orient :  des peuples qui adorent les pouvoirs forts, voire autoritaires, admirateurs de la violence guerrière. 

 La morale veut que dès que leur chance s’évanouit, les gouvernements autoritaires disparaissent dans un bouquet final qui met fin à leur aventure terrestre. Mais en Géopolitique, il n’y a ni morale ni amitié, seuls les intérêts mènent la danse. 

 Des gouvernements aventuriers ont toujours existé sans que nous gardions suffisamment en mémoire ce qu’ils furent et firent : Hitler et Staline en Europe, Kadhafi et Saddam en terre d’Islam ; Mao et Tchang Kai Tchek en Chine ; sans oublier les dictateurs sanguinaires d’Amérique latine. 

Poutine est-il de cette veine, ainsi qu’Erdogan ou Xi ? Le premier, mène une guerre où l’Occident ne se retrouve pas ; les deux autres sont prêts à bondir de leur tanière à la première occasion.

 C’est ces questions que devraient se poser ceux qui analysent aujourd’hui les situations chinoise, russe et turque ; les manœuvres sur le terrain des affaires, du commerce ou de la monnaie n’ont d’autres explication que la recherche du pouvoir. La politique du monde oriental ne se fait ni à la corbeille des Bourses ni dans la rue. 

   Pour la Chine, dite communiste, l’indice d’une bourse ou la valeur d’une monnaie ne sont que des symboles occidentaux abstraits. Ils peuvent être balayés en un jour, face aux bombes, aux chars ou à une invasion.  Le discours occidental, droits de l’Homme, démocratie etc… n’a ici aucun rôle.

 L’aphorisme attribué à Staline garde tout son sens, à Kiev aujourd’hui, comme hier à Yalta : « L’Europe ? Combien de divisions ? » Aucune, en vérité ; guère plus que le pauvre Pape à qui faisait allusion Staline en 1945.

Sur un tout autre plan, il faut rappeler l’engagement sans faille du Métropolite moscovite Kirill aux côtés de Poutine : fin février 2022 ce prélat bénissait déjà depuis Moscou l’armée chargée de reprendre l’Ukraine en mains par de « vrais » Russes !

 Théorisant l’un et l’autre le mythe unitaire d’une grande Russie, Kirill et Poutine se soutiennent mutuellement. Leur projet commun est limpide : rétablir l’unité de l’Empire et conforter l’orthodoxie identitaire qui soutient le régime russe afin de régner durablement sur une Russie blanche et slave dont Kirill serait le seul patriarche et Poutine -ou ses successeurs- les tsars séculiers. Tous deux sont conquérants, l’un et l’autre souhaitent réitérer leur rupture avec Rome, ce schisme orthodoxe scellé au milieu du XVe siècle, bien avant que l’Empire russe soit une réalité politique. Cet état d’esprit explique la guerre à l’Occident initiée par les états d’Orient.

Voilà probablement ce à quoi pensent les conquérants russes de nos jours. Mutatis mutandis, il en est de même pour Xi et son projet chinois dominé par les Han, ainsi que du rêve pan-turc d’Erdogan…

 L’Europe occidentale et l’allié américain sont aujourd’hui face à des conquérants dont la pensée politique est fort éloignée des codes politiques et du confort petit bourgeois dans lesquels se complaisent les gouvernements occidentaux et les technocrates qui font la loi, à Bruxelles comme à Washington.

 Ils risquent de regretter le temps où la Troisième République française rêvait de civiliser l’Afrique noire et où le soleil ne se couchait jamais sur l’Empire britannique ?

 L’Occident aujourd’hui joue sa survie, son hégémonie semble être déjà du passé.

 

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17 mars 2023

ETRE OU NE PAS ETRE LIBERAL

 Faut-il se garder d’être étiqueté libéral-au-cœur-sec ? Pour cela il faut peut-être devenir « minarchichiste, à savoir partisan de l’intervention étatique minimale.

Si on défend le libéralisme classique on est rapidement face à l’ignorance des interlocuteurs. Il faut alors expliquer les « droits naturels », remonter à l’humanisme et à l'école de Salamanque,  souligner que le libéralisme n’est pas que le marché et la concurrence loyale, encore moins, le capitalisme de connivence.

Définir le libéralisme n’est pas chose aisée, beaucoup commencent par expliquer « ce qu'il n'est pas ».

Le concept mussolinien du « tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État » n’a jamais été autant pris en défaut que ces deux dernières années :

  • Réforme des retraites
  • Gestion de l’épidémie de Covid-19
  • Crise énergétique provoquée
  • Dogmatisme écologique
  • Lutte contre la hausse des prix, stigmate de l’inflation monétaire
  • Dysfonctionnements de plus en plus flagrants de l’Éducation nationale, de l’hôpital, des transports publics, de la justice…

 

Autant de sujets qui mènent certains esprits sensés, pourtant nourris aux mamelles roses et rouges du mammouth, à douter.

Si on se réclame du « minarchisme » comme solution possible à ces maux, l’auditeur prête une oreille plus attentive que si on agite l’épouvantail du libéralisme. 

  L’étymologie est simple : « min » = minimal et « archie » = gouvernement.

Pas de gros mot qui font peur comme « liberté » avec son effrayant corollaire de « responsabilité ».

Légère consonance avec « anarchie » qui évitera de se faire immédiatement ranger dans la case « fasciste » ou « capitaliste ».

Évidemment, on aura tout intérêt à éviter la diabolique mention du libertarianisme et à condenser cette définition en : « politique qui préconise un « État minimal », dont la légitimité est enserrée par des limites strictes ».

 On peut compléter tout en restant simple :    - L’État   étant caractérisé comme un monopole de la violence, ses prérogatives légitimes sont souvent identifiées aux seuls domaines où la violence est justifiée, les « fonctions régaliennes » de l’État : le maintien de l’ordre, la justice, la défense du territoire. 

 On devrait pouvoir argumenter sur le bien-fondé de faire reculer les prérogatives de l’État.

Certes, un libéral farouche objectera que la police, la justice et même l’armée pourraient être confrontées à la concurrence. Mais le libéral farouche est une espèce rarissime dans notre merveilleux paradis social et enfer fiscal du monde occidental. 

À ce stade, les objections classiques se présentent ainsi : « Que fait-on de l’éducation, de la politique industrielle, de la culture, de la santé, de l’énergie… Que fait-on du « lien social » ? ».

On peut alors avoir recours à la subsidiarité qui n’est pas le mot politique le plus usuel dans notre merveilleux monde centralisé. Mais la définition coule assez bien : « la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. »

Ainsi, on sera vu d’un bon œil par les habitants des « territoires » excédés des décisions prises à la Capitale par des gens qui ne subiront jamais les nuisances de leurs erreurs.

  • On peut philosopher sur différents thèmes : Le salaire minimal devrait-il être adapté au pouvoir d’achat des régions ?
  • La scolarité : pourquoi pas un peu d’initiatives locales dans la pédagogie et les programmes ? Qui est le plus apte à juger de ce qui convient aux enfants ?
  • Le lien social et la solidarité consentie et non pas imposée ne seraient-ils pas bien plus forts si les gens concernés avaient leur mot à dire ?
  • Pourquoi la monnaie devrait-elle être administrée par un organisme supranational irresponsable des conséquences de sa création monétaire ? Etc.

