Chronique politique de la semaine

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Août et septembre n’ont pas été de tout repos. La trêve annuelle des « Vacances » n’a été qu’un leurre.

Le Moyen Orient a été encore déchiré par la violence. Le drame de Gaza a vu la haine s’en donné à cœur joie, et les armes israéliennes n’ont fait aucune différence entre les hommes en noir du Hamas et les enfants, femmes et vieillards qui ne savaient plus à quel saint se vouer. Les roquettes ont continué à semer la panique parmi les riverains israéliens. On a assisté à une guerre disproportionnée où il n’y a eu ni gagnant ni perdants, hormis le peuple palestiniens qui a souffert dans sa chaire.

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Mais cette période de l’année, si propice à la détente, au repos, a vu un autre drame, une crise qui dépasse le cadre du monde islamo-arabe. Ce drame qui interpelle le Monde, c’est l’irruption de hordes d’islamistes installant un « Califat » dans une grande partie de l’Irak et de la Syrie. Cet Etat islamique, c’est ainsi qu’il se proclame, de par sa cruauté, sa sauvagerie, menace l’équilibre précaire du Moyen et Proche Orient et défie les Occidentaux en égorgeant leurs otages.

L’opinion publique américaine, révulsée par les vidéos insoutenables mises sur la toile, a amené le président américain, Barack Obama, à se fixer, je cite : « l’objectif d’affaiblir et finalement détruire le mouvement djihadiste »

Le Pape François lance un véritable appel aux armes pour protéger les chrétiens d’Orient et les minorités massacrés par les djihadistes. Depuis le Moyen Age, jamais le Vatican n’a bénit des interventions armées. Ces derniers jours le Pape François a voulu préciser son message : « je ne dis pas qu’il faut jeter des bombes, mais stopper le massacre, je dis Stop. » Oui, mais comment stopper des hommes armés ? Le Pape, qu’il le veuille ou non, a donné une coloration de « guerre de religions » qu’il n’a surement pas voulu. Mais les faits sont là et si on n’y prend pas garde, on va verser dans une guerre d’islamistes contre le monde judéo-chrétien.

Des rapports des « services » de grandes puissances, qui ne seront pas rendus publics, font état d’un vrai divorce entre la rue arabe et ses

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gouvernants. Tout en regrettant les exécutions sommaires et les américains, anglais et autres égorgés, ces musulmans du monde arabe ne condamnent pas formellement les djihadistes et en retirent plutôt un sentiment de revanche sur le monde occidental, le monde colonial, une société dont ils sont loin de partager ou d’approuver le mode de vie.

Ceci explique les difficultés rencontrées dans la mise en place d’une vaste coalition pour combattre l’Etat islamique. Les occidentaux, pour éviter un caractère de guerre religieuse ou de choc de civilisation, cherchent à entrainer, dans ce combat nécessaire, le maximum d’Etats arabes.

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Le Président des Etats Unis, Barack Obama, veut s’appuyer sur des alliés locaux dont la capacité de résistance ou la fiabilité laissent à désirer. La Turquie, membre de l’Otan et allié traditionnel des Etats Unis, est hésitante à s’engager, les Kurdes et leur parti en Turquie, le PKK, lui posent problème.  L’Iran, autre acteur incontournable a été écarté par Obama pour des raisons indéfendables. Ce dernier sera bien avisé de revoir sa position vis-à-vis de Téhéran. L’Arabie Saoudite se presse lentement tout comme le reste des pays du Golfe sollicités par Washington. Ils ont participé à la grande conférence de Paris, présidée par le Président français, certes, mais cela les a engagé à quoi ? Leurs forces militaires tiennent plus de l’opérette que des champs de batailles.

Mis à part François Hollande, qui avance à visage découvert dans le sillage de Barack Obama, les Occidentaux restent prudents. Même le gouvernement britannique se heurte à de plus en plus de députés conservateurs non interventionnistes.

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Les meneurs djihadistes ont surfé sur la rancœur et les frustrations des plus démunis et un retour général de la religion dans la Cité. Ils ont profité de la pourriture de la situation en Irak et de la révolution en Syrie. Leurs actions se développent sur un fond de lutte d’influences entre chiites et sunnites.

Le problème de la radicalisation sunnite ne se résoudra pas par des milices chiites, des factions kurdes et des frappes occidentales. L’Etat islamique a mis en marche un vaste mouvement de révolte qui tient plus à un sentiment de revanche qu’à celui de la défense d’une catégorie religieuse.

Si  le monde civilisé, occidental et arabe, n’y prend pas garde, si les Etats arabes ne se lancent pas résolument dans la lutte contre l’Etat islamique, au cœur de la coalition, si les Etats du Golfe ne mettent pas fin à leur politique ambiguë vis à vis des djihadistes, nous risquons, avec une grande probabilité, de nous trouver dans une véritable guerre : monde islamo-arabe contre monde judéo-chrétien. Un choc de civilisations dont personne ne sortira indemne.