Chronique politique hebdomadaire du vendredi
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Le Brexit, l’élection de Trump aux Etats-Unis, la montée des extrêmes en Europe nous interpellent, en posant la question sur la capacité de nos dirigeants à anticiper le futur.
C’est un bouleversement idéologique et politique global auquel on assiste.
L’année 2016 nous a appris que le conformisme est devenu suspect aux yeux des peuples, politiquement incorrects et rebelles. L’élection aux Etats-Unis, de Donald Trump, a fait voler nombre de tabous, qui jusqu’ici muselaient les opinions critiques. Les évènements qui se succèdent, tant en Europe qu’en Amérique, rappellent, à ceux qui l’auraient oublié, que la démocratie appartient au peuple souverain et non à leurs représentants coupés des réalités ‘d’en bas’. Le monde des bisounours a pris fin, le politiquement correct et le moralisme, ne suffisent plus à faire un programme.
Les politiques doivent se méfier des réactions des peuples maltraités qui n’hésitent plus à les faire savoir dans les urnes.
Ce qui est en marche, aussi bien à Washington qu’à Paris, à Londres qu’à Berlin, c’est le réveil du peuple oublié, attaché à sa nation, son histoire, ses traditions, sa famille, bref à ses racines.
On assiste à une mutation qui conteste la mondialisation sans garde-fous, comme la politique cherchant à effacer la mémoire collective, la disparition du sentiment d’appartenance, au profit d’une ouverture à l’Autre.
Trump s’entoure de militaires et en écho, en France, le général Didier Tauzin se porte candidat à la présidentielle. Est-ce une indication que le danger est à notre porte, pour que les militaires « sortent des casernes » ?
« Aujourd’hui, gouverner la France, c’est faire la guerre, mais une guerre pour la paix » dixit le général Tauzin.
Les peuples européens ne veulent pas du monde aseptisé, par des croisades sans fin pour le Bien, l’ouverture et le bannissement des différences. Ils ne veulent pas d’un continent laboratoire du libre-échangisme et de la technocratie post-nationale, ils ne veulent pas d’une soumission aux marchés financiers et au soft power américain.
L’ENA parle peu de l’âme des peuples et résume l’exercice du pouvoir à des colonnes de chiffres.
Un peu partout dans le monde, on assiste à un bouleversement idéologique et politique, à la fin du néolibéralisme et le retour du conservatisme. « La globalisation à l’extérieur et le règne illimité des libertés individuelles à l’intérieur, mettent en péril la cohésion des sociétés » écrit Marcel Gauchet, auteur de « Comprendre le malheur français (Stock 2016) et rédacteur en chef de la revue Le Débat.
On doit se poser la question : dans notre monde hyper individualiste, est-il encore possible de faire vivre et admettre la dimension de l’intérêt national ?
Ce que l’on appelle, à tort, populisme, est une revendication de la souveraineté des peuples.
On parle, aussi bien en Amérique qu’en Europe, de populisme, de révolution conservatrice, de réveil des peuples. Du Brexit à Donald Trump ou Marine Le Pen et jusqu’à Rodrigo Duterte en Asie, ce phénomène est patent.
Il est trot tôt pour mesurer l’ampleur de la vague « populiste », mais il ne faut pas diaboliser ce sentiment national, qui partout se reveille.