Assad veut écraser la révolte
Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Le drame syrien continue, et il est loin de finir. Assad est décidé à combattre jusqu’au dernier alaouite, quelque soit le prix à payer par une population prisonnière du conflit. Cette guerre civile a déjà fait plus de 30.000 morts, près d’un million de déplacés et les refugiés au delà des frontières, représentent plus de 250.000 personnes.
Le régime a mis en place dans les petites villes et villages, des comités de défense populaire qui suppléent à l’armée régulière, dès que celle-ci, après avoir écrasé sous les bombes des quartiers entiers, se retire. Pour renforcer sa défense, le régime a rappelé plus de 2000 réservistes de la garde républicaine, des spécialistes des missiles et des transmissions. Depuis six mois, des dizaines de milliers de jeunes alaouites, sont entrainés à la guerre urbaine par des instructeurs iraniens et russes. Il faut noter, que la montée en puissance des islamistes radicaux chez les insurgés, a créé un changement psychologique au sein d’une armée, cimentée pour combattre deux ennemis, les barbus d’abord, puis Israël. Les soldats, conscients de cette menace islamiste, sont motivés pour se battre, aux dires de nombreux témoins sur place. Ils considèrent qu’ils se battent pour leur survie, et que les insurgés ne leur feront pas de cadeaux.
Depuis que les durs du clan Assad ont pris le dessus, tous les moyens sont bons pour écraser la rébellion. Comités de défense populaire, mobilisation des unités d’élites, appel à des milliers d’alaouites, chars, engins blindés, aviation, hélicoptères de combat, infiltration des mouvements d’opposition, tout est mis en œuvre pour venir à bout de ce soulèvement. Le régime joue sa survie, et l’appui de l’Iran et de la Russie, fait qu’Assad considère qu’il n’a d’autres choix que d’enfoncer chaque jour, un peu plus, le pays dans le drame et la désolation. Certes, Assad doit partir, et il partira, mort ou vif, mais combien encore de morts le peuple syrien devra subir ? Le président tunisien a qualifié Bachar al-Assad de « dictateur sanguinaire, véritable Néron capable de détruire l’ensemble du pays pour rester au pouvoir. » Des pays arabes ont débattu dernièrement à l’ONU d’une éventuelle intervention militaire arabe. Cette guerre civile, opposant la minorité alaouite au pouvoir à une population sunnite, exacerbe les divisions confessionnelles dans le monde arabe, notamment entre le croissant chiite, à savoir l’Iran, l’Irak, la Syrie et une partie du Liban et le reste des pays arabes sunnites, emmenés par l’Arabie saoudite et le Qatar.
Il ne faut pas écarter l’éventualité d’une défaite des insurgés. Mais la communauté internationale ne le permettrait pas. Aussi, s’il devenait claire que la
rébellion était en train de perdre la partie, alors, et alors seulement, une intervention militaire directe, pourrait prendre place. En tout état de chose, aucune intervention ne pourra être envisagé, sans l’implication des Etats Unis. Pour le moment, la campagne électorale présidentielle ne permet aucune initiative belliqueuse de la part de Washington. Tous les experts militaires s’accordent à dire : c’est de l’intérieur que l’on abattra le régime. En dernier ressort, Assad tentera d’embraser toute la région. Malgré les derniers incidents frontaliers syro turc, la vérité est qu’une intervention militaire en Syrie, n’est pas pour demain.