Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
8 mai 2020

L’OCCIDENT A VOULU IGNORER LA MORT

Vendredi, c'est le jour de ma chronique politique hebdomadaire

------------------------------------------------------------------------------------

    À voir le traitement que les pays occidentaux ont réservé à la pandémie, on est en droit de se demander si les peuples blancs ont oublié qu’il y a, tous les jours, des hommes et des femmes qui meurent, pas à cause d’une épidémie quelconque, pas par un virus impitoyable, mais tout simplement parce que c’est la vie.

   Aujourd’hui, le confinement semble toucher à sa fin, alors les gouvernements ont lâché un peu la bride, les grands-pères vont même pouvoir entrevoir leurs petits-enfants. Le Covid-19 semble  entrebâiller la porte, pour combien de temps ?

 On va enfin s’en sortir, mais dans quel état! Le flou et l’incertain remplacent l’affolement car la mort semble, maintenant, moins probable. Les décideurs marchent sur des œufs: un cluster au bord de la mer, et c’est la panique, car si le contagieux coronavirus franchit la barre du 1, ils ne décideront plus rien ces politiques, et pour longtemps. Ils seront bel et bien « out ». Lors d’une de ces émissions où les confinés ont leur quart d’heure de célébrité, une dame a demandé: «Et le sexe, alors?» Réponse emmêlée, quoi, certains pensent encore à la vie ?…

 

Ce fut, en mars, une belle panique. On a  pleuré les dizaines de milliers de morts et ceux qui allaient mourir. 

Wuhan, c’est la Chine la responsable, avec son régime, politique et alimentaire, sa multitude trop serrée, et sa discrétion.  Le virus s’est alors glissé hors de l’empire, avec un bond spectaculaire dans le Piémont. Mais c’était l’Italie, alors ils ont continué à voir ailleurs.

 

    L’alarme n’a vraiment sonné, dans toute l’Europe, que lorsqu’on réalisa que les services d’urgence et de réanimation allaient être submergés. Quand la peur de la mort rôde, les malades sont dirigés vers ces étages mythiques, dont la mission est de vaincre la mort, en tout cas de la faire reculer. La télévision, dans une curiosité malsaine ou pour conjurer la mort, a inondé de ces images poignantes les tubes cathodiques. L’Europe et le monde, à des degrés divers, en sont sortis, jusqu’à ce jour, prostrés.

Des pandémies plus récentes n’avaient pas engendré une telle mobilisation, mettant les pans entiers de l’économie à l’arrêt Ces désastres n’avaient guère laissé de traces de panique, ou de paralysie. Peut-être qu’à ces époques, de la médecine, on attendait moins de miracles. À moins, à moins que tout simplement le monde d’aujourd’hui, grisé par toutes ces technologies nouvelles, a voulu en quelque sorte supprimer la mort de son paysage. C’est la vie éternelle qui est la mort, la mort est quelque part, l’expression de la vie. C’est la seule destination dont on soit sûr.

  Maintenant que les esprits s’apaisent, des statistiques encore incomplètes montrent que ce virus venu de Wuhan, n’est pas si mortel. On pensait d’abord qu’il pouvait tuer 2 ou 3% des personnes infectées; on sait désormais que c’est plutôt 0,5%, plus ou moins. Alors, on se reprend à croire à l’éradication de la mort, utopie parfaite pour les simples mortels que nous sommes.

  Le covid19 fixe des limites au pouvoir de la médecine la plus sophistiquée de l’histoire, et à nos fantasmes de longévité ou d’éternité. Il renvoie, finalement, plus aux philosophes qu’aux docteurs. Il incite, ceux qui peuvent l’entendre, à comprendre que nous sommes l’être-vers-la-mort.  Il nous incite à s’aguerrir en prétendant, comme Nietzsche, préférer la mort choisie à la décrépitude, en découvrant  que «ce qui ne me tue pas me rend plus fort». Ou à se convaincre avec Montaigne que  «Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant». 

Mais ce n’est pas une voie facile. L’Europe d’aujourd’hui, qui a traversé naguère tant de massacres, craint davantage la mort qu’elle n’aime la vie. L’occident, des vieux pays autrefois conquérants, aujourd’hui fatigués, c’est sur lui que le virus a fondu. Il n’y a ni diable ni Dieu, c’est juste un nouveau mal qui vient tuer les anciens dans un Occident vieillissant. Cet Occident qui ne fait plus assez d’enfants pour renouveler sa population, par pur égoïsme, mais qui en même temps dresse avec rage des barrières contre la Mort. Pourtant, elle est une compagne fidèle qui accompagne l’être dans tout son parcours. On a beau vouloir l’ignorer, elle est là et se rappelle à notre bon souvenir à l’heure qu’elle seule a choisie. L’homme devrait réaliser que, comme le Bien n’existe que par la présence du Mal, la vie n’est vie, que par la présence de la mort.

  Le continent européen qui se dépeuple, a peur de mourir, la santé, répète-t-il d’ailleurs, est le bien le plus précieux.

Maintenant que se dessine la lente fin de la pandémie, on peut faire une prévision, sans risque de se tromper: il y aura, dans les hôpitaux et ailleurs, d’immenses réserves de masques de protection, de lits et d’équipements de réanimation. Pour éviter de mourir !

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Suite au commentaire que je viens de publier concernant le % de morbidité par rapport au nombre de personnes infectées, je pense que votre chiffre de 0,5% se rapporte au nombre de personnes infectées et diagnostiquées + le nombre de personnes infectées et non recensées (personnes asymptomatiques + personnes infectées qui ne se sont pas rendus dans les hôpitaux)
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité