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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
7 mars 2014

Le retour de la diplomatie allemande

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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À la fin de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne s’est d’abord consacrée à la reconstruction du pays, à retrouver son âme et à exorciser les séquelles du troisième Reich. Tous les efforts des gouvernements qui se succèdent vont être orientés vers le développement économique du pays, ce qui facilitera la réunification lorsque le moment sera venu. Partenaire incontournable de la construction de l’Union européenne, puissance économique reconnue sur le plan international, il faut constater que la Diplomatie allemande a été des plus discrètes, y compris dans des instances internationales comme l’ONU.

 Jusqu’aux années quatre vingt dix, la politique étrangère de la République fédérale allemande s’est

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caractérisée par une véritable retenue, motivée par son passé hitlérien et par la partition du pays. C’est prudemment, par petites touches, que l’Allemagne rentre dans le jeu diplomatique mondial. Fidèles à une approche communautaire et multilatérale, les différents chanceliers qui se sont succédés, ont géré les situations de crise en privilégiant les solutions civiles à l’opposé des interventions militaires. L’unilatéralisme de la politique américaine, son contournement du droit international et son mépris affiché de l’ONU ont confirmé l’Allemagne dans sa prudence à s’engager sans réserves aux côtés de Washington. C’est la chancelière Merkel qui va rétablir le dialogue avec les Etats-Unis, un moment mis à mal par Gérald Schröder, et rendra moins dépendante de la France sa politique extérieure.

 Ayant acquis aux yeux des Allemands une grande autorité internationale en président avec succès le Conseil européen et le G7 en 2007, le chemin du retour de la diplomatie allemande sur la scène internationale s’est ouvert grandement à Angéla Merkel. Ne nous trompons pas, les liens économiques et privilégiés développés à l’Est, en particulier avec la Russie, ne changent en rien son ancrage à l’Ouest, socle sur lequel s’articulent les relations de l’Allemagne avec le monde. Parce que très liée à son histoire, l’Europe demeure d’une importance fondamentale pour l’Allemagne. C’est dans ce cadre qu’elle a pu progressivement recouvrer sa souveraineté confisquée par les Alliés. On ne s’étonnera pas qu’elle n’ait cessé d’être en pointe dans les négociations européennes.

 

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L’Allemagne, soixante neuf ans après la chute du nazisme, est prête maintenant à prendre des responsabilités sur la scène internationale. La déclaration du président allemand, Joachim Gauck, lors de la conférence sur la sécurité à Munich en janvier dernier, ne laisse aucun doute. « Il faut que l’Allemagne s’implique plus rapidement, de façon plus résolue et plus fondamentalement dans les affaires du monde » a-t-il dit. Le ministre social-démocrate des affaires étrangères, Frank Walter Stinmeier a renchérie en déclarant : « l’Allemagne est trop grande pour se contenter de faire des commentaires sur la politique internationale en simple spectatrice. » Que dit Berlin ? : « La responsabilité de protéger n’est pas une notion en Allemagne. En revanche, il s’agit de notre responsabilité et de notre intérêt national de participer à la stabilité internationale.

  La crise ukrainienne marque indéniablement le retour de la diplomatie allemande. Elle apparaît

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comme le négociateur incontournable avec le maitre du Kremlin et de facto la clef de la diplomatie européenne. Depuis vendredi dernier, avec la main mise de Moscou sur la Crimée, les chancelleries occidentales s’agitent en ordre dispersé, multipliant coups de fil, visites, avertissements et menaces. Dans cette cacophonie, l’Allemagne joue un rôle clef, pour le meilleur et pour le pire, pour le meilleur vraisemblablement, Angéla Merkel étant la seule personnalité occidentale à avoir l’oreille du tsar Poutine.

 De tous les membres de l’Union européenne, l’Allemagne, devant la France et l’Italie, entretient des intérêts économiques considérables en Russie. A Berlin, on veut encore croire au dialogue c’est pourquoi il n’est pas question pour la Chancelière d’exclure la Russie du G8. La diplomatie allemande est de retour, va-t-on assister à un retour gagnant ?  Là est toute la question.

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