La chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Assaillis par les problèmes posés par la crise, submergés par les informations venues de toutes parts, inquiets des conflits armés et non armés, qui
agitent notre pauvre planète, le nez sur le guidon, on ne voit plus où nous mène cette route qu’est le monde en évolution. De temps à autre, il nous faut prendre le temps nécessaire pour se demander où il va.
Les services d’analyse de la NIC (National Intelligence Council), la cellule d’analyses et de prospectives de la CIA, tous les quatre ans, rendent public leurs conclusions et leurs vues pour les deux, voir les trois décennies à venir. Ce rapport a non seulement le mérite d’exister, mais nous oblige justement, à lever le nez du guidon et à se poser les bonnes questions. C’est l’humilité devant les faits, c’est une prise de conscience parfois brutale, c’est souvent la remise en cause de nos convictions.
Les bonnes nouvelles sont paradoxalement de mauvais augure. La classe moyenne va se développer mondialement avec une éradication de la grande pauvreté. Cette bonne nouvelle va s’accompagner d’une forte augmentation de la consommation et va générer des périodes de famine, et une explosion des problèmes d’accès à l’eau.
Au grand dam des écologistes, ce phénomène va accélérer la dégradation de l’environnement. Les performances médicales, l’éradication des lourdes maladies, vont inévitablement entrainer un vieillissement de la population, phénomène que l’on constate déjà dans les pays dits développés. Ce vieillissement s’accompagnera, ipso facto, d’un abaissement du niveau de vie. La multiplication des sites de production pétrolière, le développement de l’exploitation des gaz de schiste, va conduire les actuels pays pétroliers à leur ruine.
Le monde sera vraisemblablement plus ouvert mais de plus en plus difficile à gérer. Des pays comme le Nigéria, la Colombie, l’Indonésie, rejoindront le groupe des Brics, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et enfin l’Afrique du Sud. Les nouvelles technologies feront de l’homme, un citoyen plus performant, plus résistant et plus efficace, le contre point, c’est que cela sera aussi vrai pour les terroristes. La globalisation et l’interdépendance des systèmes feront qu’une seule personne pourra neutraliser, voir détruire notre environnement. Et les puissants de notre monde actuel, qu’est-ce-qu’ils deviennent ?
Dans l’économie mondiale, la part du monde occidental va passer de 56% à 25%. C’est la fin de cinq siècles de domination occidentale, le modèle actuel est terrassé par la crise, qui n’est ni financière, ni économique, mais plus vraisemblablement, une remise en question des fondements mêmes de la société actuelle. C’est un monde multipolaire qui s’installe avec son lot d’incertitudes et de déséquilibres. L’Amérique sera toujours là, omniprésente, mais plus toute seule. La Chine, par son devenir : maintien de la croissance, démocratisation, conflits régionaux, stabilité, de par les réponses qui y seront apportées, permettront peut-être à cette dernière d’imposer une nouvelle forme de société. À moins, à moins que les Etats-Unis soient capables de collaborer avec ces nouveaux acteurs, pour refonder un système international.
Ceci permettrait de maîtriser l’augmentation des risques de conflits inter-Etats, du fait des déséquilibres démographiques, alimentaires et militaires. L’Europe, quant à elle, à bout de souffle, se résignera-t-elle à un rôle de figurant ou ira-t-elle chercher un souffle nouveau à l’Est, voire plus loin.
Il est temps, peut-être, de se préparer aux mutations qui nous guettent, sinon, nous seront vieux et nous auront faim. Faut-il perdre confiance dans la civilisation dont nous avons hérité ? Il est vrai qu’on dit que le futur n’est jamais certain, mais il faut nous y préparer et y réfléchir dès maintenant. Qu’allons nous faire pour la liberté et la prospérité ? Qu’allons nous faire pour la sécurité et la justice sociale ? Qu’allons nous faire pour les Nations à la traine ? Il ne faut occulter aucun des problèmes qui pointent à l’horizon. Il faut appeler un chat, un chat, mais vérifier si ce n’est pas un loup.