Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
30 juin 2013

Peut-on encore rêver ?

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio

-----------------------------------------------------------------------------------------------------

 

v_rit_imaginaire

Pour certains, le rêve est une source d’énergie ou une échappatoire à la réalité du moment. On peut rêver et donner à rêver aux autres, à condition de n’avoir aucune responsabilité, si ce n’est celle d’ouvrir les portes de l’utopie et les chemins de l’espoir infini. En politique, cela s’appelle la manipulation. Encore faudrait-il savoir, soi-même, où on veut mener le troupeau. Se nourrissant de nos élans et de nos désirs, l’homme politique essaie de concilier l’inconciliable, marier les rêves à la réalité.

 C’est difficile de résister à l’air du temps, c’est difficile de tracer seul son chemin et rejeter le discours politiquement correct.Regarder la situation telle qu’elle est, hurler contre la dette monstrueuse que nous allons léguer à nos enfants, s’alarmer de la perte de l’idéal européen à travers l’oubli de ses thèmes fondateurs, hurler de nouveau contre les incohérences de la finance parallèle, cette finance de l’ombre qui croit et embellie, à l’abri de toute réglementation, ou si peu, C’est pour certain décourager les jeunes qui doivent rêver et croire. Faut-il les laisser croire aux grands sentiments qui animent les Nations les unes vis-à-vis des autres. Faut-il les laisser croire à l’amitié entre Etats souverains. Faut-il les laisser croire au désintérêt des hommes politiques, qui ne pensent qu’au bien de la Nation. Oui, on peut rêver, mais pas trop s’en faut, les Russes ont rêvé, il y a quelques décennies, cela les a enmené au totalitarisme le plus inhumain.

 L’auteur Nathanaël Dupré la Tour, nous dit dans son récent ouvrage, Au seuil du monde, « La conquête de la présence réelle au monde, la conquête de l’attention aux hommes et aux choses, est le premier pas vers la charité ». En regardant les choses avec lucidité, on se doit d’être charitable, mais d’abord avec soi-même. C’est en fait récupérer sa dignité que risque de nous faire perdre le culte de la normalité, appelée en politique le discours correct.

 Si le temps n’est plus, où il fallait lutter sans relâche contre l’illusion totalitaire, il nous reste à lutter contre les renoncements. Comment peut-on rester

images-1

muet devant les changements des structures de notre société dont la crise, les crises, ne sont que les soubresauts d’une structure dépassée par les transformations qui s’opèrent en elle. L’Europe est en train de devenir un boniment de foire au lieu d’assumer la position de puissance qui lui échoit. Le libéralisme a gagné la guerre contre le totalitarisme, il a gagné toutes les batailles, celles de la démocratie représentative, celles des règles du marché. Il a, par la libre circulation des hommes et des idées, donné naissance à la mondialisation.

 Mais le libéralisme est en train d’être dévoyé par les excès d’une certaine finance internationale, qui priorise la spéculation et les gains rapides, à l’économie réelle. Avons-nous joué aux apprentis sorciers en poussant les notions de liberté, liberté d’entreprendre, liberté d’acheter et de vendre, liberté d’investir, à l’absolu. Nous avons voulu le libéralisme pour l’économie réelle, mais pas pour les investissements dans le virtuel. Les événements que nous vivons nous enseignent que l’exercice des libertés a des limites, celui de l’intérêt général.

images

 Cette profonde mutation que vivent aujourd’hui nos sociétés doit rapprocher le monde politique du monde du travail, sinon nous irons vers un éclatement du politique, sa déconsidération, accompagné d’une crise morale majeure. Le phénomène de la mondialisation nous renvoie à nos racines et au concept national. C’est à ce niveau que les réformes de structures, que l’évolution des mentalités, que la prise de conscience de la nécessite d’une réglementation plus stricte de la finance vagabonde, s’imposent et pourront se réaliser.

 Depuis la deuxième guerre mondiale, les Etats Unis ont assis leur domination sur l’ouverture des marchés, les uns après les autres. Mais cette ouverture, d’autres s’y sont engouffrés et se sont développés pour devenir aujourd’hui des puissances avec lesquelles il faut compter. La Chine est sans conteste le parfait exemple de ces pays émergents qui ont fait leur, l’économie libérale avec sa loi du marché. Ils bousculent ainsi l’ordre établi et posent la question de la gouvernance du monde. Nous allons sans conteste vers un nouvel ordre mondial.  

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité