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Gabriel Banon, Politiquement Incorrect.
31 août 2012

L'après Assad a déjà commencé

Chronique politique du vendredi matin des Matins Luxe sur Luxe Radio

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Oui, Assad est encore là et il continue à tuer son peuple. Oui, des morts s’ajoutent aux morts, et les divisions éclatent au grand jour.Mais les craquements de la fin prochaine de la maison Assad sont de plus en plus forts. Le régime se désintègre à vive allure. Chaque partie, et elles sont nombreuses, prend date et avance ses pions. Nul doute que la chute programmée du dictateur syrien va avoir des conséquences, importantes et prévisibles, aussi bien pour son pays que pour l’ensemble de la région.

 Washington a d’ores et déjà, mis en place des cellules de crise, tant au département d’Etat qu’au Pentagone, qui, non seulement suivent en temps réel les évènements, mais également étudient les divers scénarios possibles de l’après Assad. Les stratèges des task forces du Président américain, essayent d’anticiper les événements et prennent d’ores et déjà leurs dispositions. Ils préparent une transition qui risque, malgré toutes les précautions, d’être chaotique. L’opposition syrienne a réunie en Allemagne, quarante cinq intellectuels et experts syriens pour plancher sur l’après-Bachar al-Assad. Ils ont rédiger un texte d’une centaine de pages, qui a le mérite d’exister. Il prévoie une Assemblée constituante élue qui aura à proposer un régime présidentiel, parlementaire ou un régime mêlant les deux systèmes, inspiré de la Constitution syrienne de 1950.

 Tous les protagonistes ont leur agenda et parfois doivent procéder à des révisions douloureuses. La Syrie, mosaïque communautaire complexe, ne pourra pas éviter une explosion de violence sectaire. La majorité sunnite, radicalisée par la répression, travaillée par les groupes jihadistes, voudra prendre sa revanche et le risque de représailles sanglantes est grand. L’Arabie saoudite et le Qatar d’un côté, l’Iran de l’autre soignent leurs alliés syriens, et par groupes de combat interposés, jouent leur partition. La nouvelle donne qui se dessine, fera de l’Iran le grand perdant et posera des problèmes majeurs au Hezbollah. Sans la Syrie, chainon essentiel de l’arc chiite, l’Iran se verra coupé du Hezbollah chiite, après avoir perdu le Hamas sunnite, récupéré par les Frères musulmans d’Egypte.

 Le gouvernement turc, quant à lui, navigue inconfortablement entre son soutien aux rebelles, la gestion des refugiés et les Kurdes qu’il combat. L’arrivée massive des refugiés estimés pour l’heure à 200.000 risquent de déstabiliser plusieurs Etats de la région : la Jordanie, le Liban, et outre la Turquie, poser des problèmes à Israël qui se prépare à en recevoir au Golan. On aura remarqué l’extrême prudence du gouvernement israélien en la matière. La crise syrienne peut lui être dangereuse dans tous les cas de figure. Le contexte régional stratégique dans lequel évolue Israël est en pleine mutation. Si le régime syrien se maintient, la sécurité d’Israël au nord sera assurée, s’il tombe, cela marquera l ‘affaiblissement de l’ennemi iranien et son affidé, le

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Hezbollah.

 La crise syrienne attise également le feu qui couve au Liban, devenu un véritable volcan. Elle pose des questions existentialistes au Hezbollah : devra-t-il négocier son désarmement et devenir le grand parti politique du Liban, devra-t-il au contraire chercher l’affrontement et faire une OPA sur le pays, avant de subir l’affaiblissement inéluctable du fait de la perte du soutien de Damas ? Le Hezbollah n’est pas seulement un relai de l’Iran et de la Syrie d’Assad, mais également un parti politique qui exerce une influence considérable. Il lui faudra choisir. A l’échelle internationale, la Russie aura fait un mauvais calcul en soutenant, contre vents et marées, Bachar Al Assad. Elle se retrouvera à la case départ dans sa quête à récupérer sa stature de grande puissance dans le monde arabe.

 Une chose est certaine, le Moyen Orient ne sera plus le même, et les stratégies des uns et des autres, à repenser complètement.

 

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