Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxeradio

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« Si cette conférence (de Genève) doit se tenir, c’est pour préparer l’après Bachar al Assad, pas une élection présidentielle où Bachar al Assad annonce déjà qu’il est candidat ! » C’était en mai dernier que s’exprimait ainsi François Hollande, le Président de la République française. Cette conférence, on en parle de moins en moins, et le Président syrien, toujours en place, donne des interviews, prononce des discours et signale à toute la communauté internationale qu’il est toujours là.

 Voilà plus de deux ans, que l’opposition à Bachar al Assad répète que le régime n’en a plus que pour quelques semaines. Non seulement le dictateur est toujours debout, mais son armée reprend ville après ville, village après village, aux combattants, soit de l’armée de libération, soit des groupes  djihadistes, dont certains sont affiliés à Al Qaïda. Contrairement à ce que laisse penser une partie de la presse occidentale, le régime de Bachar al Assad est loin d’être au bord du gouffre, aussi bien du point de vue politique que militaire. Ne vient-il pas de reprendre aux insurgés la ville de Homs, réputée être la capitale de la révolution. Par sa ténacité, le Président syrien veut montrer qu’il se battra jusqu’au bout et que sa mise à l’écart signifiera le chaos. Ceci incite beaucoup de  Syriens à mettre en veilleuse leurs revendications politiques pour un retour à la sécurité.

 Et si on avait tout faux !

 Et si Assad était, en fait, en train de gagner en Syrie !

 Le quotidien américain, le Wall Street Journal, citant des sources de renseignements américains, déclare,  je cite : « un nombre croissant de

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fonctionnaires des services secrets et le ministère de la Défense, estime que le président syrien Bachar al Assad, gagne actuellement grâce au soutien du Hezbollah, et qu’il est peu probable qu’il soit renversé dans un proche avenir » fin de citation. Malgré les déclarations péremptoires d’éminentes personnalités du monde occidental, annonçant la fin du régime basiste, il semble bien qu’il n’en est rien. Le Régime fait fi des injonctions des grandes puissances de l’Otan et des monarchies du Golfe.

 Comment expliquer que l’Occident se soit apparemment autant trompé ? Comment, en ignorant la réalité du terrain, on a oublié l’Histoire, en prenant ses désirs pour des réalités. Dans les insurgés, l’Occident a voulu voir d’authentiques démocrates, des indignés à la recherche de leur dignité, allant au combat, la fleur au fusil. La méconnaissance de l’histoire compliquée du Moyen Orient, laissait croire que les évènements syriens se résumaient à une lutte entre les Anciens et les Modernes, entre une dictature et un élan vers la démocratie.

 

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On a délibérément ignoré la rivalité entre le Baas laïc et les Frères musulmans  à l’islamisme confirmé. On a minimisé la rancœur des sunnites contre les Alaouites autour desquels s’agglutinent, chrétiens, druzes, minorités ethniques, tous rejetant tout totalitarisme religieux. En fait, on est en présence d’une guerre de religion qui ne veut pas dire son nom. N’a-t-on pas pour preuve, tous ces djihadistes qui ont accoururent participer à la mise en place d’un califat sunnite en Syrie. Le temps a travaillé et continue de travailler pour Bachar al Assad. Les Occidentaux hésitent de plus en plus à s’engager dans une guerre qui n’est plus la leur. Armer des djihadistes, combattre aux côtés des islamistes, cela n’est pas concevable pour Washington, Paris, Bruxelles ou Londres.

 Il faut admettre que l’attitude de certains insurgés qui mangent le foie de leur victime, qui égorgent les mauvais musulmans, qui terrorisent certaines populations, ne plaident pas vers un soutien aveugle.Les profondes divisions de l’opposition, le sort réservé aux chrétiens dans les zones dites libérées, l’islamisme virulent des katibas, ont été occultés trop longtemps.L’irruption des djihadistes dans ce qui au début a été un soulèvement populaire, a dénaturé cette révolution. En fait, ils ont été et sont toujours les alliés objectifs du Régime d’Assad en neutralisant des interventions extérieures.

 L’après Assad viendra un jour, mais il n’est pas pour demain.