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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
3 mai 2013

Amérique/Iran, je t'aime, moi non plus

Chronique politique du vendredi matin dans les Matins Luxe sur Luxe Radio

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Voilà maintenant plus de trois décennies que le bras de fer Iran/Etats-Unis dure. Plus de trois décennies que l’Iran est l’objet d’une véritable guerre de communication, de pressions et de sanctions du monde occidental mené par l’Amérique. Trois décennies que l’on refuse à un Etat souverain l’accession à l’arme nucléaire, la clef d’entrée à un club fermé, celui des puissances nucléaires. Est-ce dire que ces deux nations ne pourront jamais retrouver le chemin du dialogue et de l’amitié, dans le respect bien compris des intérêts de l’un et de l’autre.

L’Histoire, ce témoin imperturbable, nous rappelle qu’il ne faut jurer de rien. Les relations entre ces deux nations, dès le début du XIXe siècle, ont été marquées par la coopération, l’aide et l’assistance à un pays en mutation. C’est des missionnaires américains qui ouvrent les premières écoles modernes du pays dont la première pour les filles. C’est encore des médecins américains qui fournissent à l’époque, des services médicaux modernes. C’est encore des américains qui fondent la Faculté de médecine de l’université d’Orumich. Les Etats-Unis étaient alors considérés comme des alliés pour se libérer de la domination et de l’ingérence des Britanniques et des Russes dans les affaires iraniennes.

 Une véritable fascination à l’égard de l’Amérique est encore vivace, aussi bien chez le citoyen lambda que dans l’élite, qu’elle soit politique ou économique. On continue jusqu’à ce jour, à envoyer ses enfants étudier dans les universités américaines et s’y soigner. L’arrivée de l’Ayatollah Khoméini au pouvoir n’a pas éradiquer cette fascination et la résistance au dialogue, du régime des mollahs s’est construite sur la conviction que le nucléaire était un prétexte pour mettre fin au régime des ayatollahs.

 Avant la Révolution iranienne, les Etats-Unis étaient le premier partenaire économique et militaire de l’Iran et contribuaient grandement à la

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modernisation, peut-être un peu trop rapide, de ses infrastructures et de son industrie. Cela laisse des traces. Les tensions entre Washington et Téhéran devaient avoir une fin, et il semble que ce moment est arrivé. Les déclarations répétées du Guide suprême, l’Ayatollah Khamenei, réfutant le désir de l’Iran de se doter de la bombe atomique, la toute récente déclaration du même Khamenei, relayée par les caciques du pays, disant que l’Iran est prête au dialogue direct avec les Etats-Unis, le prouvent.

 Téhéran devait donner des preuves de la sincérité de sa volonté de dialogue. Comment le faire si ce n’est en changeant de dialectique à l’égard d’Israël. C’est chose faite : Akbar Hashemi Rafsanjani, l’ancien et toujours influent président iranien a déclaré que l’Iran n’est pas en guerre avec Israël et nous ne sommes pas désireux d’y aller. Il n’est pas seul à s’inscrire à l’opposé des remarques anti-israéliennes du président Mahmoud Ahmadinejad. D’autres, comme le maire de Téhéran Mohamed Bagher Ghalibat, déclarent que les remarques antisémites du président de l’Iran, et notamment la négation de la Shoah, avaient causé des dommages immenses à l’Iran. Ces déclarations, qu’elles soient reprises par toute la presse iranienne, soulignent qu’il ne s’agit pas  d’initiatives personnelles mais d’une action concertée avec la plus haute autorité du pays. C’est ainsi que

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Téhéran et Washington se sont mis d’accord pour entamer des négociations directes, officiellement, uniquement à propos du programme nucléaire iranien. Nul doute que l’Irak, la Syrie et d’autres soucis régionaux seront sur la table. A la demande de l’Iran, ces négociations commenceront après l’élection présidentielle. L’Amérique et l’Iran sont plus que jamais condamnés à s’entendre. La poursuite du bras de fer est dangereuse pour la stabilité du Liban, de la normalisation de l’Irak et dans la recherche d’une solution en Syrie. Au Moyen-Orient un affrontement américano-iranien serait un jeu où tout le monde perd.

 Régionalement, à long et moyen terme, l’Iran a besoin de l’Amérique et l’Amérique a besoin de l’Iran.  Pour le développement de son industrie pétrolière, la technologie américaine est indispensable à Téhéran, Pour son économie exsangue, l’Iran a besoin de la fin des sanctions. Politiquement, Washington a besoin de l’Iran pour contrer l’expansion du wahhabisme, cet islam sunnite radical, ennemi de la civilisation américaine. Une Amérique qui n’a plus besoin de ménager ces pays du golfe du fait de son indépendance énergétique retrouvée. C’est l’axe Iran/USA qui va peut-être apporter les solutions dont souffre la région du Moyen-Orient, incluant l’Irak et la Syrie.

 

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