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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
28 décembre 2012

Morsi et l'illusion de la victoire

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio

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Morsi, président légitime d’Egypte, surfant sur les bénéfices de sa médiation entre Israël et le Hamas, a fait son premier faux-pas, qui  risque de ne pas être le dernier. S’octroyant plus que les pleins pouvoirs, puisqu’il y ajoutait le juridique, il soude pour un temps l’opposition, dans un bras de fer qu’il perd. L’armée est appelée à la rescousse et le décret incriminé retiré. Deux erreurs qui illustrent la méthode de prise de pouvoir des Frères musulmans.

 Reprenant la main, le Président égyptien bouscule tout le monde, en précipitant l’adoption d’une nouvelle constitution, rédigée dans la hâte. Les résultats officiels du référendum constitutionnel ont donc été annoncés. 64% de Oui, mais une participation estimée pour l’heure à 30%. En clair, un égyptien sur cinq a voté en faveur du texte proposé par la coalition, Frères musulmans et Salafistes. 75% la rejettent ou l’ignore. C’est un problème, lorsqu’une constitution doit souder un peuple, autour d’un texte qui se veut fondateur. Les égyptiens ont voté et la majorité s’est prononcée. Mais la démocratie n’est pas simplement un problème d’arithmétique.

 Oublions les fraudes qui entachent ce référendum, oublions les pratiques qui rappellent les dérives passées de l’ère Moubarak, et ne retenons que les règles élémentaires de la démocratie. Elles ont toutes étaient violées, par le non respect des droits des minorités et l’intérêt du plus grand nombre. La démocratie est l’aboutissement d’un long processus et non un instrument de prise de pouvoir.

Que dit l’opposant charismatique égyptien, Mohamed El Baradei ? «  la nouvelle constitution égyptienne est intrinsèquement illégitime. » Sans aller jusque là , on peut légitimement s’interroger sur l’universalité de la nouvelle constitution, pour la majorité des égyptiens. Aujourd’hui, dans l’attente d’une opposition structurée, il n’existe que deux institutions organisées, les Frères musulmans et l’armée. Morsi a neutralisé les vieux généraux en leur garantissant leurs prébendes économiques. De jeunes officiers ont pris la relève. Morsi et les Frères ne doivent pas perde de vue que parmi ces jeunes officiers, conscients de leur pouvoir, se cache peut-être un autre Nasser, garant de l’ordre public. Deux pas en avant, un pas en arrière, est un jeu dangereux qui n’a abouti qu’à accentuer les clivages et peut-être à faire naître une opposition enfin regroupée et organisée.

 Le paradoxe est qu’au moment où le président Morsi divise le pays, les chancelleries occidentales n’ont pas suffisamment de mots pour saluer la

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gouvernance du nouveau chef islamiste, du pays arabe le plus peuplé. Allons-nous assister de nouveau à un impardonnable aveuglement de l’Occident, Etats-Unis en tête, qui va sacrifier un peuple et son droit à la démocratie, sur l’autel de la stabilité régionale ?

Cela ne vous rappelle rien ?

 

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Commentaires
H
Le président Morsi a appelé l’Armée à sa rescousse pour défendre son régime chancelant parce qu’il sait qu’en dehors des Frères musulmans, celle-ci est la seule institution organisée et qui jouit encore d’une certaine notoriété auprès de la majorité des égyptiens. Il fera tout pour la séduire dans le court terme, mais son objectif qui est évidemment celui des Frères Musulmans, c’est l’islamisation de cette institution. Les frères Musulmans savent que l’Armée est un tremplin pour l’islamisation de la société égyptienne. Je pense que ce sera là, la grande erreur des Frères Musulmans et à leur tête le Président Morsi ; et comme dit l’adage « à malin, malin et demi », ils perdront dans ce bras de fer. Le monde a changé, les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus les jeunes des années 50 ou 60, malgré l’organisation orchestrée des Frères Musulmans.<br /> <br /> Le monde actuellement est dominé par l’Economie et on ne peut pas régler les problèmes économiques d’un pays par des slogans religieux ou sociaux. C’est sur ce terrain là que les Frères Musulmans perdront.
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