Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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Pour les alliances politiques comme pour les unions entre deux personnes, il y a des mariages de raison qui s’imposent. L’accélération des événements au Moyen Orient, en Syrie et particulièrement en Irak, rend une entente irano américaine des plus urgente.

 Des convois djihadistes emportent ville après ville en Irak. Les radicaux sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant, le EIIL,  interpellent les élites politico-militaires aussi bien américaines que britanniques ou françaises. L’invasion en Irak n’a laissé que deux vainqueurs, les chiites pro-iraniens et les sunnites, avec en prime le chaos. Cette guerre civile qui traverse tout le Moyen Orient, est en train de prendre une tournure qui risque de redessiner l’ensemble du monde arabo-musulman, plus particulièrement le Moyen Orient. Pour beaucoup, c’est le pétrole qui est à l’origine de ce beau gâchis, un peu simpliste comme explication. On est mort en masse pour Dieu, pour la Patrie ou pour la Révolution, bien plus que pour l’argent. On se bat pour une idéologie nationale ou révolutionnaire, pour une religion, en somme pour des causes qui méritent, à tort ou à raison, qu’on les considère sacrées.

 Que dire de la tragédie des chrétiens d’Orient ? L’éradication des minorités religieuses ne peut être considéré comme un dommage collatéral. C’est le but

affiché des hordes djihadistes qui n’hésitent pas à mettre sur la toile les vidéos de leurs sinistres forfaits. Les crises accumulées dans la région ont suscité une rancœur qui nourrit la guerre identitaire. L’implosion identitaire est en train de conduire à la libanisation du Moyen Orient tout entier. L’Irak est en train de devenir le laboratoire de cette guerre identitaire entre potentats sunnites fondamentalistes et Chiites.

 Les Américains et tout le monde occidental doivent tirer les leçons des erreurs commises au nom d’idéologies simplistes et souvent utopiques. On ne dira jamais assez que l’impréparation du départ des forces américaines en Irak est à l’origine du chaos que l’on constate aujourd’hui. Nouri Al-Maliki, le premier ministre chiite, par son incurie, son clientélisme, son sectarisme,est le principal architecte de ce gâchis. L’avenir de l’Irak dessine deux alternatives et deux seulement : une structure fédérative gouvernée par une large coalition nationale, ou l’éclatement du pays en plusieurs Etats ethniques accompagné d’affrontements inexpiables.

 Une nouvelle donne stratégique au Moyen Orient, fondée sur une entente entre l’Iran et les Etats Unis

d’Amérique est possible. Jamais la situation n’a jamais été propice à un tel rapprochement. En Iran, trente cinq ans d’anti- américanisme clérical cultivé par l’ayatollah Khomeiny et poursuivi par le guide suprême  l’ayatollah Khamenei ont, paradoxalement, rendu la population très pro-américaine. Aux Etats Unis, le président Barak Obama avait été le premier, en mars 2009, à tendre une main cordiale à la population et au gouvernement iranien. La construction d’une entente stratégique entre Washington et Téhéran constitue la seule chance pour que le Moyen Orient retrouve paix et stabilité. C’est une véritable union de raison où chacun apportera sa contribution à la corbeille de mariage. Il viendra le moment où l’Amérique lèvera ses sanctions commerciales contre l’Iran. Alors, l’Amérique, trouvera dans l’Iran un partenaire fiable contre le terrorisme islamiste. Personne, personne n’a intérêt que le Moyen Orient sombre dans une guerre sunnites-chiites généralisée.