Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
29 avril 2016

Les nouveaux enjeux au Moyen Orient

Chronique politique hebdomadaire du vendredi

--------------------------------------------------------------

Depuis qu’il est à la Maison Blanche, Barak Obama n’a eu de cesse de réorienter la politique étrangère américaine. Au Moyen-Orient, ses priorités sont devenues, le nucléaire iranien, l’existence d’Israël et la menace d’Al Qaida. Il existe, aujourd’hui, aux USA, une vraie remise en cause du rôle que les Etats-Unis ont à jouer sur la scène internationale. Obama n’hésite pas à déclarer : « Son pays n’a pas vocation à sauver toute la misère du monde »

Le désengagement américain, le retour gagnant de la Russie sur la scène internationale, le retour de l’Iran dans le concert des Nations, ont bouleversé la donne au Moyen-Orient. Le vide créé par le retrait américain, a ouvert la course au leadership régional. Trois puissances, d’inégale valeur, avancent leurs pions : l’Arabie saoudite avec 28 millions d’habitants, la Turquie avec 79 millions d’habitants et l’Iran avec 81 millions d’habitants.

L’Arabie saoudite se veut le leader naturel du monde Sunnite. Elle s’oppose frontalement à l’Iran, chef de file incontesté du monde Chiite. Mais l’Arabie saoudite paye aujourd’hui sa politique malthusienne. Elle a donné la priorité à son action de répandre le Wahhabisme dans le monde, au détriment du développement du pays. Il en résulte un retard dans les infrastructures, une organisation industrielle inexistante, une société sous tension, une armée « d’opérette » qui n’arrive pas à venir à bout d’une sédition au Yémen. Ceci relativise les déclarations de Ryad à vouloir mener une coalition contre DAECH, et enlève de la crédibilité à ses ambitions.

 Le deuxième prétendant, la Turquie, aurait pu être le leader légitime du Moyen Orient. Recep Tayyp Erdogan, fort de ses victoires électorales successives, de son économie, de son appartenance à l’OTAN, de sa candidature à l’entrée dans l’Union Européenne, aurait pu être l’homme de la situation. Mais il s’est perdu dans une politique ambiguë vis avis de DAECH et du conflit syrien, obsédé par le problème Kurde. Le président Erdogan, par ses dérives autoritaires, par son action à l’intérieur, faisant fi des règles élémentaires de la démocratie, a perdu une grande part de sa crédibilité. Après avoir abattue un bombardier russe, et s’être vu refuser l’assistance de l’OTAN (organisation de défense et non d’aventures), en délicatesse avec la Russie (Poutine n’oubliera pas) la Turquie se trouve isolée dans ses désirs de leadership.

 Le troisième candidat, l’IRAN, fort de son accord nucléaire avec les pays occidentaux, de l’appui de Washington, va être vraisemblablement le pays dominant au Moyen Orient. Véritable puissance économique et militaire de la région, l’Iran n’a jamais abandonné l’ambition du leadership du monde chiite. Elle a récupéré les moyens de sa politique grâce à l’accord nucléaire. Elle est en opposition frontale avec l’Arabie saoudite et dans une moindre mesure, avec la Turquie qui veut le départ d’Assad et l’éradication des Kurdes, fussent-ils chiites. Mais ces trois puissances doivent tenir compte d’un nouveau-venu, d’ors et déjà acteur incontournable dans la région : la Russie. Poutine ne cache pas ses objectifs. Il veut que la Russie retrouve sa grandeur et reprenne sa place dans le monde arabe. Il a mal vécu l’implosion de l’URSS.

Il ambitionne de jouet un rôle dans ce monde arabe en ébullition, acteur majeur en Syrie et plus largement au Moyen-Orient. Le message a été reçu 5/5 par les responsables politiques. On remarquera les visites à Moscou des différents responsables israéliens et palestiniens, sans oublier ceux du pays du Golfe. L’Arabie saoudite ainsi que les Etats du Golf sont aujourd’hui à la recherche d’alliances, qui surprendront plus d’un. La Turquie, profitant de la crise des « Migrants » va essayer de forcer la porte de l’UE. 

L’Iran, les mois passants, va accentuer ses efforts en vue de rassurer les Occidentaux. Elle a besoin de l’appui ou au moins de la neutralité des Américains pour mener à bien son leadership. Elle est devenu un acteur clé  en Irak, en Syrie et au Liban, avec la bénédiction de Washington. Les Européens fermeront les yeux sur les dérives du régime des Mollahs pour des raisons économiques. L’Iran est un grand marché, aujourd’hui, devenu solvable. Après l’aventure syrienne, on va assister à une réorganisation des alliances.

Israël, courtisé par les Etats du golfe, reprend, d’ores et déjà, ses relations diplomatiques avec la Turquie. Progressivement on assistera à un rapprochement Téhéran/ Jérusalem. Ceci s’explique en grande partie par l’action en coulisses de Washington et le fait qu’Israël, dotée de l’arme nucléaire, est une puissance militaire de niveau mondial. Son armée, 10eme du monde, est la première au Moyen-Orient.

 Cette redistribution des cartes au Moyen-Orient va exacerber les luttes interarabes qui vont nuire à son union. Cette union sera nécessaire, si le monde musulman veut profiter de l’agonie de l’Union européenne et de la baisse d’influence des Etats la composant. Quelque soit le devenir du Moyen Orient, il continuera à s’agiter sous le regard attentif des Etats-Unis. La « PAX AMERICA » n’est pas encore morte et la Chine n’est pas prête à prendre le relai.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité