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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
25 octobre 2011

Le parti Ennahda en tête des élections tunisiennes

 Chronique Politique du Vendredi Matin dans les Matins Luxe sur Luxe Radio


Les élections tunisiennes ont donné la part belle aux islamistes du parti Ennahda. Ce dernier a revendiqué immédiatement une position dominante dans un paysage politique inédit. Le camp laïque, tout en reconnaissant que c’est la démocratie, ne peut s’empêcher de s’estimer spolier de sa révolution et le dit tout haut.

mosquee-tunisie

Les islamistes, devant la levée de bouclier des deux partis de gauche arrivés deuxième et troisième, veulent rassurer et donner des gages. En effet, obligés de s’unir pour pouvoir gouverner, ils donnent pour exemple de leur modération et de leur sagesse, la Turquie d’Ergodan, qu’ils prennent, disent-ils comme modèle. Les islamo-conservateurs et leurs éventuels partenaires laïcs vont devoir se répartir les rôles pour ne pas avoir à porter en solitaire le fardeau de la crise économique. Il leur faudra rassurer les investisseurs internationaux et atténuer l’impact des prévisibles affrontements idéologiques. A Tripoli, sans attendre le verdict des urnes, le chef du Conseil national de transition déclare que la nouvelle constitution aura comme base la Charia. Il va, au delà des déclarations d’intentions, donner comme exemple de son application, l’autorisation de la polygamie.

Les Egyptiens, avec l’entente qui se dessine entre les Frères musulmans et l’armée, vont se retrouver dans le même cas de figure que les Tunisiens, une révolution récupérée par les religieux. La Turquie, comme modèle de l’islamisme modéré, dans le respect des libertés individuelles et des droits de l’homme, n’est ni exemplaire ni comparable à la situation en Tunisie, en Egypte et encore moins en Lybie.

La Turquie a été durablement marquée par le Kémalisme qui a donné des droits aux femmes et imposé la laïcité. Elle est, depuis 1923,  une république démocratique, unitaire, constitutionnelle, étatiste, réformatrice et laïque. La constitution garantie la liberté de conscience et de culte, tout en déclarant l’Islam, religion de l’Etat. C’est dire que des garde-fous ont été, tout au long des années kémalistes et après, mis en place pour préserver les acquis de la Laïcité et de la révolution. L’armée, omniprésente, même si le politique a enfin pris le pas sur les généraux, reste un garant sérieux des avancées turques. Rien de ce qui précède ne se retrouve dans le printemps du monde arabe.

A Tunis comme à Tripoli, les partis islamistes et les autres, sont en réalité, en train d’inventer la démocratie musulmane. Comment peut-on refuser à ces citoyens le droit à un modèle qui leur soit propre, ou remettre en cause leur identité musulmane. Comme le dit si bien, Alain Juppé, ministre des affaires étrangères de la France : «  Il ne faut pas se crisper sur la peur, mais allier vigilance et confiance ». La communauté internationale, qui doit aider ces Etats en devenir, doit afficher ses lignes rouges, et surtout son refus de la violence contre les minorités, les opposants et contre les femmes. Des principes qui devraient inspirer leurs futures constitutions.

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