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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
12 juillet 2014

Le paradoxe hongrois

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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Bruxelles, dans sa course vers l’Est, avait accroché à son tableau de chasse, la Hongrie. Animée d’un reflexe pavlovien hérité de la guerre froide, l’Union européenne se devait de s’élargir le plus rapidement possible, par l’intégration des anciennes républiques soviétiques. Amenant dans ses bagages l’Otan, le but inavoué et entretenu par Washington, a été de neutraliser ce permanent danger : la Russie. Aussi, Moscou suit attentivement la situation dans les anciennes républiques soviétiques. Chaque élection est une occasion pour le Kremlin d’aider les candidats, du centre, de la droite, voire de l’extrême droite, l’essentiel est qu’ils soient russophiles. 

Dès le milieu des années 90, la Hongrie s’inscrit dans une démarche de convergence avec

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les objectifs de l’Union européenne. Elle devint ainsi membre de l’Union le 1er mai 2004 et intègre l’espace Schengen le 21 décembre 2007. Si la Hongrie est active dans le développement de l’Union vers les pays de l’Est, elle poursuit aussi une forte politique de coopération avec la Russie et la Chine. C’est le même pays, qui avait pris les armes en 1956 contre la tutelle soviétique, qui devient, aujourd’hui, un élément non négligeable dans la stratégie géopolitique de Vladimir Poutine. Les vainqueurs des élections législatives hongroises du 6 avril dernier, et des dernières européennes, le Fidesz du nationaliste conservateur, Viktor Orban, et le parti d’extrême droite de Gabor Vona, dénoncent la faillite morale de l’Occident pour se retrouver à des degrés divers, dans la sphère d’influence de Moscou. Plus surprenant, à les entendre, ils semblent lorgner sérieusement sur l’Union eurasienne chère à Poutine.

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 Le paradoxe est que la Hongrie, tout en étant un acteur actif de l’Union européenne dans la région, et membre très engagé dans les activités de l’Otan, souligne l’importance de bonnes relations avec une Russie, toujours plus influente, aux dires des dirigeants hongrois. Lors d’une réunion à Kaliningrad en 2013, du groupe de travail interparlementaire entre la Russie et l’Union européenne, le député hongrois, Bela Kovacs, n’a pas hésité à posé la question, je cite : « voit-on une possibilité dans le futur, qu’un pays membre de l’Union européenne puisse débuter des négociations en vue d’adhérer à l’Union eurasienne » fin de citation. La Hongrie est le second pays de l’Union européenne, après la Finlande, à avoir fait appel aux Russes pour le nucléaire civil. Ceci fait un peu désordre, lorsque l’on connaît l’ambition de Viktor Orban à devenir une plaque tournante de l’énergie, au sein de l’Union européenne.

 C’est dans cette stratégie géopolitique énergétique, que la Hongrie a été très active pour

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accueillir les projets South Stream et Nabucco. Il s’agit pour South Stream d’un gazoduc paneuropéen et pour Nabucco, d’un gazoduc reliant l’iran et les pays de la Transcaucasie à l’Europe centrale, deux projets portés par l’Union européenne. Pour Jobbik Vona, le leader hongrois d’extrême droite, la Russie est la gardienne de l’héritage européen, à la différence de l’Union européenne qui n’a cesse de le trahir. Pour un membre actif de l’Union européenne, cela fait beaucoup. On est en droit de se poser la question si la Hongrie est un atout dans le jeu du locataire du Kremlin. La Russie a-t-elle fait de la Hongrie un véritable cheval de Troie introduit dans la forteresse européenne ? 

Il faut s’attendre à entendre parler de la Hongrie très bientôt.

 

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