 Bref, en combinant minarchisme et subsidiarité, on pourrait instiller un peu de libéralisme en évitant d’être étiqueté libéral-au-cœur-sec qui n’aspire qu’à être un loup parmi des loups dévorant des agneaux.

L'État contre le marché, la régulation contre l'intervention, la main visible contre la main invisible, la controverse est aussi ancienne que l'économie elle-même. Le rapport de force entre les deux camps s'était infléchi dans les années 1980, petit à petit, jusqu’à la fin des années 1990, en faveur des libéraux. Ceux-ci, partis du monde anglo-saxon, avaient conquis la planète : la création de richesse était plus intense lorsque l'État se retirait et laissait toutes libertés à l'initiative privée. C'est du moins ce qu'on croyait jusqu'aux années 2008, de Londres à Santiago du Chili.

Après quarante ans de libéralisme, nous vivons aujourd’hui, le retour des frontières et de la puissance publique dans l'économie.

  Le terme « libéralisme » bénéficie d’une présomption favorable aux États-Unis. Cette différence d’appréciation sémantique n’est pourtant pas due à une différence de contenu ; les éléments constitutifs du libéralisme sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique (économie de marché, état de droit, « société des individus »…). 

 Tocqueville a fourni la meilleure définition et la première expression de la thèse libérale nationale américaine : « Une société américaine formée par un arrangement inédit de la liberté individuelle et de l’égalité ». « L’égalité des conditions » décrite par Tocqueville est ainsi le signe de la grande rupture par rapport à l’Europe puisque les Américains sont « nés égaux au lieu de le devenir ». Ce penchant égalitaire a pu s’adosser à des conditions matérielles exceptionnelles.

Aux États-Unis, on est passé de la conception libérale des années 1950 à celle d’aujourd’hui, d’un pluralisme synonyme de « diversité » à un pluralisme synonyme de « différence ». Cette mutation sémantique a été, et demeure largement, l’occasion d’une bataille culturelle engagée par des groupes sociaux longtemps opprimés, oubliés ou marginalisés dans l’histoire américaine : les « minorités ».

 Pour certains observateurs, on vit aujourd’hui la fin du libéralisme américain  ! 

 

 

 

 

 

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10 mars 2023

LA TIERS MONDIALISATION DE LA FRANCE

Les « Trente Glorieuses » sont derrière nous depuis presque cinquante ans. Les années 1970 furent celles de la « crise », attribuée par nombre d’analystes au retour à une économie et à des relations monétaires internationales dérégularisées et instables et à la remise en cause du système de protection sociale élaboré en 1945. La période 1984-2017 a vu, en France, la consécration du libéralisme, y compris par la gauche socialiste, en même temps qu’une succession de réformes visant à sauver la Sécurité Sociale à coups de rabotages, de diminution des remboursements de prestations et de plans d’austérité. Ces dernières années ont vu la réforme du Code du Travail et celle des retraites, lourde de conséquences pour les futurs retraités nés après 1975. Ainsi disparaissent les derniers morceaux de cet État-providence que les dirigeants politiques affirment vouloir sauver. Cependant, la majorité de la population ne se résigne pas à cette triste évolution. 

Le système de protection sociale est irrémédiablement déficitaire. On s’efforce de croire qu’avec la fin de la crise sanitaire et une bonne relance de l’économie, les problèmes du jour auront leur solution, et que non seulement la France regagnera le chemin de l’emploi mais aussi que le système de protection sociale retrouvera son équilibre. 

  La crise sanitaire a provoqué un creusement abyssal des déficits et une augmentation de la dette, en raison de la nécessité d’acheter le matériel médical dont on manquait, de l’augmentation des dépenses hospitalières et des indemnités journalières, et du fol « quoi qu’il en coûte ». Les chèques de l’État aux citoyens se multiplient : chèque carburant, chèque bois, chèque inflation etc. La résorption de la dette ne sera pas un long fleuve tranquille dont le cours paisible serait garanti par une quelconque croissance économique. D’autant plus que le gouvernement s’est engagé à revaloriser les rémunérations des soignants, ce qui amènera une dépense de 8 milliards d’euros en année pleine. Il faut ajouter à cela l’annonce d’autres mesures comme l’allongement du congé de paternité, et on comprendra que la reprise économique ne suffira pas à combler les gouffres. Les remèdes classiques seront inefficaces, voire contre-productifs. De nouvelles diminutions de remboursements ou de nouvelles hausses de cotisations nuiraient à une politique de relance industrielle, indispensable à la redynamisation de l’économie. 

Le pays semble plonger dans un profond déclin économique. Que faire ? Remettre à plat le système de protection sociale pour l’adapter à notre époque n’est pas facile, comme l’ont montré les débats et les grèves et manifestations provoquées par la réforme des retraites. Or, une refonte est indispensable ; sinon, sans que nul ne le souhaite, le système va se rétrécir et se dégrader jusqu’à ressembler à celui de la Grande-Bretagne où il n’est plus que la planche de salut des plus pauvres, ou des États-Unis où il est l’affaire des fonds de pension et autres organismes privés, avec tous les risques et inégalités en découlant, avec pour résultat une cinquantaine de millions de pauvres, et d’autres millions de demi-pauvres. 

La France devra-t-elle renoncer à sa rénovation économique, en particulier à sa réindustrialisation.

En vérité, dès lors que les Français ne peuvent s’accorder sur la rénovation de leur système social, la seule solution pour conserver celui-ci à peu près tel qu’il est, réside en une forte reprise économique.     Seulement, une telle initiative exige un gigantesque travail. La France est, en effet, et malheureusement engagée dans un processus de déclin depuis le début des années 1970. Le taux de croissance du PIB est inférieur à celui des autres pays européens développés, le budget de l’État reste désespérément déficitaire, les prélèvements obligatoires sont beaucoup plus élevés que partout ailleurs, la balance commerciale est constamment négative, le taux de chômage demeure élevé, malgré une réduction récente, et le chiffre de la dette extérieure du pays va bientôt dépasser celui de son PIB. 

 La désindustrialisation du pays explique largement son déclin économique. Alors qu’au début des années 1970, l’industrie employait 6,5 millions de personnes et concourait à la formation de 29 % du PIB national, elle n’occupe plus, en 2021, que 2,7 millions de gens, et ne représente que 10 % de ce même PIB. Le PIB français n’est aujourd’hui que le 11e de la Communauté européenne. Ce PIB, qui représentait encore 4,5 % du PIB mondial en 1980, n’en représente que 2,3 % aujourd’hui Au plan mondial, l’économie française, qui était la troisième en 1970, occupe présentement la 7e place, venant d’être devancée par celles de l’Inde et de la Chine. La croissance économique, qui s’élevait à 3,6 % par an en 1980, se traîne aujourd’hui à 1 %. Durant les 25 dernières années, on n’a pas su moderniser l’appareil de production. On a cru à tort, à la tertiarisation de l’économie. La révolution technologique de type informatique a été interprétée comme le signe d’une obsolescence définitive du secteur industriel et l’avènement d’une économie essentiellement fondée sur les services, alors qu’il fallait comprendre qu’elle transformait l’activité industrielle sans diminuer en rien son importance. Ainsi, on a tout misé sur le tertiaire et les Start up, l’un et les autres peu créateurs d’emplois, donc incapables de soutenir une économie puissante. Par cet investissement mal compris sur le tertiaire, on a cru ouvrir l’avenir, et on a laissé dépérir l’industrie au lieu de la rénover et de lui insuffler une dynamique nouvelle et conquérante par l’introduction de ces nouvelles technologies que l’on croyait réservées aux entreprises du secteur tertiaire. Par ailleurs, les prélèvements sociaux restent plus forts en France qu’ailleurs. 

Le décrochage de l’industrie française dans le monde, s’est traduit par une baisse dramatique de compétitivité des entreprises, et l’abandon de fait, aux grandes sociétés étrangères, des biens de consommation et de services dont le pays avait besoin. La France est devenue ainsi un pays économiquement déclinant, sous-équipé, et dépendant de l’étranger. On a complètement perdu de vue que seule une industrie forte pouvait assurer à un pays une véritable puissance et une indépendance vis-à-vis de l’étranger, surtout en France dont le système de protection exige le maintien de prélèvements sociaux plus élevés qu’ailleurs. Il faut réaliser que les dépenses sociales représentent 32 % du PIB, contre 20 % en moyenne pour les autres pays de l’OCDE. C’est d’une industrie moderne (parce que modernisée) dont la France a besoin pour redevenir une puissance économique, et non d’une guéguerre aux « milliardaires ».. Pour pallier le chômage et le déficit du système de protection sociale, on a continuellement, depuis près d’un demi-siècle, accru les prélèvements sociaux et compté sur des impôts tels que la CSG et la CRDS pour combler les déficits. L’industrie française est l’une des moins modernes de l’OCDE. Les entreprises sont les moins robotisées de cet espace économique, et l’investissement dans les nouvelles technologies y est plus faible que partout ailleurs.

Des obstacles subsistent au retour à la compétitivité de l’économie française.  Le pays aura beaucoup de mal à rattraper son retard sur les pays étrangers, qu’il s’agisse des plus compétitifs de ses voisins européens (Allemagne, Grande-Bretagne), que des États-Unis, du Canada, de la Chine ou du Japon. Deux obstacles se présenteront face à une éventuelle politique de rénovation économique. 

En premier lieu, un obstacle de nature à la fois politique, idéologique et historique. La France n’est pas la terre d’élection de l’industrie. Son développement industriel, s’il s’est fait grâce à de grands capitaines d’industrie, n’a pu être mené à bien qu’avec le concours de l’État et sous sa direction, et dans un contexte de révolution économique qui stimulait les entrepreneurs. Elle déterminait le pouvoir à enclencher une politique volontariste visant à adapter le pays à cette dernière, afin de devenir une grande puissance moderne. Ce fut le cas sous le Second Empire, dans les quarante premières années de la IIIe République, et pendant les dix ou treize premières années de la Ve République. Il s’agissait alors de prendre le train en marche et de ne pas manquer la nécessaire adaptation à un monde nouveau en gestation. Aujourd’hui, ce volontarisme de l’État n’existe guère ; il s’agit de rattraper le temps perdu, de corriger des erreurs de choix stratégiques, et de revenir sur la conception de la protection sociale. Quel défi pour les dirigeants politiques ! On n’en voit aucun, ni aucun prétendant à leur succession, capable de le relever et de faire consensus autour de lui. La classe politique française est profondément divisée sur les solutions à apporter aux problèmes économiques et sociaux.  Pourtant, rien ne peut se faire sans unité nationale, surtout lorsqu’il s’agit de relever un tel formidable défi. 

  L’époque ne se prête guère à cette entreprise. L’urgence de la situation environnementale et climatique impose, que cela plaise ou non, une politique de décroissance, certes indispensable, mais au rebours des exigences d’une entreprise de modernisation économique. À cet égard, des pays économiquement forts comme les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne s’adapteront à ces exigences écologiques au prix de moins de sacrifices que la France qui elle, devra, pour y satisfaire, renoncer à sa rénovation économique, en particulier à sa réindustrialisation. Le poids des idéologies de gauche infléchira ses dirigeants en ce sens. 

En réalité, la France est devenue un pays toujours plus sous-développé, en voie de tiers-mondialisation. 

La crise sanitaire a jeté une lumière crue sur son effarant sous-équipement médical. Le pays manque de médecins généralistes comme de spécialistes. Le renchérissement des sources d’énergie contraint les citoyens à renoncer à se chauffer et à s’éclairer décemment.

Certains, à gauche notamment, proposent de répartir la misère par le partage du temps de travail. Ils ne pourront bientôt plus se déplacer à leur guise, au nom du nécessaire combat écologique, devront consacrer leurs modestes économies à l’achat d’une nouvelle voiture, moins polluante que la précédente, ou au démontage de leur chaudière au fuel et à l’acquisition d’une pompe à chaleur ou autre moyen de chauffage. Bientôt, ils devront n’utiliser leur véhicule qu’un jour sur deux ou trois, et préférer le covoiturage. On va jusqu’à remettre en cause l’habitat individuel, jugé anti-écologique. On quitte chaque jour un peu plus la société de consommation pour s’enfoncer dans le sous-développement, sans espoir d’une amélioration, même à long terme. La France va-t-elle se tiers-mondialiser ? Il n’est, hélas, pas interdit de le penser.

 Le paternalisme accompagne souvent la tiers mondialisation. Le récent chèque au bois, après son cousin, le coup de pouce au carburant, illustre la dérive d’un système français où un État paternaliste cherche à façonner un peuple frugal et vertueux.

Un État distribuant subventions et exonérations fiscales comme autant de friandises a de quoi interpeller le quidam.

Des finances publiques mises à mal dans un pays qui réussit l’étrange exploit d’être à a fois le plus fiscalisé de la planète (co-champion du monde des prélèvements obligatoires avec la Belgique, 420 impôts en vigueur, un de plus tous les deux mois depuis 1981) et sans doute recordman de la plus longue série de déficits budgétaires de l’Histoire, 49 ans, série en cours.

Ainsi, pour compenser la hausse du tarif du gaz, l’État subventionne désormais le chauffage au bois alors qu’il y a quelques années il voulait  interdire les feux de cheminée sans insert. 

La subvention au bois et son cousin, le chèque carburant de 100 euros, ne survivront au demeurant sans doute pas longtemps au reflux du prix du gaz et du baril de pétrole, retombés sous le niveau constaté au début de la guerre d’Ukraine. Il est vrai que vérité subventionnée ou défiscalisée d’hier se révèle souvent erreur à combattre aujourd’hui. 

  L’incohérence et l’incertitude transforment ménages et entreprises en chasseurs de primes et exonération. Le système est d’une opacité et complexité telle que personne ne s’y retrouve. Chacun espère néanmoins tirer son épingle du jeu mieux que le voisin. Sur quel pied danser quand un dixième du Code général des Impôts change chaque année et que surgissent, pour disparaître presque aussitôt, les coups de pouce aux cabossés de la conjoncture ?

Il est légitime pour l’État de changer d’avis au gré des circonstances, cela s’appelle s’adapter. Mais, parallèlement, ce système, riche en folies listées par l’essayiste Jean-Marc Daniel1, se révèle injuste et dangereusement paternaliste. Il regorge de deux poids deux mesures arbitraires.

