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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
16 juin 2013

L'Asie va-t-elle nous donner la prochaine crise ?

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio

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Obnubilés par les performances économiques de la Chine, admiratifs des résultats époustouflants de l’Indonésie, de la renaissance de l’économie japonaise, on considère que l’Asie est et sera la locomotive qui tirera l’économie mondiale et la sortira de cette crise qui ne finit pas. Beaucoup d’observateurs ont la conviction que la croissance asiatique reste robuste et que les derniers chiffres de la balance des paiements chinoise confortent une perspective plus positive de l’économie mondiale.

 En 2025, la classe moyenne mondiale sera pour moitié asiatique. Attention à ne pas interpréter la situation au travers du prisme de nos souhaits. Car l’économie de bulles a la vie dure, et la crise financière, puis économique, voire politique dans certains pays, n’est pas parvenue à l’éradiquer. La multiplication des liquidités voulue par les banques centrales, au lieu de s’orienter vers les investissements productifs, est allée vers les actifs financiers, en d’autres termes la spéculation, et explique l’euphorie actuelle des bourses, aussi bien américaines qu’européennes.

 A New York, le Dow Jones bat ses records, tout comme le CAC40 à Paris. Les encours des fonds indiciels cotés ont triplés pour atteindre 2000 milliards de dollars. Nous allons allégrement vers une crise bancaire dans les deux ou trois prochaines années. Elle viendra du système parallèle que les financiers appellent le shadow banking. Cette finance de l’ombre qui est peu régulée, peu taxée, croit chaque jour et représente aujourd’hui 40% des encours de la finance au niveau mondial.

 On pourrait limiter ce risque si les autorités compétentes, européennes, américaines et asiatiques progressaient rapidement dans plus de réglementation et de régulation de cette finance parallèle. Ce qui inquiète le FMI, le Fonds Monétaire International, c’est aussi le décrochage de l’Europe face aux Etats-Unis ainsi que le découplage du Nord et du Sud de l’Europe, notamment de la France et de l’Allemagne. Autre sujet d’inquiétude, la politique protectionniste que Bruxelles entend développer à l’égard de produits chinois, au lieu de procéder à une mise à niveau de l’industrie européenne, en particulier française.

Mais une autre crise, celle-ci économique et majeure, pourrait venir d’Asie. Tout comme à New York, Londres ou Paris, l’indice Nikkei au Japon, s’est

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envolé de plus de 80%, depuis novembre 2012, malgré la persistante mollesse de l’activité industrielle et des exportations. En Chine, l’activité ralentit à 7,5%, alors que la dette privée non bancaire culmine à 190% du PIB. En Indes, la croissance plafonne à 5% pour une dette privée de 80% du PIB.

 Dans les pays émergents, les bulles ont deux origines : l’une extérieur du fait des liquidités crées et déversées par les banques centrales, l’autre interne, avec le développement du crédit bancaire qui prétend piloter la conjoncture. Petit à petit, répétant les erreurs du passé, vont se trouver réunies les conditions d’un nouveau krach à moyen terme. Les banques centrales vont devoir, soit resserrer la liquidité avec le risque d’un retour de la récession, soit poursuivre la politique actuelle avec le risque de développer des bulles qui aboutiront inéluctablement à un nouveau krach.

 

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Le pire n’étant jamais certain, on peut s’en sortir peut-être. Il faudrait pour ce faire : diminuer progressivement la masse monétaire, surveiller le système financier et bancaire, en imposant des règles contraignantes de bonne gouvernance, imposer une coopération des banques centrales avec une véritable coordination de leurs politiques, rendre difficile, voir impossible la guerre des monnaies, particulièrement en Asie, lutter contre le protectionnisme, enfin accélérer les réformes des modèles économiques nationaux. On pourra alors aller vers le développement, la croissance et la réduction des tensions dues à la mondialisation.

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