Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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Les hommes naissent libres et égaux. Mais la nature humaine est telle que, oui, nous naissons égaux, mais le lendemain déjà on ne l’est plus. Les anglo-saxons avaient mis en premier la liberté à l’opposé de la révolution française de 1789 qui a cherché d’abord l’abolition des privilèges. Depuis, les révolutionnaires français sont à courir derrière une égalité qui frise l’utopie, quand cette recherche n’aboutit pas à la déstructuration d’une société qui se rebiffe.

 La nature est inégale dès la naissance et ne rattrape l’égalité que devant la mort. Les citoyens sont

égaux en droits et en devoirs, mais pas en devenir. Les hommes sont semblables de par leur nature, appartenant à la même espèce, avec leur dignité, mais ils sont différents sur tous les autres plans. Rechercher l’égalité réelle est contre nature et source de violence. Il y a des domaines, certes, dont l’égalité est essentielle : la justice, la sécurité des biens et des personnes, la liberté d’expression, l’égalité civique, politique et j’en passe. La recherche de l’égalité économique a toujours aboutie au totalitarisme qui n’a qu’un temps. Toute les expériences, les kolkhozes, les kibboutzim, les villages de qualité de vie, ont été, sans exception, des échecs.

 Pour Kant, l’égalité est la limite du progrès moral et politique. En réalité cela va plus loin. L’homme dès sa naissance, veut être différent, veut se détacher de l’ensemble, veut se distinguer par sa réussite, qu’elle soit matérielle ou intellectuelle. L’ascenseur social, quand il fonctionne, met l’égalité au cimetière des utopies. Tocqueville nous met en garde quand il dit : « l’égalité totale, absolue est problématique. » Pour lui, le totalitarisme, qui est la forme de l’égalité absolue, est un produit monstrueux. L’amour de l’indifférenciation est de mauvais aloi. La recherche de l’égalité entre les hommes pour les droits et les devoirs, est l’apanage des sociétés civilisées. Mais quand on pousse le raisonnement jusqu’à l’absurde, cette recherche devient criminelle. Opposer l’égalité à l’individualisme méritocratique, c’est construire une société sans ambition, une société stagnante. Comme les eaux stagnantes, elle devient nauséabonde et invivable. Plus, s’attaquer aux fondements de la société avec ses différenciations naturelles, c’est, jouer aux apprentis sorciers.

 En France, le pouvoir actuel cherche un égalitarisme détaché des réalités, spécialement dans les questions dites sociétales. Cette recherche augmente le communautarisme, multiplie les ghettos et surtout divise profondément la société dont une grande partie se sent agressée. On est devant une égalité devenue un fantasme dangereux. Où est le sens du réel, où est le sentiment de la nation, que deviennent les fondements de la famille ? Les réalités sont tenaces, et à vouloir les ignorer, on prépare une tempête inimaginable. On assiste aujourd’hui en Europe, et particulièrement en France, à des dérives de l’égalitarisme poussé à l’extrême. Allons nous effacer d’un trait de plume les extractions sociales, les talents innés, l’influence de l’environnement de chaque individu. Chaque homme, chaque femme doit, d’une façon volontariste et critique, découvrir par la réflexion, son identité constitutive, faite d’attachements sociaux et culturels, en partant de ce que la nature a fait d’eux dès leur naissance.

Le philosophe Paul Thibaud résume la situation d’une phrase lapidaire : «  En France, l’égalité est devenue une idéologie. » Il y a une égalité pour laquelle on doit se battre sans relâche, une égalité que toute société éprise de justice doit défendre : l’égalité des chances. Après, que le meilleur gagne, c’est la dure loi de la nature.