 Une faveur particulière est généralement une injustice générale. Pourquoi aider les ménages se chauffant au bois et pas à l’électricité ? Par ailleurs, nombre de professions, dont les journalistes, bénéficient de réductions fiscales dont la légitimité ne saute plus aux yeux aujourd’hui. Il en est de même de certaines exonérations de charges sociales, sous divers prétextes d’aménagement du territoire et de soutien à des métiers pénibles, ou en tensions, dont on découvre l’existence en aidant quelque proche excentrique voulant se mettre à son compte. L’État se mêle aussi de subventionner les réparations d'appareils éléctroménagers. Pourquoi pas un chèque pour la rénovation de meubles ou le reprisage de pantalons ?

Les réductions d'impôts pour petits travaux de jardinage ou entretien du logement bénéficient à des ménages pouvant souvent se les payer et soutiennent l’activité d’artisans gagnant généralement bien leur vie. Quant à la raison légitime pour laquelle les rénovations de fenêtres en bois ou aluminium bénéficiaient jadis de déductions fiscales mais pas de celles en PVC, cela fera partie des mystères que l’on n’arrive pas à élucider ici-bas.

 Le paternalisme saute aux yeux dans nombre de subventions et défiscalisations, suivant un fantasme constructiviste d’élus et hauts fonctionnaires attachés à « corriger » l’humanité par diverses incitations ou pénalités. 

À rebours de la Déclaration des Droits de l’Homme qui prévoit que l’impôt serve seulement à financer les charges communes, il s’agit d’orienter les comportements et façonner des vertus, de l’hygiène à l’empreinte carbone. Par exemple taxer le tabac pour dissuader de fumer, tout en prétendant que les lourdes charges pesant sur les salaires ne dissuadent pas l’embauche. La France est-elle toujours cartésienne ? Pas sûr ! Des aides incitent à pratiquer le covoiturage ou à réparer son vélo, car c’est sain, le vélo. À quand le remboursement du dentifrice au nom de la lutte contre les caries ?

 

 

 

 

 

 

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03 mars 2023

ATTENTION LE MONDE VIELLI

 ATTENTION LE MONDE VIELLI

Toutes les récentes études confirment le vieillissement des populations en particulier en Europe, en Chine et au Japon.  La Chine, le pays le plus peuplé du monde s’inquiète aujourd’hui de la baisse de sa population. On peut imaginer les répercussions sur son économie et sur son ambition de puissance. Sans être aussi dramatique, la situation en Europe est néanmoins préoccupante.

 Pour la Chine, cette évolution était prévisible depuis le lancement de la politique de l’enfant unique en 1979. Les générations correspondantes se sont rétrécies, particulièrement celle des jeunes actifs et c’est chaque année qu’une génération de plus, maigrit.

C’était évident pour les démographes. Alfred Sauvy écrivait : « la démographie, c’est dire qu’un enfant de 9 ans en aura 10 l’année prochaine. C’est trop simple pour être intéressant, et donc ça n’intéresse personne ». Quand cela intéresse les responsables, il est souvent trop tard.

  Le président chinois, Xi, semble en avoir pris vraiment conscience que lors du recensement publié en 2022, constatant que la population avait diminué cette année-là de 850 000 personnes, du jamais vu depuis les grandes famines résultant de la folie révolutionnaire maoïste. Selon les projections les plus pessimistes, elle pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui.

En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021.

 Alfred Sauvy s’en inquiétait pour la France dès les années 1930, reprenant le flambeau de lanceurs d’alarmes apparus à la fin du XIXe siècle lors des premières années où la population française a diminué. Apparu alors l’association « Alliance nationale population et avenir », créé en 1911 qui édite une revue et des articles de renommée internationale. 

Pour expliciter le phénomène, prenons un pays imaginaire où, depuis un siècle, le nombre d’enfants par femme est stable à 2,1 les générations se remplacent donc parfaitement. Supposons que tous travaillent à 20 ans, prennent leur retraite à 60 et que l’espérance de vie soit constante. La population est stable et la composition pyramide des âges ne change pas. Mais si dans ce pays imaginaire, la fécondité tombe d’un seul coup de 2,1 à 1,2 les vingt premières années, personne n’y prêtera attention et ne réalise le danger.   Bruxelles considérait que : « les économies sur les enfants permettront de financer des retraites », ce qui est une absurdité à long terme.

Dans les 40 années qui vont suivre la baisse de la fécondité dans ce pays imaginaire, le nombre de personnes en âge de travailler va diminuer.  Si la productivité est stable, cette baisse engendrera une diminution de la production et une baisse des cotisations de retraite. 

Pour corriger la situation, le gouvernement de ce pays imaginaire pourra être tenté de relancer la production en distribuant de l’argent aux particuliers. Mais cela ne fera que générer de l’inflation (situation actuelle de la France). La pénurie de main-d’œuvre se faisant de plus en plus sentir au fil des ans, dans tous les domaines, 60 ans après le début de la baisse de la natalité, le pays se retrouverait dans une situation critique dont il pourrait ne pas se relever.

Les recherches américaines en psychologie génétique montrent que la capacité créatrice des individus tend d’abord à croître avec l’âge, et passé un certain seuil, à décliner. Empiriquement, nous pouvons constater que la jeunesse est plus encline à l’ouverture d’esprit, à de nouvelles expériences et à différents chemins de pensées que leurs aînés. 

  Le vieillissement pousse politiquement à la stabilité.   En 2007, les électeurs âgés ont très majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy à l’opposé de la majorité des plus jeunes qui a choisi son adversaire socialiste censé être plus réformateur, voire révolutionnaire, fantasme bien français malgré les exemples catastrophiques donnés par l’histoire.

Le contraste entre ces deux groupes d’âge se retrouve à toutes les élections présidentielles depuis 1965. Sur l’ensemble de la période, les seniors forment un groupe politiquement assez homogène, caractérisé par son conservatisme politique. 

Selon l’Insee, la population active française devrait commencer à diminuer à partir de 2040 après avoir évolué légèrement jusque-là, pour arriver à 29,2 millions en 2070. 

 L’éducation nationale en France, s’attend à perdre 500 000 élèves (sur 12 millions aujourd’hui) entre 2022 et 2027. 

Une autre conséquence de la baisse de la natalité concerne, bien sûr, le financement des retraites et l’équilibre des comptes sociaux. 

On peut considérer que le problème est mal posé : ce n’est pas une question de cotisations et de pensions, mais de maintien de la population active pour pouvoir alimenter l’ensemble des Français, retraités ou non, en biens et services.

Le problème est bien plus aigu dans le reste de l’Europe qu’en France.

Avec un taux de fécondité aussi bas, le vieillissement est rapide : en 2010, les séniors ne représentaient que 8,9 % de la population, mais pourraient être 27,5 % de la population en 2050, d’après l’ONU. On n’ose pas faire de prévision pour 2100 ! 

On pense bien sûr tout d’abord à une politique nataliste, mais l’effet ne s’en ressent que progressivement de 20 à 60 ans après.

L’immigration constitue une autre solution. C’est le choix fait par l’Allemagne qui s’apprête à adopter la politique d’immigration la plus accueillante d’Europe.

