Centième chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio.Véritable tour d'horizon géopolitique sur l'état du monde qui s'imposait en ce début de l'année 2013.

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S’il y a eu une fin du monde, c’est bien celle du monde de nos ainés. Cependant les politiques continuent à mesurer leurs orientations à l’aune de standards d’un passé révolu. La mondialisation, la formation et l’information des citoyens, ont remis en cause les formes de gouvernance des Etats et du leadership des peuples. Le monde change et continu de changer, avec une accélération continue qui laisse sur le bas-côté du chemin, des pans entiers des sociétés, un peu partout dans le monde. Ceci bouscule les politiques dans leurs convictions, leur jugement de la chose publique et la manière d’y faire face.Notre environnement change continuellement, avec le réveil ou l’apparition de nouvelles puissances, oubliées ou inattendues de sitôt.

 La Chine, ce monstre assoupi jusqu’alors, s’est réveillée, et avec lui un milliard et demi de chinois qui réclame leur part du Nirvana du monde moderne. Le Japon a pris la mesure de sa vulnérabilité devant les éléments quand ils se déchaînent. Il reste l’un des maillons faibles de l’économie mondiale avec l’Europe.Les pays riverains de la mer de Chine, se développent tout en surveillant les tentatives d’hégémonie de leur puissant voisin chinois.

L’Australie et la Nouvelle Zélande, poursuivent leur développement et leur adaptation aux temps nouveaux, dans la discrétion mais non sans efficacité. L’Afrique ne finit pas de se réveiller aussi bien à l’économie qu’aux réalités démocratiques, avec beaucoup de mal et soubresauts. Il lui faudra venir à bout du terrorisme islamique.

Les Etats d’Amérique du Sud poursuivent, cahin-caha pour certains, leur développement, avec une montée du populisme qui fait craindre une explosion sociale et des changements drastiques dans les formes de gouvernance. Les Etats-Unis sont à une croisée de chemins, soit le maintien de leur puissance aux frais du reste du monde qui commence à renâcler, soit, tout doucement, progressivement, s’assoupir comme le fit la Chine des Qing, il y a trois cents ans, à l’avènement de la révolution industrielle. Il n’en reste pas moins vrai que leurs atouts restent prometteurs. Ils sont en train de modifier la hiérarchie des grands pays producteurs d’or noir, par l’essor, chez eux, des hydrocarbures non conventionnels, entendez par là le pétrole de schiste, et la montée en puissance de leur production de gaz et du pétrole fossile. Cette indépendance énergétique nouvelle, leur impose une complète remise à plat de leurs stratégies géopolitiques et la révision de leurs alliances. Ils devront consolider leur relance par la reconstruction de leur appareil productif, la baisse du coût du travail et de l’énergie. Ceci est vrai également pour l’Europe.

 L’Angleterre est en train de prendre la mesure des limites de l’ile dans le concert des Nations, particulièrement dans l’Union européenne. Au-delà de la

imagespolitique politicienne, ses gouvernants réaliseront-ils que le Royaume Uni a besoin de l’Europe, par contre, l’Union européenne peut se passer de celle qu’on appelait « la perfide Albion ».

 L’Europe, l’enfant chéri et gâté du reste du monde, donne à croire  que le syndrome de Stockholm a frappé tous les pays décolonisés. Elle se cherche, en s’accrochant au passé et ses périodes de grandeurs, c’est vrai particulièrement pour la France. Si l’Union européenne a écarté les risques d’éclatement de la zone Euro, elle demeure sinistrée en terme de croissance. C’est la France qui constituera, en 2013 le risque premier  pour cette zone. L’Irlande pourrait être ce moteur de relance économique que l’Europe cherche. Faut-il le répéter, la réalité du problème français est l’effondrement de son appareil productif qui touche l’ensemble des secteurs d’activité, et l’importance des non productifs, fonctionnaires entre autres, par rapport aux productifs. La Russie, quand à elle, poursuit sa renaissance économique et diplomatique en attendant un jour, plus ou moins lointain, de rejoindre l’Union  européenne. Elle est de moins en moins celle que Winston Churchill définissait comme « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme. »

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 Le monde arabe se réveille à son tour, non sans drames et crises. Le chemin de la démocratie est plein d’embuches et le développement économique exige des investissements étrangers qui ne viendront pas sans l’assurance d’une paix sociale, d’une stabilité politique et d’un Etat de droit. Ce n’est pas non plus 2013 qui verra le Moyen Orient en paix avec la fin du conflit israélo-palestinien. Le monde arabe recommencera à rayonner lorsqu’il aura intégré cette notion essentielle qu’est le long terme, et apuré sa guerre religieuse entre les islamistes radicaux et les modernes. Il n’y a pas de printemps arabe, mais un réveil des peuples arabes, chacun à leur manière, pour plus de justice sociale, de démocratie et de dignité. C’est un long chemin qu’ils viennent d’emprunter, plein d’embuches et de larmes.

 L’année 2012 a permis de conjurer plusieurs risques de rupture qui menaçaient l’économie mondiale, mais rien n’a été pour l’heure définitivement résolu. Le monde bouge, change et nous bouscule dans nos habitudes et nos formes de pensées. Souhaitons que les partis politiques, les hommes de pouvoir et nos gouvernants en prennent conscience.