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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
15 novembre 2013

Le Moyen-Orient face à la nouvelle donne

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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Le Moyen-Orient, Arabie Saoudite en tête, doit aujourd’hui se repositionner, devant la nouvelle posture des Etats-Unis dans la région. Les équilibres en place depuis des décennies sont remis en question. En 1945, aux termes de l’accord conclue entre le président Franklin Roosevelt et le roi Abdelaziz Ben Saud, l’Amérique assure la sécurité de l’Arabie Saoudite en échange de l’accès à son pétrole. L’entente fut étendue depuis au golfe Arabo-Persique. Aujourd’hui, l’Amérique est devenue premier producteur d’énergie au monde : 11,5 millions de barils jour lorsque la Russie affiche 10,8 millions barils jour et l’Arabie Saoudite 9,4 millions de barils jour. Ceci explique le redéploiement des Etats-Unis vers le Pacifique où ses intérêts sont bien plus importants qu’une présence hégémonique au Moyen-Orient.

 L’Amérique, son indépendance énergétique retrouvée, va voir son économie dopée par la baisse du

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coût du gaz, et relancer la compétitivité de ses industries et leur relocalisation. Cette baisse des prix change complètement la donne au Moyen-Orient où le déclin des monarchies pétrolières semble inéluctable. L’émergence d’une géopolitique multipolaire voit les écarts en termes de puissance entre pays développés et pays en développement se réduire. Aussi l’Amérique se doit de protéger ses marchés et contenir l’expansionnisme d’une Chine au développement aussi rapide qu’envahissant. On pensait que la multipolarité était d’accepter la relativité de la puissance américaine face à l’affirmation de nouvelles puissances émergeantes. Il n’en est rien, car avec l’indépendance énergétique retrouvée, l’Amérique va voir s’accélérer sa sortie de crise, lorsque l’Europe continue à piétiner et les pays émergeants à découvrir la versatilité de la finance internationale.

 L’Amérique va rester encore longtemps la plus grande puissance militaire et économique du monde, mais avec un jeu géopolitique renouvelé. Fini d’être le gendarme du monde, en premier lieu au Moyen-Orient et même plus loin. Le centre de gravité de son action à l’international va émigrer au Pacifique. Ceci s’accompagne d’une présence plus discrète au Moyen-Orient et dans le golfe persique. Beaucoup vont se sentir orphelins et devront prendre en charge leur sécurité. L’accord probable et imminent avec l’Iran, va lui reconnaître un rôle régional qui va poser problème aux monarchies du golfe. L’Arabie Saoudite, puissance sunnite, hébergeant une forte minorité chiite dans ses provinces orientales pétrolifères, va devoir s’opposer à une montée en puissance de l’Iran et ses alliés.

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 Israël est dans une situation semblable vis-à-vis de l’Iran et son allié le Hezbollah, une entente de fait se dessine entre l’Etat hébreux et l’Arabie Saoudite. A moins, à moins que l’on revienne vers cette vieille alliance avec Téhéran qui a fait ses preuves en son temps. Toutes les stratégies des uns et des autres vont devoir se redessiner avec un autre acteur qui avance discrètement ses pions : la Turquie. Au jour d’aujourd’hui, même s’ils ne sont pas officiels, se nouent des relations entre Ryad et Jérusalem. Officieux pour le moment, ils pourraient devenir opérationnels en cas de besoin.

 Aucune puissance extérieure ne va se substituer à Washington, aussi les Etats de la région devront revoir leurs problèmes de sécurité, en se prenant en charge. Si Israël le fait déjà, l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Turquie devront revoir leurs stratégies en la matière à la lumière de la légèreté de l’empreinte que Washington entend laisser au Moyen-Orient. Les pays du monde arabe, la Turquie, Israël, et l’Iran vont devoir apprendre à vivre ensemble sans ce tutorat, visible ou invisible, accepté ou imposé, que les Etats-Unis ont pratiqué, jusqu’à récemment, dans la région.

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