Pour la Chine, l’immigration n’est pas une solution car il faudrait des centaines de millions de personnes pour rétablir la pyramide des âges. Une telle réserve n’existe qu’en Afrique subsaharienne, et je ne vois pas le président Xi décider de la déverser massivement en Chine !

   La productivité est mathématiquement une solution, mais son augmentation ne se décrète pas. La Chine a d’énormes ambitions en la matière, mais elle va subir au contraire une dégradation ou une moindre croissance de la sienne du fait de la « maoïsation » du régime.

Enfin la productivité est en partie liée à la jeunesse de la population. 

 À part quelques exceptions comme le général De Gaulle qui a brillamment redressé la France lors de son second règne, le tonus d’un pays est largement lié à sa jeunesse.

On pourrait dire qu’elle dure jusqu’à 62 ans dans la législation française actuelle, et jusqu’à 64 ou 67 ans dans de nombreux pays européens. Mais le temps ne coule que dans un sens, et s’il manque des jeunes aujourd’hui, il manquera des adultes d’âge mûr demain, et on se trouvera avec une forte proportion de personnes âgées à soigner et servir, au détriment de l’ensemble de la population.

   Cette évolution de la démographie hypothèque la puissance économique et militaire, nécessaire non pas par orgueil national, mais du fait de la situation géopolitique mondiale !

 

 

 

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25 février 2023

Guerre d'Ukraine

GUERRE D’UKRAINE : Le moment est-il venu pour la négociation ?

Voilà maintenant près d’un an que les armes tonnent en Ukraine. Comme l’avait déclaré le premier ministre israélien assassiné, Isaac Rabbin : « il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix ». Le moment de la Paix est peut-être arrivé. Mais il demande une action diplomatique vigoureuse et réaliste, or ce travail diplomatique autour de la guerre en Ukraine n’est pas entamé, par l’obstination des Américains à vouloir « affaiblir » la Russie.  On doit regretter que l’Union européenne n’ait comme action diplomatique qu’un suivisme de la politique américaine. Bruxelles devrait initier une diplomatie active et conforme aux intérêts des Européens, pas toujours concomitants avec ceux de l’Oncle Sam.  On ne peut pas dire que la ministre des Affaires étrangère de l’Union, Catherine Colonna, déroule une action originale par rapport à Washington, aussi bien en Europe qu’aux Nations Unies. 

Comme l’a déclaré l’ancien ministre des Affaires étrangères, le français Dominique de Villepin : l'Occident doit "regarder le monde, pas seulement de [son] point de vue, mais aussi avec le regard des peuples du monde""Nous négligeons le fait qu'une grande partie du monde n'est pas convaincue par nos positions et ne s'intéresse pas aux combats menés aujourd'hui au cœur de l'Europe".  Ces Nations considèrent que cette guerre est une affaire entre Européens et qu’il n’y a que le risque d’en subir des désagréments et peut-être plus.  Comment peut-on ignorer l’alliance Chine-Russie, solide et inébranlable, malgré les efforts du président américain Joe Biden. On continue à lancer des « trains » de sanctions qui nuisent à l’économie européenne, des sanctions inopérantes pour le but recherché, la « cible » étant adossée à la plus grande puissance économique du monde : la Chine.   Vladimir Poutine veut démontrer que la Russie assume le leadership dans la bataille contre l’Occident dominateur et égoïste, leadership de tous ces pays qui développent aujourd’hui un fort sentiment anti-occidental, qui l’affichent par leurs propos et actions, particulièrement en Afrique. Pour lui, la bataille pour la sécurité contre l’Occident est lancée.  Loin de chercher une victoire éclatante, Poutine s’évertue à geler la situation, convaincu que le temps joue contre l’Ukraine et contre l’Europe. A côté de l’action militaire qui a montré ses limites, le temps est venu d’entamer une véritable action diplomatique et négocier une sortie honorable pour toutes les parties. A suivre Washington dans sa politique aveugle d’affaiblissement de Moscou, l’économie européenne risque une récession de longue durée.   La Chine a développé une amitié illimitée avec la Russie, ancrée profondement par de nombreux intérêts communs présents et à avenir. Si la Chine met en place une politique d’aide à Moscou à l’instar de Washington qui fournit armes et munitions à l’Ukraine « jusqu’au dernier Ukrainien », la guerre peut prendre une toute autre dimension néfaste à l’Europe.  Le dialogue avec la Chine qui porte, elle aussi, un regard méfiant sur l’égoïsme occidental, s’impose. L’Occident, Amérique en tête, doit réaliser que le monde est de moins en moins à l’écoute de ce qu’il pense ou souhaite, particulièrement en Afrique. La guerre d’Ukraine aura été un révélateur de cette nouvelle situation et du déclin de l’Europe. Contrairement à ce que le soft-power américain enseignait, la Russie s’est révélée une puissance économique qui compte. Balance commerciale positive, Europe dépendante du gaz et du pétrole russes, un des premiers producteurs de blé au monde, fournisseur privilégié de terres rares et nombre de produits indispensables à l’industrie européenne, endettement voisin de zéro, on est loin de l’image aimablement donnée par les « spécialistes » de l’économie russe.  Croire que le président Poutine est impopulaire auprès de son peuple, qu’il est virtuellement sur le départ, c’est faire preuve d’une ignorance crasse de la situation. Le peuple russe lui est gré d’avoir redonné à la Russie sa place dans le concert des Nations. La Russie est de nouveau présente dans de nombreux pays arabes et très active en Afrique. Elle est devenue incontournable en Syrie et dans nombre de situations tendues au Moyen-Orient. Pour ce peuple slave, c’est une revanche contre le dédain dont ils furent l’objet lors de l’implosion de l’URSS. Embrassant le régime libéral avec la loi du marché et la propriété individuelle, ils espéraient un accueil plus chaleureux, d’Amérique particulièrement. C’est en Nation vaincu que Washington les a traités. Le peuple a de la mémoire, aussi Poutine est là pour longtemps ! il faut en prendre son parti et réviser l’attitude de l’Occident à son égard. 

 

 

 

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17 février 2023

LA FOLIE DES ECOLOGISTES

               On peut se demander si les écologistes réalisent qu’ils veulent ramener l’agriculture au XIXe siècle.

 Jusqu’à aujourd’hui, le monde a toujours soutenu ses agriculteurs, une profession vitale pour toutes les civilisations. Mais certains hommes politiques, décideurs de surcroit, s’emploient à la rendre chaque jour plus difficile.

 

 Ces politiques, contaminé par l’idéologie écologiste, ignorance ou calcul électoraliste, se joignent aux  technocrates européens et français pour imposer  chaque mois, chaque semaine, des contraintes et interdictions supplémentaires aux agriculteurs. 

 L’environnement a bon dos, cette « nouvelle religion » veut obliger les agriculteurs, déjà en nombre décroissant, à produire dans des conditions identiques à celles de la fin du XIXe siècle, pour nourrir deux fois plus de consommateurs. Elle veut supprimer la motorisation, sous prétexte qu’elle est polluante.   Faut-il revenir à la traction animale ? Cela suffira-t-il pour satisfaire les défenseurs de la cause animale pour qui la traction animale serait une souffrance insupportable et inadmissible.

  La binette, la faux, la faucille et le fléau manié de la main de l’homme vont-ils devenir l’image de l’agriculteur du XXIe siècle.  L’écologie s’attaque également à ce qu’elle nomme outrancièrement les « pesticides », des produits homologués selon des normes de sécurité identiques à celle des médicaments. Rien n’arrête ces enragés, sauveurs auto-proclamés de la planète. Les médicaments protègent les humains, mais les phytosanitaires les empoisonneraient…

Les agriculteurs néerlandais ont vivement réagi à cette politique qui entraînerait la fermeture de 11 000 fermes et menacerait la pérennité de 17 000 autres sur 53 000 que compte le pays. 

 Malgré la pression pour imposer la notion de toxicité des nitrates, de nombreux travaux de scientifiques ont non seulement contredit cette thèse, mais démontré des effets bénéfiques.

David Schindler, limnologue de réputation mondiale, a démontré que l’eutrophisation des masses d’eau n’était pas due à l’excès de nitrates, mais à la présence de phosphore.

Et de préciser : « Il n’y a absolument aucune preuve que la restriction de l’azote permette de réduire l’eutrophisation dans les lacs ou les estuaires. […] ajouter de l’azote seul n’a jamais provoqué une augmentation de l’eutrophisation, tandis qu’ajouter du phosphore l’a toujours fait. »

 Bruxelles devrait appliquer ses textes, à savoir la directive nitrates 91/676/CEE qui prévoit dans son article 8 : « Les annexes de la présente directive peuvent être adaptées au progrès scientifique et technique, conformément à la procédure prévue à l’article 9. »

L’Union européenne repousse l’évaluation du glyphosate à la mi-2023.

Son interdiction ardemment voulue par les militant écologistes est insuffisamment documentée relativement à sa toxicité et à la dangerosité qu’il représenterait. Ces militants ont mené une campagne d'intoxication médiatique qui s’est soldée par un échec tant la méthode et les résultats se sont révélés manipulés.

Ce qui est interrogatif, c’est que les écologistes demandent l’interdiction du glyphosate en France, alors qu’on ne trouve pas des résidus dans les produits français, mais ils ne demandent pas l’interdiction d’importer des produits qui en contiennent et surtout occultent l’origine des produits analysés.

 Et l’eau, l’article 641 du Code civil énonce : « Tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds. »

Il est évident que selon cet article les agriculteurs, qui possèdent l’immense majorité des surfaces françaises, peuvent disposer de la majorité de l’eau que nous dispense le ciel. Seulement, comme la majorité des citoyens habitent en ville, ils ont voulu que l’accès à l’eau soit considéré au niveau de la personne, et non de sa finalité.

Dans un contexte climatique où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et sévères, l’eau devient un bien de plus en plus précieux. Sa préservation est de plus en plus réglementée.

Mais les écologistes ne l’entendent pas de cette oreille et s’opposent au stockage de l’eau par les agriculteurs. Ils vont même jusqu’à affronter les forces de l’ordre (Sivens, Sainte Soline) avec mort et blessés à la clef, et saccager les retenues d'eau appartenant aux agriculteurs.

   Pour être efficace, il faudrait remplacer les cultures par des prairies et des forêts. Mais comment pérenniser des prairies si les promoteurs de ce principe veulent aussi supprimer l’élevage ? Il faut des animaux pour entretenir une prairie ! Et comment nourrir les populations si l’on remplace les cultures par des forêts ? 

La focalisation des causes de la pollution sur l’agriculture conduit les écologistes et les décideurs qui les écoutent aveuglément à un parangon fou : s’il n’y avait plus d’activité agricole, il n’y aurait plus de pollution. Et de penser que pour ne plus sentir l’odeur des élevages en France, il suffit d’acheter du poulet brésilien ou du bœuf argentin. Et pour ne plus utiliser d’herbicides, il suffit d’acheter à l’étranger. Même si les produits qui en proviennent contiennent des résidus, L’examen des analyses précitées apporte la preuve que cette vision est non seulement fausse mais suicidaire.

À vouloir supprimer aux agriculteurs tout ce qui leur a permis en un demi-siècle des gains de productivité spectaculaires, lesquels ont eu pour effet de diminuer des deux tiers la part alimentaire dans le budget des ménages, on va les contraindre à se retrouver dans des conditions de travail identiques à celles de la fin du XIXe siècle.

Plutôt que de soutenir une profession vitale pour tous les pays, les décideurs s’emploient à la rendre chaque jour plus difficile. Sauront ils s’arrêter avant que des pays comme la France ne deviennent totalement alimentairement dépendants des importations, Les écologistes cherchent-ils le retour des disettes des siècles anciens ?

Messieurs les écologistes, rappelez-vous ce que déclarait le duc de Sully (1559-1641), sous Henri IV : « Le labourage et le pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée et des vraies mines de trésors » 

 

 

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10 février 2023

MENSONGES ET GOUVERNANCE

  Le mensonge politique a sa loi, sa justification, son explication, et il est bien évident qu’on ne peut rien en dire ou presque, sauf à le blâmer. L’analyse le réduit à des motivations de divers ordres, soulignant son sens dans des formules qui le condamnent toujours quasi-unanimement avec des pseudo-équivalences moralisatrices, substituant des rationalisations à son énigme. Le noyau du mensonge est un ineffable. La singularité du discours se situe en dehors de la psychologie, de l’individuel, des références à son monde extérieur – c’est-à-dire à la vérité –, car c’est le plus intérieur de son intériorité qui doit être ramené au jour. 

Art de la persuasion, la rhétorique n’est pas le mensonge manipulatoire sophiste ni l’Idée pure sans conditions, mais une danse oratoire qui efface les frontières, une manière d’absoudre le mensonge en se mentant à soi-même dans le seul but de gagner ou de maintenir le pouvoir. 

 En Afrique, le mensonge est policé, il devient feinte, subtilité́ exquise. Et c’est la confiance de l’autre qui se trouve ainsi piégée par une parole qui change complètement l’ordre discursif. Le menteur avance masqué ! Le mensonge devient alors une affaire de toutes les catégories sociales, pour ne pas dire un phénomène social

Platon, les Sophistes et Aristote respectent l’unicité́ de la vérité́ (du bien, du beau, etc.) 

 Machiavel sépare à tout jamais les sphères du discours : il y a une morale individuelle et une morale politique. L’une est un rapport personnel à ses croyances, l’autre est une responsabilité vis-à-vis du corps social dont le Prince doit assurer la stabilité.      Les deux sphères sont séparées à jamais : La vertu politique est mise en scène par le mensonge. 

 Il faut savoir doser mensonge et vérité. Le peuple ne supporte ni l’indécision, ni les longues explications qu’il ne comprend pas et qui l’ennuient et certainement pas le difficile « principe de réalité ».  La fin publique justifie les moyens dénoncés par la morale individuelle. Alors la politique devient le mensonge. 

 Pour se maintenir au pouvoir ou y accéder, l’homme politique a souvent recours au mensonge. C’est vrai particulièrement pour un chef d’État. 

 Il y a tout d’abord les mensonges descampagnes présidentielles. François Mitterrand, par exemple, a utilisé son « programme commun » pour se faire élire et l’a abandonné dès 1983. Le mal a été irréversible et le pays le paye encore aujourd’hui.

