La Communauté Internationale : Mythe ou réalité ?
La chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Mais que fait la Communauté internationale ? Le Liban frise l’éclatement de nouveau, l’Irak s’enfonce dans la violence, les différentes communautés religieuses s’entredéchirent au Pakistan, aux Indes, en Afrique.
Que fait la Communauté internationale ? Les Palestiniens continuent de souffrir, les Egyptiens de se chercher, les Libyens de se perdent dans la mosaïque des tributs. Que fait la Communauté internationale en Tunisie avec un pouvoir sans pouvoir ? Que fait la Communauté internationale pour arrêter le massacre du peuple syrien par son propre gouvernement ? Que fait, que fait, que fait ? La liste est longue des appels à cette mythique Communauté internationale. Elle semble être omniprésente et la clef de tous les problèmes.
Peut-être faudrait-il se poser la question : qui est la Communauté internationale ? Qu’entend-on par ce vocable si doux aux oreilles des citoyens ? La définition communément admise est un ensemble d’Etats influents en matière de politique internationale. Cette notion d’une communauté à géométrie variable n’a, par ailleurs, aucun fondement juridique.
En réalité, c’est la puissance économique mais surtout militaire des uns et des autres qui fait que l’on pense à tel ou tel pays, lorsque l’on parle de
communauté internationale. Suivant ses sensibilités ou illusions, on pense à L’ONU et son Conseil de sécurité, aux diverses organisations internationales, à l’Occident, l’Union européenne, l’Amérique et ne pas oublier la Ligue arabe. Une communauté se distingue par une communauté d’intérêts, de similitude, d’une même identité. C’est des Etats, unis par des liens économiques, politiques et j’en passe. On constate alors qu’il peut y avoir plusieurs communautés internationales.
Du temps de la guerre froide, les choses étaient claires, d’une part la communauté internationale dite l’Occident et d’autre part le bloc de l’Est. Depuis la chute du mur de Berlin, l’implosion de l’Union soviétique, l’avènement de la mondialisation et le développement des pays émergeants illustrés par les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, on est entrée dans un monde multipolaire.
L’ONU pourrait être une de ces Communautés internationales, mais elle est loin d’en présenter les caractéristiques, elle est, en fait, une association de bonnes volontés qui frisent parfois l’utopie et étale son impuissance. La vérité est que les appels à l’intervention de la Communauté internationale sont souvent un appel hypocrite aux Etats Unis d’Amérique, ou encore à l’ancienne puissance coloniale.
Il faut toujours garder à l’esprit : les Etats n’interviennent jamais par pur humanisme, mais par intérêt, à plus ou moins long terme. Exception faite des organisations internationales ad hoc, qui se signalent par des actions humanitaires, la plupart du temps, dans l’urgence. Alors quel rôle pour ces communautés internationales dans les pays du « Printemps arabe » ?
Pour la Tunisie, la Lybie et l’Egypte, tant que ces pays n’auront pas mis en place un gouvernement capable de maitriser les dérives de l’islamisme radical, tant que ces gouvernements n’auront pas démontré leur capacité à gérer l’économie du pays, à éradiquer ou tout du moins ramener la violence à un niveau acceptable, tant que les dirigeants actuels restent contestés par la rue, aucune communauté internationale ne voudra assumer un quelconque rôle dans le processus en cours. Il faut que les peuples concernés règlent leurs problèmes eux-mêmes pour qu’ensuite le rôle qu’on entend donner à cette communauté internationale puisse s’exprimer, bien entendu dans la sphère économique où en réalité on l’attend.
Pour la Syrie, trop de risques d’embrasement de la région, trop d’inconnues sur l’après Assad tétanisent les différents pays qui pourraient intervenir. Après les effets d’annonces des uns et des autres, après les multiples lignes rouges allégrement franchies par les belligérants, enfin une lueur d’espoir, avec la conférence prochaine à Genève, rendue possible par l’initiative américano-russe.
L’époque des expéditions coloniales est révolue et le refus d’ingérence politique une constante, mais la guerre reste une option, dans le cas où les intérêts des uns ou des autres