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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
20 mai 2016

La lente agonie de l'Europe

Chronique politique hebdomadaire du vendredi

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C’était pourtant un beau rêve : unir les pays d’Europe dans une fédération où les peuples se confondaient dans une fraternité retrouvée. Liberté, respect de l’autre, humanisme digne des années des lumières, tous unis face aux soubresauts du reste du monde, il s’avère que cette Europe là n’était pas un rêve, ni un espoir, mais une utopie.

 Les égos des responsables politiques, l’amour du pouvoir des uns et des autres, les caractères si différents des peuples formant l’Union européenne, les erreurs continuelles des censeurs de Bruxelles, ont eu raison des bâtisseurs de Rome. Avec leurs petites luttes politiciennes, le rejet des réformes nécessaires, ils ont trahi les pères fondateurs : Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi, Jean Monet, Robert Schumann et Paul-Henri Spaak, des grands hommes que les Nations européennes d’aujourd’hui ne produisent plus.

 Que le Royaume Uni quitte ou non l’Union européenne, l’organisation de son référendum a porté un coup supplémentaire au fragile édifice européen.

La crise des migrants est en train d’accélérer l’agonie de l’Union.  L’invasion migratoire et la montée en puissance de l’Islam, ont mis à jour les failles d’une Europe multiculturelle et pacifiste. Les peuples ne sont pas interchangeables selon les lois du libre commerce et des idéologues de la diversité. Donald Tusk, le président du conseil de l’Union européenne, ne dit-il pas : « Le rêve d’un seul Etat européen, d’une seule nation européenne, est une illusion. Nous devons accepter de vivre dans une Europe avec différentes monnaies, avec différentes forces politiques ». La négation des racines judéo-chrétiennes de l’Europe, par les plus hautes autorités de Bruxelles, acte le divorce entre la majorité des peuples européens et les autres. Cet acharnement à effacer l’histoire de l’Europe, souligne le fossé qui sépare certaines « élites » de  la réalité des communautés qui la forment. Des sociétés exacerbées par l’aveuglement et l’autisme des responsables de Bruxelles, risque de jaillir des véritables guerres civiles.

 L’accord impossible entre l’UE et la Turquie ne peut se concrétiser, que si l’Europe abandonne les principes qui la fondent : la démocratie et les droits de l’homme. Se débarrasser des millions de migrants qui frappent à sa porte, sur la Turquie, négocier avec l’arrogant Erdogan, c’est souligner les failles de la construction européenne. Le gout du président turc pour les rapports de force, jette une lumière crue sur les insuffisances de l’Europe. Peut-elle négocier avec un Etat despotique, où ceux qui critiquent sont considérés comme des traîtres sinon des terroristes ?

 L’Europe s’est élargie sans jamais se poser de questions sur ses intérêts politiques, ses buts communs ou ses moyens militaires. Elle en paye aujourd’hui le prix. Pour certains du monde arabe, le temps de la revanche sur le monde occidental est arrivé.

Un gros trait bleu doublé d’un trait rouge parallèle, part de la côte méditerranéenne au sud de Tyr, oblique vers le sud-est jusqu‘au lac Tibériade et continue vers l’est jusqu’au djebel Druze. Puis il traverse la carte dans une longue diagonale le long de ce qui est aujourd’hui la frontière entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak, jusqu’au montagnes du Kurdistan et la frontière avec l’Iran. C’est la fameuse ligne Sykes-Picot : une ligne dans le sable qui hante le Moyen-Orient. Il y a cent ans, cette carte a partagé le Moyen-Orient entre la France et l’Angleterre. Cet accord de partage entre les deux puissances du moment, négocié dans le plus grand secret, durant la guerre 14/18, demeurera dans le monde arabe le symbole de la duplicité occidentale.

En fait l’accord Sykes-Picot n’est qu’un épisode dans le grand partage de l’Empire ottoman qui commence en 1912 avec l’invasion de la Libye par l’Italie, et se termine en 1923 au traité de Lausanne.

 Aujourd’hui, la Turquie, l’ancien empire ottoman, ébranle les assises de l’Union européenne, déjà malade, et risque d’écourter son agonie.

C’est vrai, l’Histoire est un éternel recommencement.

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