Lors du débat de l’entre deux tours de 1988 l’opposant à Jacques Chirac, ce dernier l’avait accusé d’avoir menti dans l'affaire Gordji, une sombre affaire où le diplomate iranien était suspecté d’avoir participé à l’attentat de la rue de Rennes à Paris et absout pour avoir aidé à la libération d’otages français au Liban : « Pouvez-vous vraiment contester ma version en me regardant dans les yeux ? » Mitterrand rétorque : « Dans les yeux je la conteste ». Il s’agissait bien d’un mensonge qui l’a aidé à gagner l’élection.

François Hollande a menti en affirmant : « Moi président je ne recevrai pas les parlementaires à l’Élysée », ce qu’il a fait un an plus tard le 19 avril 2013.

François Mitterrand avouait volontiers : « Je n'aime pas les riches » alors que selon ses propres critères la richesse commence à partir de 4000 euros mensuels. Comme il devait se détester !

D’autres promesses ne seront également pas ou partiellement tenues par François Hollande : « Je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire ». « J’aurai à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État, Je le réformerai. »
« J’introduirai la représentation proportionnelle ».

 La liste est longue de Présidents qui n’ont pas respecté leurs engagements, avec des conséquences plus ou moins catastrophiques pour l’avenir du pays !

C’est certainement pendant leur mandature que les présidents mentent le plus. Le plus fréquemment utilisé : « c’est la faute de l’Europe ».  C’est facile, pour expliquer ses erreurs et son manque de courage d’accuser l’Europe de tous les maux de la Terre, avec comme conséquence la détestation de celle-ci par une part croissante de la population.

Un autre mensonge est de laisser croire que la France est libérale, voir ultralibérale, alors qu’elle est le pays le plus étatique d’Europe avec des prélèvements obligatoires qui devraient la classer parmi les pays socialistes. D’ailleurs elle est fréquemment considérée comme un pays communiste. La réalité révélée est qu’elle est bien un pays communiste qui est en voie d’implosion. 

La liste est malheureusement trop longue pour citer ici l’ensemble des mensonges proférés à des niveaux différents par la majorité des chefs d’État. 

 La France n’a malheureusement pas le monopole du mensonge en politique. En voici quelques exemples récents :

Donald Trump a utilisé sans complexe le mensonge comme argumentaire lors de sa dernière campagne, mais aussi lors de la première qui l’a amené au pouvoir : la raison pour laquelle il a échappé au service militaire ; selon le Washington Post durant les 100 premiers jours de son mandat il aurait prononcé « 417 déclarations fausses ou trompeuses ».

Boris Johnson a utilisé et assumé le mensonge dans sa campagne pro Brexit. Il est convoqué par la justice britannique à ce sujet. On peut donc le considérer comme responsable des graves problèmes actuels en Grande Bretagne.

À des degrés différents toutes les dictatures, de Xi Jinping à Ebrahim Raïssi en Iran en passant par Erdogan et les 50 dictatures recensées par Wikipédia : 19 en Afrique sub-saharienne, 12 au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique, 7 en Eurasie, trois en Amérique et une en Europe (Biélorussie) ont recours au mensonge.

En fait, le mensonge d’État est pratiqué dans le monde entier, soit pour se maintenir au pouvoir soit pour y accéder. Ces mensonges impactent la vie des citoyens, heureusement à des niveaux et des degrés différents.

 Les chefs d’État n’ont pas la prérogative du mensonge. À de rares exceptions près, toute la classe politique le pratique par volonté, par ignorance mais pire par idéologie.

Il y a plus grave encore : Dominique Voynet reconnait avoir trahi la République en se faisant complice de son homologue anglais avec qui elle a monté un complot contre Lionel Jospin qui lui avait dit de défendre, avec les Anglais, le nucléaire à Bruxelles.

La liste est longue des lâchetés des politiciens qui, pour satisfaire leur carrière politique, n’hésitent pas à mentir et mettent leur pays dans une situation difficile. 

La France est endettée à outrance afin que les politiques ne se déjugent pas de leurs engagements irréalistes. Ce sont leurs petits-enfants qui paieront ces inconséquences.

 

 

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03 février 2023

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET NOUS

         Depuis quelques jours on ne parle que de « Chat GPT » et des bots politiques dernière génération.

L’arrivée des agents conversationnels dans le domaine politique n’est pas une nouveauté. L’IA ne cesse de progresser et se retrouve déjà dans nombre de nos usages au quotidien… et les tentations ici et là d’y avoir recours sont multiples.

Aujourd’hui, ChatGPT développé par OpenAI est spécialisé dans le dialogue et conçu – selon ses développeurs – pour être utilisé dans des applications de chat en temps réel. Voilà un assistant virtuel qui ne manque pas d’intérêts. Sa dernière prouesse : réussir un examen d’une faculté de droit américaine renommée :

« Christian Terwiesch, professeur de la prestigieuse université américaine de Wharton (dont le programme de MBA est classé n°1 mondial selon le Financial Times et n°1 aux États-Unis selon le classement 2023 U.S. News & World Report) a soumis le chatbot d’OpenAI à un examen de son cours de management des opérations qui fait partie du cursus MBA, parmi les plus réputés du monde ». Le résultat a été bluffant : des notes de B- à B, soit de 10,5 à 12 sur 20, une moyenne pour le moins honorable par rapport aux résultats usuellement obtenus par les étudiants. On ne peut qu’être admiratif et anxieux à la fois.

Cette prouesse, largement médiatisée, n’a pas manqué de provoquer à la fois de l’enthousiasme et une véritable émotion, partout dans le monde, émotion et inquiétude.

 SPARROW, un chabot conçu par Deep Mind se veut une possibilité de contrecarrer le chatGPT d’OpenAI. La question est de savoir si nous sommes vraiment devant une nouveauté révolutionnaire ? 

Yann LeCun, pionnier de l’Intelligence Artificielle n’est pas de cet avis : « Rien de moins certain, le public se méprend sur l’aspect innovant et unique du Chatbot d’OpenAI ». Selon lui il faut corriger la perception du public et des médias qui voient ChatGPT comme une percée technologique incroyablement innovante et unique, en avance sur tout le monde. Et LeCun de trancher : « ce n’est tout simplement pas le cas ! ».

Ceci étant précisé, il ne faudrait pas écarter le côté plus sombre et même dangereux de l’usage potentiellement dévoyé de Chatbots voués à être de plus en plus performants, particulièrement dans des domaines touchant l’information et bien entendu la politique.

 Vincent Flibustier, créateur du site parodique  Nordpress a développé un Chatbot nommé ChatCGT, une version marxiste de ChatGPT qui n’apprécie ni le président français Emmanuel Macron, ni a fortiori sa politique.

Ce Chatbot répond de façon naturellement orientée à toutes sortes de questions et apporte des réponses et du contenu « crédible » à ses utilisateurs. Un contenu qui pourra rapidement essaimer sur le réseau par les plus convaincus ou des militants les plus actifs. Nul besoin de juger de la pertinence ou non des réponses apportées par un Bot politique idéologiquement marqué.

