C'est vendredi, voici ma chronique géopolitique hebdomadaire:

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             Tout le monde considère aujourd’hui que la puissance d’une Nation, n’est plus le nombre de ses ogives nucléaires, mais sa maîtrise des nouvelles technologies, complétée par une démographie en développement.

  Au-delà de la guerre commerciale Etats-Unis/Chine, c’est d’une guerre froide technologique qu’il s’agit.   Si l’arrestation de la fille du fondateur de Hawei, a mis la planète télécoms en ébullition, il ne s’agit pas seulement de l’application de la règle américaine de l’extraterritorialité seulement. Il s’agit de la lutte sans merci que se livre Washington et Pékin pour le contrôle des applications civiles et surtout militaires de la 5G. L’affaire Huawei est le sommet d’un iceberg des enjeux et des rapports de force, futurs. La bataille n’est pas seulement commerciale et technologique, mais également géopolitique. L’ensemble s’inscrit dans la compétition ouverte que se livrent les Etats-Unis et la Chine pour la domination mondiale.

  Lors de la première rencontre, Obama-Xi Jinping, les Américains avaient pensé, naïvement ( ?), qu’il s’agissait d’un partage éventuel d’influence, lorsqu’il s’agissait, en réalité, d’une course à la suprématie mondiale.

  Les nouveaux réseaux de communication, alliés aux algorithmes de l’intelligence artificielle, vont permettre de connecter à grande vitesse soldats, véhicules et robots. C’est pourquoi la 5G est devenue l’arme fatale pour gagner les batailles du futur. C’est une des clés de la guerre de demain.

  Ceci explique l’âpreté du bras de fer sino-américain autour de l’entreprise Huawei qui domine outrageusement le secteur. Le groupe a investi massivement dans le développement des nouvelles technologies de communication. La Chine, très en pointe dans les efforts de développer la 5G, grâce à Huawei, est en train de mettre fin au leadership occidental sur cette technologie militaire, ce que Washington ne peut admettre. Il faut savoir que la 5G va permettre de relier entre eux, à une vitesse vingt fois supérieur à la 4G, des systèmes de force associant le renseignement, les robots et les véhicules autonomes outre tous les engins de guerre. Autant de capacités qui vont transformer assez radicalement les techniques guerrières occidentales et d’ailleurs.

  Au centre de la confrontation sino-américaine, les craintes des Américains et des Européens que la 5G développée par Huawei ne comporte des « portes secrètes » pour l’espionnage.

  « Nous sommes en train de mener une bataille pour les 50 millions d’emplois technologiques du futur pour nos enfants » déclare Robert Lighthizer, le représentant américain au commerce. 

  Si Huawei va peiner à s’imposer dans les pays de l’Otan, ailleurs, la messe est dite, aux dires de Jean-Pierre Cabestan, sinologue à l’Université baptiste de Hongkong.

  Les Américains dénoncent la menace sécuritaire, et les Chinois crient au complot, on veut bloquer leur ascension.

  Les Européens, quant à eux, doivent sortir de leur léthargie apparente, devant un acteur des plus importants de la planète, qui s’affranchit souvent des règles du jeu. Si l’Union européenne n’investit pas dans l’innovation pour les secteurs stratégiques, sa dépendance technologique va, rapidement, devenir irrattrapable. Elle ne sera plus que spectatrice de l’empoignade à laquelle se livrent l ‘Amérique et la Chine.  Elle deviendra, comme le reste de la planète, à l’exception peut-être de la Russie, un dégât collatéral de la compétition entre les deux grands.