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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
13 avril 2018

Les multiples brad-de-fer du chaudron syrien

Chronique politique hebdomadaire du vendredi

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      Voilà maintenant 7 ans, depuis 2011 et plus de trois cents mille morts, que le drame syrien interpelle le monde. Parti d’une contestation pacifique à Deraa dans la foulée du ‘printemps arabe’, la situation a vite dégénéré en guerre civile, puis en guerre tout court.

Qui a pollué une situation où les enjeux étaient clairement établis dans un cadre interne et national ? Qui, par la présence de bandes djihadistes, de groupements terroristes comme Al Qaïda, a empêché l’Occident d’intervenir quand il était encore temps ?

L’histoire commence en 2011, lorsque l’émissaire de l’Arabie saoudite est venu assurer de son soutien politique et financier le président Bachar el-Assad, sous la seule condition qu’il abandonne son alliance avec l’Iran. Mettre fin à son alliance stratégique avec Téhéran, n’était pas envisageable pour le maître de Damas. Son refus de tourner le dos à l’Iran permettait à Téhéran de parfaire l’axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, chose inacceptable pour Riad et l’ensemble des monarchies sunnites du Golfe. C’est la raison profonde qui a transformé le Royaume saoudien et la Turquie d’Erdogan, en pourvoyeurs d’armes et de soutiens financiers des groupements terroristes en action en Syrie. L’étape suivante a été l’implication militaire directe de la Turquie, l’Arabie saoudite étant empêtrée dans une guerre interminable au Yémen où l’Iran tire les ficelles. 

  Le grand Royaume sunnite, qui a une peur bleue de la Perse chiite et de son éventuelle hégémonie sur le Golfe, est outrée qu’un pays majoritairement sunnite, terre du premier califat omeyyade, puisse être aussi proche de l’Iran. Par le jeu des alliances et des intérêts commerciaux et stratégiques des uns et des autres, les grandes puissances, sans mettre, pour la plupart, le doigt dans un engagement militaire direct, se trouvent impliquées dans la recherche d’une solution qui ne pourra être que politique.

Les provocations et les manipulations ne manquent pas. Malheureusement, c’est la population civile, les femmes et les enfants en particulier, qui en sont les victimes expiatoires.

  Personne n’est sûr de la responsabilité de Damas dans la dernière attaque chimique, après la découverte, par les russes, d’un atelier clandestin de fabrication d’armes chimiques, développé par des djihadistes.

En intervenant au sol en 2015, les militaires russes ont changé la donne et sauvé le régime de Damas.

  La Russie est devenue incontournable dans le conflit, mais peut-elle vraiment imposer à Bachar el-Assad une position plus conciliante ? L’alliance nouée par Moscou avec la Turquie et l’Iran est, aujourd’hui, fragilisée, les objectifs des uns et des autres, principalement ceux de la Turquie, devenant divergents.

  Israël suit avec attention la situation, et intervient plus ou moins ouvertement, car comme le déclare l’ancien chef du Conseil de sécurité israélien, Yaacov Amidror : « Donner carte blanche à Téhéran serait inimaginable. On ne pourrait ensuite plus se défendre. » Malgré le risque d’escalade, l’Etat hébreu n’hésite pas à répliquer chaque provocation.

 On se doit de constater que la question d’une transition politique à Damas se heurte au sort du président syrien. Ce dernier a fait le vide autour de lui. Quels hommes pourraient émerger ? L’alternative possible à Bachar el-Assad reste encore aujourd’hui, une question sans réponse. Après plus de quatre ans de guerre, ni les alliés russes et iraniens d’Assad, ni mêmes ses opposants, ne peuvent avancer le nom d’un successeur au sein du régime, capable de rassurer les minorités et d’éviter le chaos.

  La politique américaine est paralysée par la complexité de la situation. Les Etats-Unis, ces dernières décennies, se sont ingérer dans les conflits intérieurs d’autres Etats et se sont trouver entrainés dans des guerres interminables qu’il ne remportent jamais. La guerre de Syrie ne touche pas les Etats-Unis, mais elle porte préjudice à leurs alliés européens ainsi que ceux du Golfe.

   Si la Syrie s’effondre, c’est la partition qui va s’installer. Le pays sera éclaté entre les différentes mouvances. Ceci entrainera l’effondrement de l’Irak, le début d’un conflit au Liban et mettra en question l’intégrité des Etats comme la Turquie, sans oublier un embrasement, toujours possible, du Moyen-Orient, Israël en tête.

 Certaines monarchies du Golfe ont joué aux apprentis-sorciers. Ils ont nourris une véritable guerre de religions qui couvre, en réalité, une ambition hégémonique des uns et des autres. La recherche d’un leadership, sunnite ou/et chiite n’a pas fini d’agiter dangereusement la scène politique du Moyen-Orient.

 

  

 

 

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