Il a néanmoins le mérite indéniable de mettre en lumière l’enjeu politique et poser les bonnes questions : quels usages ? quels impacts réels ? quel encadrement juridique ?

 A aujourd’hui, la plupart des bots étaient capables de tenir une conversation basique, le temps a passé depuis. En s’appuyant sur le Natural Language Processing (NLP) – une technologie qui permet aux machines de comprendre le langage humain, avec les progrès du deep learning,  il va de soi qu’ils seront de plus en plus difficiles à détecter s’ils ne sont pas présentés à l’utilisateur comme tel.

En France, les agents conversationnels dans le domaine politique ne sont pas une nouveauté. Par exemple le bot politique de Benoit Hamon, nommé Le « Botnoît » que le présidentiable avait utilisé lors de la campagne 2017. Le seul risque pris étant alors pour le politique y ayant recours de se fier à un Chatbot insuffisamment « puissant » : le politique ne doit jamais omettre qu’un Chatbot n’est encore à ce jour pas infaillible et qu’il parle en son nom.

 Lorsque l’ensemble des partis seront dotés – ou vont se doter de ce type d’outil – se posera alors la question d’une part de la finalité d’usage et d’autre part de son identification transparente, à savoir que l’usager soit informé qu’il a affaire à un bot politique.

 Les Chatbots politiques doivent être identifiables, porteurs de réponses certes partisanes, mais fiables et centrées sur leur projet politique… alors, tout serait pour le mieux dans le meilleur des cybermondes…

Malheureusement, la naïveté est interdite en la matière. Un bot politique n’est pas neutre ! Dès lors, si les choses ne sont pas très encadrées par le législateur, lors de campagnes futures, les démocraties peuvent redouter la démultiplication de bots politiques « dissimulés » dédiés à une propagation des Fakesnews, d’où une augmentation substantielle de la désinformation, avec pour objectif, de nuire à un adversaire. Si ces bots sont utilisés de façon dévoyée, ces avancées en IA représentent donc, un grave danger pour un scrutin démocratique sain et éclairé. Ils sont aujourd’hui, tout à fait opérationnels pour manipuler l’opinion publique.

L’usage malfaisant des bots politiques doit donc être pris en compte par le législateur, mais dans les faits, quelles sont les sanctions ? Certes le citoyen peut dormir tranquille, le texte lui permet notamment de « saisir un juge qui, en quarante-huit heures, statuera sur la nécessité de faire cesser la diffusion d’une fausse nouvelle de nature à altérer la sincérité d’un scrutin. »…

La belle affaire ! C’est une véritable problématique dans la mesure où quand bien même sanction il y aurait, elle ne tomberait jamais qu’après le scrutin. Le risque pris d’un usage dévoyé est donc réel. Doit-on simplement qu’espérer des hommes et des femmes de biens. S’ils existent encore, il serait judicieux que toutes personnes se sentant concernées prennent connaissance des conseils de la CNIL(Commission Nationale de l’informatique et des Libertés) pour respecter les droits des personnes.

« Tout le monde manipule tout le monde et c’est ce qui rend la politique dangereuse et passionnante à la fois. » avait déclaré Bruno Kreisky, l’ancien chancelier d’Autriche.

 

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27 janvier 2023

2023 : GERER LES INCERTITUDES

    L’incertitude engendre la crainte et elle est grande en ce début d’année devant une actualité qui nous pose moult questions. Elle risque de nous imposer une révision de nos attitudes et une remise en question de nos choix. Cette incertitude va-t-elle devenir la norme pour cette nouvelle année ?

 La situation économique est préoccupante eu égard aux variations du prix de l’énergie, à l’inflation, aux ruptures dans les chaînes de produc­tion, à la santé, à l’environnement, au politique et à la géopolitique. La guerre interminable d’Ukraine laisse les analystes interpellés par l’obstination de Washington à nourrir et maintenir une guerre en Europe, guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu. L’illusion de croire affaiblir ainsi la Russie et l’Europe, illustre la médiocrité historique de la politique étrangère américaine. Ne voir midi qu’à sa porte, est une approche à éviter en géopolitique. Malheureusement certains pays sont aveuglés par leur politique hégémonique.

 On n’est pas tous égaux face à l’incertitude, loin s’en faut, aussi bien du point de vue des indicateurs de santé mentale que des conséquences économiques de la situation. Il faut reconnaître que les États-Unis sont les grands « profiteurs » de la guerre en Europe et de la politique des sanctions à l’égard de la Russie. Le complexe militaro industriel américain engrange des superbénéfices et le gaz américain a trouvé une santé insolante qu’il recherchait vainement.

 Cependant, la relation entre anxiété et absence de contrôle est pri­mordiale pour le citoyen lambda. Le référentiel pour gérer les situations, vise plus souvent à éli­miner l’incertitude qu’à l’apprivoiser. Les entrepreneurs, eux non plus, n’échappent pas à la règle. 

Le contrôle n’est rien d’autre que la capacité d’agir dans une situation pour éventuellement la modifier.  Souvent, on tend à considérer que ce qui se passe ne dépend pas de soi. Certains croient que tout dépendra de soi et non pas de l’envi­ronnement et d’autres que tout dépend à la fois de l’environnement et de soi. Analyser ce qui fonde ces trois attitudes peut aider à tirer des conclusions utiles pour mieux appréhender l’incertitude dans son quotidien. C’est l’environnement qui dicte sa loi. Ceci confère un caractère objectif à la situa­tion. On doit s’adapter aux faits constatés, le contrôle se réduit à la capacité à s’adapter à une situation pour en tirer profit ou s’en défaire. 

Cette approche caractérise l’action de l’entrepreneur milliardaire Elon Musk, patron de SpaceX, Tesla et désormais Twitter. Il veut rendre désirable l’idée d’habiter un jour sur la planète Mars. Le contrôle s’exerce principalement sur les moyens de convaincre et de tout mettre en œuvre pour influencer le cours des choses. Rien à ce jour ne permet de dire qu’il soit possible de vivre sur cette planète, ni même de s’y rendre en toute sécurité. Ce projet naît de la subjecti­vité de Elon Musk qui conduit l’action.

Force est de constater qu’il est possible d’influencer autant que de nous laisser influencer. C’est la posture que décrit la théorie de l’effectuation développée par Saras D. Sarasvathy en 2001, qui fait l’objet de travaux récents. Saraswathy est professeur en Entreprenariat, en stratégie d’entreprise et d’éthique, à l’université de Virginia Dardan School of business. USA. 

 On peut contrôler ou gérer au mieux une situation incertaine dès que l’on n’accepte que des risques acceptables, que l’on s’ap­puye sur les autres, que l’on  co-créer avec eux, que l’on tire parti des inattendus résultants des incertitudes et surtout que l’on ne s’engage que si on le veut. Cette approche s’appuie sur une représentation non déter­ministe et non autoritaire de la marche du monde.  Nous nous sommes tous retrouvés à un moment ou à un autre face à de telles situations qui nous imposent un choix. 

La dernière approche est la plus adaptée à un haut niveau d’incertitude dans la mesure où elle permet d’avancer à partir des données du présent et non pas d’un futur hypothétique objec­tivé ou subjectivité.

 L’incertitude doit être perçue comme incontournable, alors nous devons apprendre à y faire face, au lieu de s’y opposer.

 

 

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