Les ratés du printemps arabe
Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio
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Il aura suffit d’un prétendu film de propagande outrancier, pour enflammer la rue arabe.
Oubliés, les Américains et les Européens qui se sont tenus aux côtés des mouvements révolutionnaires, allant jusqu’à s’engager militairement, pour aider au renversement du despote de Tripoli et d’ailleurs.
Oublié, le discours du Caire d’Obama, tendant la main au monde arabe.
Oublié, ce symbole d’une fraternité de lutte qu’était devenu ce diplomate hors du commun, Chris Steven. Arabisant passionné, il avait partagé les angoisses des habitants de Benghazi durant l’interminable été 2011.
Oublié, les millions de dollars versés pour aider les populations arabes en Palestine, en Egypte, en Lybie, au Yémen et ailleurs.
Il aura suffit d’une poignée de fanatiques irresponsables pour déclencher la colère de la rue arabe. Envers qui ? Envers le bouc émissaire idéal, les
Etats-Unis. En vérité, la rue arabe est une bombe à la disposition de tous les extrémistes, qui explose à la demande, pourvu qu’on lui donne une cible, de préférence américaine, et des slogans simples et mobilisateurs, comme défendre l’Islam et son prophète. On peut constater aujourd’hui, comment il est facile de jeter à la rue des hordes d’excités, partout dans le monde. On constate une fois de plus, les manipulations d’une frange islamiste qui s’emploie depuis longtemps à confisquer l’Islam.
Les salafistes n’aiment pas ces transitions politiques qui se sont déroulées dans un cadre démocratique. Ces djihadistes n’aiment pas ces révolutionnaires qui les ont privé de discours comme de programme. Cette solidarité nouvelle, entre occidentaux et enfants du printemps arabe, est considérée par ces mêmes djihadistes, comme une menace mortelle pour leur mouvement. C’est cette communauté d’idées, que des prêcheurs de haine outre-Atlantique et des terroristes en Cyrénaïque et ailleurs, s’efforcent de briser. Les outrances que représente cette immonde vidéo, sont l’œuvre de groupuscules qui ne manient d’autre arme que celle d’une propagande haineuse et d’une provocation voulue, aux conséquences violentes souhaitées.
C’est dire, si les manifestations auxquelles nous assistons, comblent d’aises ces provocateurs. Dans le contexte actuel, l’intolérance et la xénophobie prospèrent, et on blâme facilement des boucs émissaires, entre autres, l’Amérique. Après le printemps arabe, avec la mondialisation, on arrive à un carrefour, où les choix sont clairs, soit l’instauration de la démocratie, qu’il faudra défendre coûte que coûte, soit y renoncer pour un temps ou à jamais. L’incertitude qui ronge de nombreux pays, la mauvaise gouvernance qui prévaut dans beaucoup d’autres, font le lit de l’extrémisme et de la paranoïa politique.
Une infecte vidéo, des violences inexcusables, me donnent à paraphraser Tocqueville, si la loi permet au citoyen de tout faire, au moins que la morale lui défende de tout oser.