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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
21 octobre 2016

Washington n'arrive pas à mobiliser l'Europe contre la Russie.

Chronique politique hebdomadaire du vendredi

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La mobilisation générale, décrétée par Washington contre la Russie, fait choux-blanc. L’Union européenne n’envisage pas de recourir à de nouvelles sanctions économiques contre Moscou.

C’est une bonne nouvelle, dans cette guerre froide artificielle, installée par les américains. Frederica Mogherini, chef de la diplomatie de l’UE, déclarait peu avant la réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l’Union européenne : le groupe n’envisage pas de nouvelles sanctions contre la Russie. Ceci était en quelque sorte, une réponse à John Kerry, le secrétaire d’Etat américain qui déclarait, vingt quatre heures auparavant, à Londres : des mesures supplémentaires étaient envisagées contre Damas et ceux qui le soutiennent.

Si Washington continu à brandir la menace de nouvelles sanctions, elle se garde bien de rompre le dialogue avec Moscou, Poutine étant devenu incontournable dans plusieurs dossiers, la Syrie et l’Ukraine, entre autres.

L’Union européenne est loin d’avoir une position unanime à l’égard de la Russie. L’Italie de Matteo Renzi, touchée dans ses échanges commerciaux, la Hongrie de Victor Orban, dépendante de la technologie nucléaire russe, la Slovaquie de Robert Fico qui importe la quasi totalité de son gaz et de son pétrole, la Grèce et Chypre, alliées historiques et cousines en orthodoxie, tous ces Etats déclarent ouvertement qu’ils ne veulent pas s ‘aligner sur l’Amérique, dans cette prétendue nouvelle guerre froide. La question des sanctions divise l’Allemagne et la chancelière, Angela Merkel est sous pression. Certains considèrent que des sanctions envers la Russie, conduisent à « se tirer une balle dans le pied. ». Le chancelier autrichien, Werner Faymann va plus loin. Il souhaite la création d’un espace commun comprenant la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Il défend même, une Europe qui irai de Brest à Vladivostok, et d’ajouter, comme le prédisait le général De Gaulle.

L’erreur des Etats-Unis, suivis par l’Europe, a été de traiter la Russie en pays vaincu, lors de l’implosion de l’URSS. Ce grand pays, le plus vaste du monde, était revenu dans le système économique occidental, sans état d’âme. Comme le retour de l’enfant prodige, il fallait l’accueillir les bras ouverts, l’arrimant ainsi dans le concert des Etats démocratiques. Devant cette situation, Poutine n’a eu de cesse de redonner à la Russie son rang de grande puissance, et acter son retour dans la diplomatie, en démontrant sa capacité de gestion globale du monde. Au Moyen-Orient, qu’on l’approuve ou non, il est l’un des seuls pays à avoir une stratégie. Poutine a exploité la vacance du pouvoir américain dû à son basculement géopolitique vers le Pacifique.

Les Américains, en bons protestants, ramènent toujours leurs affrontements à une lutte entre le Bien et le Mal, bien entendu, le Mal, étant l’autre. Ceci explique la facilité avec laquelle ils basculent rapidement vers une guerre froide, et ne comprennent pas que « les autres » ne les suivent pas.

Oui, Poutine a repris la Crimée, que Nikita Khrouchtchev avait offert à l’Ukraine en 1954, dans le cadre d’une réorganisation administrative. Laissons Mikhaïl Gorbatchev conclure sur ce sujet : « Si, à l’époque, la Crimée a été unie à l’Ukraine selon des lois soviétiques, sans demander son avis au peuple, aujourd’hui ce peuple a décidé de corriger cette erreur, » déclaration faite le 17 mars, après le plébiscite par la population d’un rattachement à la Russie.

La Russie juge qu’il y a deux poids, deux mesures, dans les relations internationales, analyse que partage la Chine. L’Afghanistan en 2001, l’Irak en 2005, la Libye en 2011, seraient l’œuvre altruiste de puissances visionnaires. Les bombardements massifs au Vietnam, le martyr du Laos, qui a reçu plus de 100 millions de bombes en cinq ans, ne sont que des péripéties de guerres « justes et nécessaires ».

 

Le 20 et 21 octobre se tient une réunion du Conseil de l’Europe avec, au menu, un débat d’orientation sur les relations avec la Russie.

La politique européenne de sanctions anti-Moscou doit être revue, car complétement contre-productive. On n’infléchit pas la politique d’une grande Nation, résiliente et orgueilleuse, comme la Russie, par des embargos. Avec des Républiques bananières, peut-être, pas avec l’une des grandes puissances nucléaires du monde.

Involontairement ou par méconnaissance de la mentalité russe, l’OTAN alimente le sentiment d’assiégé que les russes ont, du déploiement des forces de l’OTAN à leurs frontières. La Russie poursuit des buts défensifs, parce qu’elle s’estime menacée. Quel stupide engrenage !

C’est un fait, la Russie n’est pas exempt de reproches ou de critiques, Poutine n’est pas un démocrate, mais il est le dirigeant le plus libéral de toute l’histoire de la Russie. Le realpolitik oblige de se cantonner aux faits, et non de spéculer sur les visées des uns et des autres. La meilleure façon d’y remédier est le dialogue.

Il faut ramener la Russie dans la famille européenne. Ceci ne pourra pas se faire par des sanctions, dommageables pour les économies des uns et des autres, mais par le dialogue avec Poutine.

La France est le pays d’Europe dont la Russie se sent le plus proche. Elle devra être l’intermédiaire naturel de la réconciliation entre la Russie et l’Union européenne. À l’opposé des Américains, les Européens devront négocier sans menaces ni ultimatum.

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