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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
24 février 2014

Suisse: Le pavé dans la marre

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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La votation « contre l’immigration de masse » qui a eu lieu en Suisse le 9 février dernier, constitue une onde de choc pour Bruxelles et les gouvernements des pays de l’Union européenne. C’est un véritable pavé dans la marre que les Suisses, en répondant Oui à une faible majorité, certes, ont jeté. Il vient contredire ce principe hypocrite de la libre circulation des personnes en Europe.

 La Suisse, qui ne fait pas partie de l’Union européenne, est liée aux fondamentaux de Bruxelles par une série d’accords dont les objectifs s’imposent également à tous ses membres, enfin, en principe. La libre circulation des personnes en est un, mais que dire alors du traitement réservé aux Rom, au plombier polonais, aux Roumains, aux Kosovars et j’en passe. Ce vote doit interpeller les responsables politiques. Il illustre le fossé grandissant entre la majorité des peuples et leurs gouvernants.Ce vote est révélateur du refus par les populations à suivre aveuglément les orientations prises par les élites pour une économie toujours plus performante.

 Que disent les Suisses ? Qu’ils ne sont ni xénophobes ni racistes. S’ils refusent l’immigration de

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masse, c’est qu’ils assistent à une inflation de l’immigration européenne qui transforme leur environnement par un développement incontrôlé de l’immobilier. Cette multiplication des zones bétonnées transforme le paysage et partant nuit à la qualité de vie. Voilà le message qu’ils nous donnent : nous ne sommes pas prêts à sacrifier notre qualité de vie pour une économie plus performante.

 La montée des eurosceptiques n’est pas limitée à la Suisse. Daniel Cohn-Bendit déclare que si la même question était posée aux Français, ce n’est pas 50,3% qui auraient voté pour, mais plus de 60%. Les quotas d’immigration, définis en fonction des besoins de main-d’œuvre sont déjà  appliqués par des pays comme le Canada, l’Australie ou les Etats-Unis d’Amérique. Quand à la préférence helvétique, désormais inscrite dans la Constitution suisse, elle rappelle des propositions identiques avancées dans bien d’autres pays. Il est vraisemblable que d’autres membres de l’Union européenne adopteront de telles mesures.

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 Ce pavé dans la marre arrive au plus mauvais moment, la veille des élections européennes. Les sondages, à cent jours des élections constatent que l’euroscepticisme progresse. Un siège sur cinq du parlement de Strasbourg pourrait revenir aux partis antieuropéens.  L’initiative suisse risque de faire des émules, tout au moins dans les urnes, et envoyer au parlement européen une assemblée difficile à gérer, du fait de cette montée en puissance des eurosceptiques. Des voix dans l’Union européenne s’élèvent déjà pour considérer que la votation suisse sur l’immigration est un exemple à imiter. D’autres trouvent que le recours régulier au référendum offre au peuple le pouvoir de reprendre la maîtrise de son destin et réconcilie les citoyens avec la chose publique. L’irritation vis a vis de la Suisse se calmera dans les prochains mois. Comme les deux parties, Suisse et Union européenne n’ont nullement intérêt à une rupture, les diplomates et experts de Bruxelles trouveront des analyses qui démontreront que les quotas et la préférence nationale ne nuisent pas à la libre circulation des personnes. Cela ne sera pas la première fois que Bruxelles alignera une contradiction de plus.

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