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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
17 janvier 2020

LE LIBAN DANS LA TOURMENTE

C'est devenu un rituel, voici ma chronique politique hebdomadaire du vendredi

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                 Depuis le 17 octobre, faisant pendant aux manifestations algériennes à l’autre bout de l’Afrique du Nord, la population libanaise manifeste. Elle manifeste contre son Élite, contre ses dirigeants politiques, contre les caciques du gouvernement. Comme d’autres l’on fait avant elle, elle est parti en guerre contre ses élites. 

Une unité exceptionnelle semble souder les Libanais pour exprimer leur ras-le-bol, Jeunes, vieux, maronites, musulmans.

  Le mouvement a été déclenché par l'annonce d'une nouvelle taxe sur les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp. Le ministre des Finances a rétropédalé, trop tard, le mal était fait. La contestation se nourrit de cette impression que la seule réponse aux difficultés du pays serait une nouvelle taxe imposée à la population, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.

La longue guerre (1975-1990) a laissé le pays en triste état, creusant la dette, qui atteint aujourd'hui 151 % du PIB. Bien qu'irrigué, et jouissant de terres fertiles, le pays doit importer une grande part des produits de première nécessité. Plus d'un tiers des moins de 25 ans serait au chômage.

  Face à un coût de la vie élevé, l'économie souterraine a pris une place importante. Selon le FMI, elle représentait 30 % du PIB en 2011.

  Les pouvoirs publics comme les élites libanaises, demeurent jusqu’à présent, incapables de répondre à la double faillite politique et financière qui frappe le pays.

 La classe politique libanaise, malgré l’urgence, n’a toujours pas un plan répondant aux attentes des manifestants. Le Liban est aujourd’hui face à la faillite financière la plus grave de son histoire. Cette crise financière risque de plonger rapidement plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté.

  Les manifestants se sont adaptés aux actions violentes d’intimidation venant de groupes proches aux deux partis chiites, omniprésents dans le jeu politique : le Hezbollah et Amal. La rupture est consommée pour un nombre grandissant de libanais.

  Le parti chiite, à la fois milice combattante impliquée en Syrie et organisation confessionnelle implantée au Liban, est devenu la principale force politique du pays et une véritable puissance régionale. C’est un État dans l’État, avec une force armée qui défie l’armée régulière étatique. Il se sert de cette force pour passer des alliances avec ses anciens ennemis et garantir les intérêts iraniens.

  L’inquiétude de la communauté internationale grandit à mesure que le pays s’enfonce dans la crise. Les politiques, aveuglés par leurs soucis de préserver leurs prébendes, se paralysent les uns les autres. Face aux atermoiements de cette classe, qui n’a toujours pas pu s’entendre depuis la démission de Saad Hariri, ce qui inquiète les partenaires internationaux du Liban, est qu’il n’y a « aucune gestion de la crise », alors que les problèmes économiques et sociaux s’aggravent.

Des divergences opposeraient certains États sur la forme du futur gouvernement, Washington préférant un cabinet de technocrates sans le Hezbollah, Moscou un gouvernement politique et Paris une solution à mi-chemin. C’est aux Libanais eux-mêmes de décider, disent-ils aussi d’une même voix.

  Évidemment, les États-Unis, qui intensifient sur le plan régional, leurs pressions contre l’Iran et ses alliés, ne seraient pas mécontents de voir un cabinet dont le parti pro-iranien serait absent.

Pour la classe politique, c’est toujours « business as usual » face aux revendications de la rue, alors que le soulèvement dure depuis plus de deux mois.

Dans le même temps, elle estime que les partis au pouvoir, y compris le Hezbollah, ne veulent pas d’un effondrement généralisé, qui ne serait dans l’intérêt de personne.

 Avec l’aggravation des problèmes économiques et sociaux, une « révolution de la faim » pourrait se profiler. Cependant le Liban ne se dirige pas pour le moment vers un effondrement total. Il a encore un répit de plusieurs mois avant d’atteindre une situation de non-retour.

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