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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
8 février 2013

La guerre des monnaies a commencé

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio

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La zone euro est sauvée, mais la guerre dollar/euro, a-t-elle pris fin ? La forte hausse de la monnaie unique européenne, peut laisser croire que les attaques contre l ‘euro ont cessées et la zone sortie de la tourmente. Les mesures d’austérité prises un peu partout ont logiquement plongé l’Europe dans la récession. A l’absence dramatique de croissance, elle va ajouter un nombre sidérant de chômeurs. D’autres pays sont confrontés aux mêmes problèmes et cherchent le salut dans une manipulation des cours de change de leur devise nationale.

  La décision du Japon de laisser filer le Yen a relancé la guerre des monnaies, il faut le dire. Monsieur Shirakawa, gouverneur de la banque du Japon, sous la pression de son gouvernement, marque ainsi un changement de cap, aussi brutal qu’inattendu. Tokyo conduit une politique de protectionnisme monétaire en vue d’une dévaluation compétitive, c’est à dire, crument, une véritable guerre des changes, pour donner plus de compétitivité à son industrie. Cette politique aboutie, pour le Japon, à un choc de croissance et à un formidable soutien des exportations.

 Les Etats-Unis ne sont pas en reste, qui laissent la machine à imprimer les dollars, tourner à grand régime. A leur tour, d’autres pays vont faire entrer leur monnaie dans le jeu de la dévaluation compétitive, exacerbant le mouvement de dépréciation généralisée des monnaies. La Chine, Hong Kong, la Corée, la Malaisie et même le Brésil manipulent déjà leur monnaie. Tous les pays dont la croissance repose sur l’exportation, sont tentés de rentrer dans ce cercle infernal. Le résultat donne un euro qui ne finit pas de s’apprécier contre le Yen et le Dollar. Il monte progressivement depuis juillet 2012.

 Mauvais temps pour la compétitivité de l’industrie européenne, spécialement pour les pays du sud, la France, l’Espagne et l’Italie, qui voient leurs

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exportations se renchérirent. Une appréciation de l’euro de 10% par rapport aux autres devises, se traduit, pour la France par exemple, par un recul significatif de la croissance, de l’ordre de 0,5 point par an. Un euro qui passe en quelques mois de 1,20 à 1,36 dollar, entraine mécaniquement la disparition de 50.000 à 100.000 emplois. Le plus grave, c’est que cette guerre des monnaies risque d’annihiler les efforts de redressements entrepris dans la zone euro, spécialement en France, Espagne, Italie, Grèce et Portugal.

 L’Euro fort, c’est l’affaiblissement de ces pays qui se voient imposer plus de réformes, plus d’efforts de compétitivité et ce dans l’urgence. L’euro fort, c’est en l’état actuel de l’économie européenne, l’austérité sans fin, avec un budget européen au rabais.

 Le Maroc aussi va être, ipso facto, atteint par le renchérissement de l’euro, en l’état actuel du « panier ». Le dirham va s’apprécier, au grand dam de nos exportateurs. Il faudrait peut-être songer à revoir la composition de ce « panier » de référence, avant qu’il ne soit trop tard. On dit que le bruissement des ailes d’un papillon en Amazonie peut donner naissance à un ouragan en Chine. Ceci illustre parfaitement la situation d’aujourd’hui où le japon laissant filer sa monnaie, risque de proche en proche, d’accentuer le déficit de la balance commerciale du Maroc.

 Qui a dit que chaque pays était souverain et indépendant, dans cette économie mondialisée?

 

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