Le conflit israélo-palestinien aux abonnés absents
Chronique politique hebdomadaire du vendredi
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Pendant longtemps, les gouvernements arabes ont affiché un soutien sans faille à la cause palestinienne. Durand des années, du Caire à Bagdad, de Ryad à Amman, on considérait, tout au moins dans des déclarations tonitruantes, la cause palestinienne était la priorité des priorités. Il ne pouvait y avoir de Paix au Moyen Orient, sans, au préalable, régler le conflit israélo-palestinien. Souvent, c’est la pression de la rue arabe, toujours prête à s’enflammer dès qu’on parle de Palestine, qui provoquait les attitudes volontaristes des hommes politiques arabes. Même la ligue arabe n’était jamais la dernière à brandir comme un étendard, la sainte cause.
Ces glorieux jours semblent, hélas, du passé.
Le monde connaît des soubresauts qui n’épargnent pas le monde arabe. L’irruption de DAECH avec son cortège de barbaries, le drame syrien, avec ses 250000 morts, le printemps arabe, suivi de l’automne inévitable, ont fait de la cause palestinienne, des batailles diplomatiques du passé. Mêmes les revendications des groupes terroristes, incluant DAECH, ne font plus référence au conflit israélo-palestinien. Il a quasiment disparu des écrans radars dans les pays arabes. Depuis les frémissements d’un réveil de la démocratie dans ces pays, la cause palestinienne, n’est plus dans les priorités. Avec le retrait des Américains du Moyen Orient, la bataille d’influence entre Chiites et Sunnites a fait passé au deuxième plan ce conflit vieux de plus de 70 ans. Le dossier palestinien a été rétrogradé, loin derrière l’accord nucléaire USA/Iran, le chaos libyen, le drame syrien et la situation en Irak. La question palestinienne a presque disparue des soucis des pays arabes, balayée par des dossiers d’une importance stratégique supérieure.
La reprise des relations diplomatiques entre la Turquie et Israël, illustre cette recherche de nouvelles alliances. La redistribution des cartes au Moyen Orient ouvre la voie à des rapprochements inenvisageables, il y a peu. La division entre le Hamas et l’Autorité palestinienne a dilué les soutiens potentiels à la cause. Deux ans d’efforts de John Kerry ne sont pas parvenus à relancer le processus de paix moribond. La lassitude devant ce problème, où l’irrationnel prend le pas sur le pragmatisme, amène la communauté internationale à trouver qu’elle a d’autres problèmes plus urgents à résoudre. La sympathie demeure, mais le désir d’action a disparu, au moins pour le moment. Certains diplomates, et pas des moindres, se posent la question : l’importance du conflit israélo-palestinien et ses conséquences régionales aurait-elle été surestimée ?
On constate, aujourd’hui, que la résolution du problème palestinien n’est pas une condition indispensable à la stabilité de la région. D’autres acteurs, d’autres conflits ont pris le relai.
Si la cause palestinienne n’est plus une priorité dans le monde arabe, elle reste une question existentielle pour la région.
Les élections présidentielles américaines en cours, ne laissent pas espérer une réactivation des efforts dans l’immédiat. Les événements, les visées de leadership régional des uns et des autres, ont fait tomber les masques. Yasser Arafat, dans son temps, se déclarait fatigué de voir la cause palestinienne instrumentalisée. Cette situation ne doit pas décourager les tenants d’un Etat palestinien.
Les deux leaders, israélien et palestinien, aussi faibles soient-ils, devront se mettre autour d’une table de négociations, en oubliant leur environnement régional et l’idée d’une intervention d’une puissance étrangère, quelque qu’elle soit. Les deux peuples ne doivent compter que sur eux-mêmes et trouver ensemble, le chemin de la paix.
En l’état actuel de la situation géopolitique mondiale, les Etats-Unis ne peuvent plus faire bouger les choses, seuls. D’autres Etats devront les rejoindre. Cela risque d’être encore long, le chemin de la paix aussi.